Pendant que le Royaume-Uni et l’Allemagne unissent leur force pour préparer la 5 G, la France règle son problème de concurrence intérieure.
C’est à l’occasion du Cebit qui ouvrait ses portes aujourd’hui que David Cameron a annoncé que son pays et l’Allemagne allait unir leurs forces pour développement la prochaine génération du mobile, celle du très très haut débit. Il ne s’agit pour l’instant que d’une coopération universitaire mais le mouvement est lancé. L’université de Dresde, le King’s College de Londres et l’université de Surrey travailleront à la prochaine génération des communications mobiles a précisé le Premier ministre anglais avec comme ambition d’être « la nation la plus numérique du G8 ».
De son côté la chancelière allemande s’est félicité de cette collaboration en rappelant que des problèmes devaient être réglés notamment par la mise en place d’un cadre réglementaire au niveau européen, notamment concernant la protection des données.
Curieusement, la France n’est pas présente dans ces discussions alors qu’elle possède des atouts au niveau de la R&D en matière de télécom.
De son côté, le gouvernement français est aux manettes dans le règlement de l’organisation de son marché intérieur avec l’arbitrage entre Numéricable et Bouygues pour la reprise de SFR. Ce week-end Bouygues s’est entendu avec Free pour céder à ce dernier « une partie d’un portefeuille de fréquences 2G/3G/4G et du réseau de téléphonie mobile de Bouygues Télécom (environ 15 000 antennes) pour un montant pouvant aller jusqu’à 1,8 milliard d’euros », le rendant ainsi indépendant d’Orange. Ainsi délesté, Bouygues serait dans une meilleure position pour absorber la filiale de Vivendi. Si cette opération était menée à terme, Bouygues serait alors leader en téléphonie mobile mais pas des proportions qui menaceraient l’équilibre d’un nouveau jeu à trois.
Iliad précise que la cession n’interviendra que dans l’hypothèse où l’opération de rachat de SFR par Bouygues aboutit et que les autorisations nécessaires sont obtenues. Le groupe de Xavier Niel qui publiait ses comptes aujourd’hui fait état d’un chiffre d’affaires de 3,7 milliards de dollars et d’un bénéfice net de 265 M€ en progression de 42 % par rapport à l’exercice précédent. Free revendique 13,7 millions d’abonnées (8 millions en mobiles, 5,7 millions en haut débit). Free indique qu’il a recruté 2,8 millions nouveaux abonnés mobiles en 2013.
Bouygues a toute fois pris l’avantage dans le déploiement de la 4G par rapport à ses deux grands rivaux avec 6000 antennes contre 5000 pour Orange et 1500 pour SFR.
La concurrence contre la performance
En revenant à 3 opérateurs, le gouvernement surmonte son dogme des trois opérateurs mais en avant-il le choix. Car trop peu d’opérateurs, c’est le risque (avéré !) d’ententes sur les prix) et trop c’est celui d’une difficulté, voire d’une incapacité d’investir dans les infrastructures de réseaux et les technologies de demain. Ce problème n’est d’ailleurs pas spécifique à la France.
En Europe, plus de 100 opérateurs se partagent un marché de 400 millions de consommateurs sans parler des entreprises, là où aux Etats-Unis ou en Chine, on ne compte que trois opérateurs se partageant respectivement 300 et 800 millions. Résultat, les Etats-Unis ont repris la tête dans la 3G et la 4G. « Si on revient à trois, on est plus fort que si on subsiste à quatre », explique Arnaud Montebourg dans une interview au Parisien/Aujourd’hui en France de dimanche. « La concurrence par la destruction s’arrêtera si nous revenons à trois opérateurs mobile tout en maintenant des prix ».