Fondateur et PDG de Jamespot, Alain Garnier défend avec passion une vision claire de l’avenir numérique français. Son entreprise fête ses 20 ans cette année. Il est l’invité de la semaine de Guy Hervier pour non seulement revenir sur son activité d’éditeur français mais également nourrir une réflexion plus large sur la souveraineté numérique française.
Au cœur de la proposition de Jamespot se trouve une ambition fondamentale : « régler la question de la communication et la collaboration dans l’entreprise » en « remettant l’humain au cœur » des systèmes d’information. Avec 50 salariés, 350 clients et plus de 400 000 utilisateurs, Jamespot s’est imposé en proposant une alternative aux géants américains dans l’univers du « collaboratif ». Son offre s’articule autour de trois piliers complémentaires :
– Le réseau social d’entreprise pour briser les silos organisationnels,
– L’intranet nouvelle génération, plus intuitif et autonome,
– Les solutions collaboratives souveraines pour la productivité.
« Ce que veulent les entreprises, ce que veulent les employés […] c’est du sens et du collectif. Nous, on amène aussi un vrai changement par rapport à ça » explique notre invité. Cette différenciation se traduit notamment par une approche No-Code pour les intranets : « On a donné la capacité aux gens de la com’ interne d’être autonomes dans leur gestion de l’intranet […] c’est devenu aussi facile que de faire un PowerPoint. »
Et bien sûr, l’IA vient moderniser cette approche du travail collaboratif. L’intégration de l’intelligence artificielle chez Jamespot se traduit par trois approches : la « Baguette Magique » pour l’aide à la création de contenu, « Mister Smith » pour les chatbots contextualisés, et les « extra-bots », agents autonomes déclenchés par des événements spécifiques. « Des agents IA viennent au milieu de processus humain, et ça va tout changer », prédit notre invité.
Parallèlement, face à la domination des acteurs américains sur le marché des outils collaboratifs, Alain Garnier a orchestré la création de CollabNext, un consortium d’entreprises françaises offrant une alternative souveraine complète. « Pendant des années, on nous a dit que les solutions souveraines, ce n’est pas possible parce qu’il n’y a pas d’alternative, ça n’existe pas. Et donc là, on a une dizaine d’acteurs qui disent, regardez, on existe, on est là. »
Cette initiative s’inscrit dans le cadre du plan France 2030 et propose une offre modulaire et intégrée, du IaaS au SaaS, avec un point d’entrée unique pour les clients : « CollabNext est vendu et distribué par Jamespot, point. Nous sommes l’interface et le support de premier niveau ».
Militant de longue date pour la souveraineté numérique, Alain Garnier considère que nous assistons en ce début d’année 2025 à un tournant décisif : « Moi, je pense qu’on vient de changer de moment. […] Tout arrive au même moment, les acteurs comme le CIGREF, qui étaient un peu réservés aussi sur ce sujet-là, le CAC 40 étant mondialisé, n’ont pas envie de prendre de risque avec cette question de souveraineté numérique. »
Le Contrat Stratégique de Filière « logiciel et solution numérique de confiance » annoncé par le gouvernement français récemment marque selon lui une étape cruciale, bien que le véritable test sera la concrétisation des commandes : « Il n’y a pas d’amour, il y a une preuve d’amour. Et dans le business, c’est les commandes ».
Et notre invité d’en appeler à l’action collective : « Chacun doit faire un pas, et oser prendre dans sa stack technique un élément logiciel français et se dire, à court terme, je vais basculer quelque chose en souveraineté européenne… La diversité numérique est une vertu dont on va découvrir les bienfaits dans les années à venir. »