De manière réaliste, parfois cynique, les données sont uniques et irremplaçables. De plus en plus, les entreprises qui savant les exploiter pourront se différencier. Etat des lieux du Cigref.

La donnée est devenue l’un des principaux actifs de l’entreprise, est unique et irremplaçable. Alors que le capital, les ressources humaines, les clients, les processus et le système d’information peuvent être remplacés. Mais la problématique que l’on connaissait à complètement changée avec l’arrivée des big data. Dans la présentation de son plan numérique (Accor fait sa révolution numérique), Stéphane Bazin, le pdg du groupe hôtelier rappelait la problématique des entreprises face aux données : 4 % des entreprises savent très bien utiliser les données, 16 % en collectent beaucoup et les 80 % restant ont des données mais qui sont de type « commodities » c’est-à-dire ayant une faible valeur. Il ne s’agit donc pas seulement de collecter des données, il faut que ces données aient une quelconque valeur et que l’on puisse les exploiter.

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Une des facettes de l’indice Global Technology Adoption Index[1] (GTAI) publiées par Dell confirme cette situation encore un peu tendue : les entreprises ne savent pas quoi faire des données. Tandis que 6 entreprises interrogées sur 10 déclarent disposer de métadonnées analysables, seules 40% comprennent comment extraire de la valeur du Big Data et s’y emploient. Et d’ailleurs, le big data ne revêt pas le même caractère prioritaire que la sécurité, le Cloud et la mobilité.

Si l’efficacité des applications marketing est démontrée (35%) et la sécurité (35%), ce sont avant tout des considérations de coûts et de sécurité qui bloquent les projets d’analyse du big data. Les principaux obstacles à la mise en place de stratégies d’analyse du big data sont les coûts d’exploitation (34%), le manque de soutien de la direction (22%) et le manque de compétences techniques (21%).

Parmi les autres constats  sur le big data, cette enquête indique aussi que :

– Les données opérationnelles constituent le type de données le plus communément utilisé : 67 % des entreprises déclarent analyser leurs données opérationnelles; les données CRM (47 %), celles relatives aux ventes (39 %) et les données sociales (34 %) sont les autres types de données les plus utilisés.
– Les entreprises considèrent qu’elles n’exploitent qu’à peine plus de la moitié du potentiel que représentent l’ensemble des données disponibles.
– Les industries telles que les services financiers (57%), la santé et les Télécoms (56% les deux) sont plus susceptibles de tirer profit du Big Data que d’autres.

Les auteurs du rapport confirme ce diagnostic, « L’information ne constituera une nouvelle richesse pour l’entreprise que si on sait l’exploiter et la valoriser. Une donnée peut être vue comme un actif numérique dès lors qu’elle comporte un potentiel de création de valeur pour l’entreprise. La question qui se pose est donc bien de savoir comment on optimise l’exploitation de ses données pour créer de la valeur. […] Il existe plusieurs manières pour une entreprise de tirer de la valeur de ses données, qu’elle soit financière ou pas. Dans tous les cas, il faudra s’appuyer sur une bonne maîtrise du cycle de vie de la donnée […] Cette démarche d’entreprise implique la fonction SI autant que les Métiers, et devrait être pilotée en interne par une instance dédiée ». On retourne d’ailleurs à l’appellation d’origine des DSI qui mentionne bien l’information et les systèmes qui les supportent.

Le rapport Enjeux business des données – Comment gérer les données de l’entreprise pour créer de la valeur ?propose une méthodologie de gestion des données, avec des exemples concrets de mise en œuvre et de bonnes pratiques, une ouverture sur une démarche de valorisation des données, mais se veut aussi pratique en proposant un outil d’auto-évaluation de la maturité des entreprises en matière de gestion des données.

Le rapport est organisé en deux grandes parties : la première concerne les aspects techniques que l’on connait depuis longtemps avec les démarches data warehouse/data marts, le seconde a trait à leur valorisation. Le rapport cite une étude de l’OCDE[2] qui identifie cinq porteurs de création de valeur :

– Amélioration de la recherche et développement ;
– Création de nouveaux produits basés sur la donnée ;
– Optimisation des processus de fabrication ;
– Optimisation du marketing ciblé ;
– Amélioration des approches managériales.

Tout ça pour faire quoi ? Au final, il s’agit tout simplement de prendre de meilleures décisions pour améliorer la position de l’entreprise. L’objectif reste le même, ce sont les moyens qui changent.

 

Valoriser les données pour quoi faire ?
– Identifier le potentiel stratégique des données et l’impact sur le modèle d’affaires de l’entreprise (créer de nouveaux produits et services) ;
– Améliorer la connaissance (du client, de l’écosystème, …) ;
– Définir la potentialité de partage de valeur avec les partenaires (question de la rente) ;
– Vérifier la transversalité de la donnée (une donnée sera d’autant plus valorisée qu’elle peut être utilisée de manière pertinente dans différents
contextes : quelle efficience interne ? comment intégrer l’efficience externe ?) ;
– Améliorer la prise de décision et la gestion en temps réel : réactivité, anticipation, assimilation, proposition de valeur ;
– Se différencier par l’éthique des usages et la RSE [3] (différenciation dans les usages, l’éthique pouvant être une source de création de valeur).

 

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[1] Pour développer l’indice GTAI, Dell a chargé TNS de mener des enquêtes quantitatives et des entretiens qualitatifs auprès de décideurs informatiques du monde entier. 2 038 employés d’entreprises de taille moyenne, du public et du privé, représentant huit secteurs industriels et réparties dans 11 régions du monde, ont été interrogés de façon à permettre une analyse en profondeur par secteur ou par région. L’enquête a été menée entre le 15 juillet et le 2 septembre 2014, et présente un indice de confiance de +/- 2,2 %.

[2] OECD (2013), “Exploring Data-Driven Innovation as a New Source of Growth: Mapping the Policy Issues Raised by « BigData »”, OECD Digital Economy Papers, No. 222, OECD Publishing. http://dx.doi.org/10.1787/5k47zw3fcp43-en

[3] Responsabilité sociétale des entreprises