Sur le papier, la crise sanitaire a plutôt moins affecté les acteurs de l’informatique et du cloud. Dans le détail, certains secteurs souffrent plus que d’autres, notamment les acteurs du stockage…
Les résultats financiers du troisième trimestre 2020, année de crise pandémique et économique, tombent les uns après les autres en ce mois de novembre. HP, Dell, VMware, Pure Storage, Nutanix ont publié cette semaine leurs résultats. Ils sont globalement bons mais révèlent qu’un secteur semble particulièrement impacté par la crise : le stockage.
Nous avons déjà évoqué les résultats de Nutanix, globalement bons, malgré un chiffre d’affaires en stagnation mais des marges plus fortes et surtout une transformation vers un modèle de licences par abonnement qui commence à porter ses fruits.
VMware en douce progression et transformation
Pour VMware, les feux restent toujours au vert. Non seulement l’éditeur fait mieux que les prévisions des analystes, mais il fait aussi mieux que ses propres prévisions. Les résultats de l’entreprise sont simplement peu affectés par la pandémie. Pour le 3ème trimestre 2020, son troisième trimestre fiscal 2021, le chiffre d’affaire progresse de 10% (par rapport au même trimestre 2019) pour atteindre les 2,86 milliards de dollars. Les revenus issus des licences par abonnements (offres cloud et services SaaS) ont bondi de 44% pour atteindre les 676 millions de dollars. Les analystes espéraient que ces revenus représenteraient un quart du CA. Ce n’est pas encore le cas mais on s’en approche avec une part de 24% du chiffre d’affaires global. Les 25% pourraient donc être franchis d’ici la fin de l’année.
D’autant que selon Zane Rowe, le CFO de VMWare « au troisième trimestre, pour la première fois les ventes SaaS et abonnements ont dépassé les ventes de licences classiques ». On remarquera cependant que VMware ne fournit toujours aucun chiffre sur Tanzu, la nouvelle offre de services SaaS multicloud autour de Kubernetes. Pat Gelsinger, son CEO, se montre en revanche plus prolixe sur VMware Cloud Foundation et son adoption par les grands clouds pour favoriser les scénarios hybrides : « Notre stratégie multi-cloud a fait des progrès majeurs avec nos revenus récurrents annuels du cloud atteignant environ 1 milliard de dollars. VMware Cloud on AWS continue d’augmenter ses revenus de plus de 100% d’une année sur l’autre. Toutes les offres hyperscales sont désormais disponibles et hébergent VMware Cloud, y compris Microsoft, Google, Alibaba, IBM et Oracle, sans oublier VMware Cloud sur Dell EMC ».
Au final, l’éditeur – qui demeure une filiale de Dell – se montre très optimiste et revoit d’ailleurs ses prévisions à la hausse pour l’année avec un CA de 11,7 milliards de dollars (+8%) et une marge brute non-GAAP de 32%.
HP, merci les PC portables
Le fabricant de PC et d’imprimantes (issu du split « HP Inc/HPE ») a lui aussi fait mieux que les attentes des analystes. Le troisième trimestre 2020 correspond au quatrième trimestre fiscal pour le constructeur. Certes, le CA est en baisse de 1% pour ce trimestre à 15,3 milliards de dollars et en baisse de 3,6% à 56,6 milliards de dollars sur l’ensemble de l’année 2020. Les analystes tablaient sur une baisse plus accentuée d’autant que le début d’année avait été très difficile toute la supply-chain étant paralysée par le COVID-19 et le confinement Chinois. Mais l’entreprise a bien géré ses marges opérationnelles et affiche des bénéfices de 668 millions d’euros sur le trimestre et de 2,88 milliards de dollars sur l’année.
« Le PC est redevenu essentiel dans l’espace grand public » explique le PDG de HP Enrique Lores.
HP annonce ainsi une augmentation de 18% de ses ventes d’ordinateurs portables, à 7,41 milliards de dollars. Heureusement que les PC portables ont le vent en poupe. Parce que les ventes d’ordinateurs de bureau restent en revanche en chute libre avec une baisse de 28% à 2,25 milliards de dollars (par rapport à Q3 2019). Les ventes de la division imprimantes ont également chuté de 3% mais l’essentiel des revenus de cette division est constitué par les fournitures (cartouches, toners, papiers) qui représentent 3,13 milliards de dollars (sur les 4,83 milliards de dollars de CA de la division).
Dell fait mieux que prévu grâce aux PC et au télétravail
Les analystes s’attendaient à une baisse de 4,5%. C’est pourtant bien une hausse de 3% de son CA, pour atteindre les 23,5 milliards de dollars, que le groupe Dell Technologies (maison mère de Dell EMC) a annoncé pour le troisième trimestre 2020 (son troisième trimestre fiscal 2021). Avec des bénéfices en hausse de 59% par rapport à Q3 2019 pour atteindre les 881 millions de dollars grâce à une excellente gestion opérationnelle.
Des bons résultats qui ne sont pas portés par l’infrastructure mais bien par les PC. « La technologie n’a jamais été aussi importante et, à mesure que le monde évolue, notre entreprise évolue également », a déclaré Jeff Clarke, COO de Dell. Les revenus de sa division PC (ordinateurs portables et ordinateurs de bureau) ont atteint les 12,3 milliards de dollars, portés par une hausse de 14% des ventes aux particuliers et une hausse de 5% des ventes aux entreprises (par rapport au troisième trimestre de l’an dernier). Et le constructeur a également révélé que les revenus de ses Chromebooks avaient triplé porté par les besoins d’équipement des étudiants alors que la formation à distance reste très présente aux USA.
Côté « Infrastructures » les résultats sont moins brillants. La division « servers & networking » voit son CA en baisse de 2% (-6% depuis le début de l’année). Mais toutes les inquiétudes se focalisent sur le stockage qui connaît une nouvelle baisse de 7% alors que l’entreprise comptait beaucoup sur sa nouvelle plateforme PowerStore (lancée en mai) pour redresser la barre. La crise sanitaire n’est probablement pas le meilleur moment pour introduire une nouvelle gamme et les effets positifs se font attendre. « Notre milieu de gamme diminue », a confirmé Jeff Clarke à propos des revenus de stockage de Dell. « C’est constant que nous avons mentionné sur les trois trimestres précédents. PowerStore est le catalyseur qui doit nous permettre de changer la trajectoire sur le milieu de gamme. Certes, c’est ce que nous disons depuis deux ans (NDLR : le développement des PowerStore avait pris beaucoup de retard au lancement en mai). Je ne sais pas ce que disent les concurrents mais je sais ce que disent nos clients. Nous avons un produit de stockage moderne qui répond à leurs besoins. Nous aimerions croître plus rapidement, mais nous aimons ce que nous avons fait jusqu’ici. »
Pure Storage, aïe ça pique un peu…
« Ce fut une année folle (wild year) et ce n’est pas encore fini »… C’est par ces mots que le PDG de Pure Storage, Charlie Giancarlo, a commencé sa présentation des résultats financiers de son entreprise. Les analystes s’attendaient à des résultats stables. Mais Pure affiche une perte nette de 74 millions de dollars pour le troisième trimestre 2020 pour un chiffre d’affaires de 410 millions de dollars en baisse de 4,2% par rapport au même trimestre l’an dernier. Selon les analystes, l’entreprise a du mal à basculer de ses ventes « matériels + logiciels » à un nouveau format « par abonnements » même si le chiffre d’affaires des services par abonnements progresse pourtant de 29,5% pour atteindre les 136 millions de dollars. Nutanix a démontré qu’une telle transformation ne se faisait pas en quelques mois et qu’il fallait du temps pour changer de business model.
Les résultats de Pure sont aussi sauvés par ses baies FlashBlade « //C » et FlashArray qui ont connu des « ventes records » selon les responsables de l’entreprise. Mais « les défis et les changements que nous avons connus cette année ont été extraordinaires et semblent interminables. Et ils ont sans conteste réinitialisé toutes nos attentes et hypothèses » explique Charlie Giancarlo qui croit cependant son entreprise bien placée pour un rebond post-pandémique en 2021. Sur l’ensemble de l’année 2020, Pure Storage estime toujours pouvoir afficher un chiffre d’affaires de 1,66 milliards de dollars, stable par rapport à 2019.
Il sera ainsi très intéressant de suivre les résultats de deux autres acteurs du stockage la semaine prochaine : NetApp et HPE…