La course à l’armement des opérateurs télécoms devrait reprendre à la faveur du déploiement de services vidéos comme Netflix.

France Telecom CEO Stephane Richard attends a news conference in ParisQue les besoins de débits aillent croissants sur Internet, c’était prévisible, mais que les réseaux de fibres optiques et les centraux ADSL prévus pour une consommation dix fois supérieure à celle de 2008 soient saturés, on a du mal à l’imaginer. Ce qui passait pour un scénario très optimiste, il y a six ans, est en train de se dérouler sous nos yeux du fait du changement des usages. De fichiers textes et musiques légers, on est passé dans l’ère de la vidéo à la demande « lourde » qui sature les tuyaux. Pas  sûr que les opérateurs classiques aient envie de continuer sur le même principe. L’arrivée du fournisseur de vidéo Netflix en septembre par exemple ne fait qu’exacerber le conflit latent qui existe entre les fournisseurs d’infrastructures traditionnelles et les fournisseurs de services qui profitent largement de celles-ci sans partager les fruits de leurs revenus. Changer le mode de paiement serait remettre en cause la neutralité du net en créant des utilisateurs professionnels et des amateurs. Les investissements de Google dans des opérateurs américains préfigurent peut-être l’avenir d’internet. Des réseaux sécurisés dédiés à des services payants à coté des réseaux gratuits mais pollués.

Les entreprises qui profitent de l’infrastructure de l’internet ne la financent pas…encore

Stéphane Richard, le PDG d’Orange, ne manque pas de rappeler dès qu’il le peut que des firmes comme Google, Facebook et Linkedin remplissent les tuyaux sans participer à leur croissance. Pour imposer ses vues, Orange avait déclaré à l’AFP  : « Il y a des zones dans lesquelles Google ne peut pas se passer de nous, par exemple en Afrique. Ils ne peuvent pas nous dire, « j’ai besoin de vous en Afrique, mais allez vous faire voir en Europe, je me débrouillerai autrement ».
La situation actuelle est un peu comparable au dilemme provoqué par les écotaxes réclamées aux transporteurs routiers qui rabotent avec leur semi remorques les routes entretenues et payées par nos impôts. Pour l’instant, à moins qu’il n’existe un internet à deux vitesses avec les gros générateurs de trafic  qui paient pour un service optimisé , les frais sont pour l’instant  seulement partagés entre opérateurs et chacun d’entre eux s’équipe du mieux possible pour offrir les meilleurs ratios prix performances du moment. Les technologies de multiplexage d’ondes (WDM) employées par les opérateurs permettent à la fois les liaisons entre les établissements d’une entreprise, les boucles optiques au niveau d’une agglomération sur des distances typiquement inférieures à 100 km. La topologie utilisée passe par des liaisons en point à point, des boucles ou du maillage pour éviter les ruptures de services. Ces réseaux DWM sont généralement sans nœud de régénération ou d’amplification. Prés d’une douzaine de fournisseurs se battent à la porte des opérateurs pour proposer leurs boîtiers dont l’intégration aux Datacenters va croissante. Les 18 fournisseurs que recensait Wikipédia Alcatel-Lucent, Ericsson,Kylia, Infinera, Nortel, Huawei, Coriant, Ciena, Cisco, NEC, Ekinops, ADVA Optical Networking, Fujitsu, ECI Telecom, Xtera, Microsens, MRV, JDSU sont loin d’avoir la même taille, certains acteurs ayant même disparus. Mais depuis trente ans, des firmes au firmament comme Nortel (disparue, son activité WDM a été rachetée par Ciena), Newbridge (racheté par Alcatel) et Marconi (racheté par Siemens Telecom) ont vu leur division optique rachetée, une preuve de plus que la grande taille des entreprises  télécom n’est pas une garantie de longévité pour leurs équipements.