Le ministre de l’intérieur au Forum international de la sécurité  (FIC) qui se déroule à Lille a successivement lancé le permis Internet, rappelé les évolutions de la loi de programmation militaire et souligné les impacts du cybercrime sur les PME. 

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En compagnie de Pierre de Saintignon, Vice-Président du Conseil Régional Nord-Pas-de-Calais et du général Marc Watin-Augouard, Manuel Valls a remis pour la première fois le Permis Internet à une classe de CM2. Il  fait partie des actions de prévention de la Gendarmerie nationale pendant le temps scolaire et sera intégralement financé par AXA Prévention. Il comporte un examen de 10 questions sur les usages et les risques du web pour les enfants, et des conseils pour leurs parents.

Lancé dans 38 départements en décembre dernier il sera étendu à l’ensemble de la France en 2014. Bien des syndicats se sont montrés méfiants à l’encontre de cette mesure qui  montre le coté interdit de l’internet en culpabilisant d’emblée, a priori, parents et enfants au lieu de favoriser une approche très positive. Certains syndicats de parents d’élèves s’étonnent surtout qu’un assureur, AXA, entre par la grande porte dans les écoles avec une légitimité contestable. L’assureur surtout s’infiltre dans les familles dans la mesure où il vendra à terme des produits d’assurance cyber avec l’appui du gouvernement.

Mais les partenariats public privé (PPP), souvent critiqués lors du quinquennat sont peut être un moyen de relancer une économie en berne ? En Octobre 2012, le ministre du budget, Jérôme Cahuzac avait déclaré sur les PPP : « ils coûtent trop cher sur le long terme et c’est une façon de masquer l’impécuniosité de l’état ».

2013 , renforcement de l’arsenal juridique

Pour Valls, depuis le FIC de l’an passé, la lutte contre le cyberterrorisme  s’est accélérée en grande partie  grâce aux décisions politiques comme l’évolution de la loi de programmation militaire. : « En matière administrative, l’article 20 de la LPM est venu combler un cadre juridique lacunaire. Il donne désormais un fondement clair à l’ensemble des demandes de données de connexion, qui peuvent être effectuées par tous les services de police et unités de gendarmerie, dans le cadre strict des finalités de la loi de 1991. »

La coopération internationale comme la création, à la Haye aux Pays Bas, au sein d’Europol, du centre européen du cybercrime, de même que les formations sur la cybersécurité, se sont multipliées et en particulier sous l’influence de la gendarmerie , de l’Epita et de l’Université de Troyes : « la France s’est doté d’un arsenal sécuritaire d’avant-garde ». Dans son Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale française, le gouvernement érige la cyberdéfense au rang de priorité nationale. Les cyber-risques figurent dans le « top 3 » des menaces et le cyberespace est considéré comme le 5ème espace de bataille.

La bataille pour les entreprises

Enfin dans un troisième temps, le ministre a mis en avant la protection des entreprises, un sujet souvent traité de manière secondaire au regard de l’importance donnée à la défense des individus et de l’Etat . « Je sais que les attentes les plus grandes à l’égard de l’action de l’État viennent des entreprises, qui demandent une protection efficace contre les atteintes aux systèmes d’information, les fraudes, l’espionnage industriel. »

« Et il y a urgence ! Par exemple, en décembre, dans deux régions françaises, deux PME ont été victimes d’escroqueries aux faux ordres de virement pour des montants respectifs de 480 000 € et 450 000 €. Pour l’une d’entre elles, les escrocs ont pris la main sur le système d’information de la société pour finaliser la transaction. Depuis 2011, ce type d’escroquerie représente un préjudice estimé à plus de 200 millions d’euros pour les entreprises françaises. Ce chiffre prend un relief tout particulier alors que les entreprises françaises doivent s’adapter à une concurrence internationale de plus en plus forte. »

L’école, la loi de programmation militaire et les entreprises étaient donc au rendez-vous du discours du ministre. Chacun s’étonnait dans l’assistance du FIC  que pas un mot ne fut prononcé sur l’affaire Snowden et de l’espionnage d’Etat, une affaire historiquement pourtant plus importante que l’histoire remis en selle du spectacle interdit du « comique » Dieudonné. Mais l’espace avait été certainement laissé libre au ministre de la défense, nous y reviendrons.