Vitrine de l’innovation numérique mondiale, le CES 2024 a été l’occasion de découvrir de nouveaux designs de PC, de nouvelles idées, de nouvelles expériences utilisateurs mais aussi de mettre la main sur les premiers PC pensés pour l’IA…

Le CES de Las Vegas a refermé ses portes. Il est donc l’heure de faire des bilans, d’agréger les centaines d’annonces et de tracer les grandes tendances qui en émergent. Et ce CES restera comme celui de l’avènement d’une nouvelle génération de PC déjà désignés sous le nom de « AI PC ». Pour l’instant, hormis l’ajout d’une touche Copilot sur les claviers et l’intégration d’un NPU permettant d’exploiter des fonctionnalités « Windows Effects » – jusqu’ici accessibles aux seuls utilisateurs des Surface Pro sous ARM -, ces AI-PC sont loin de démontrer leur réel potentiel. Il reste à en inventer les usages et les applications qui transformeront le quotidien.

Mais si l’IA était bien omniprésente sur le CES, elle n’est pas la seule piste d’innovation suivie par les constructeurs.

Voici les PC les plus étonnants présentés cette année…

Des AI PC chez tous les constructeurs

« Microsoft ajoute une touche Copilot au clavier PC ». Cette annonce n’a eu lieu que quelques heures avant l’ouverture du CES, mais le projet devait être en préparation de longue date. Car nombre de constructeurs ont mis en avant sur ce CES des machines déjà dotées de cette touche. Elle permet au final d’un coup d’œil de repérer un « AI PC » autrement dit un PC doté d’un NPU ou accélérateur IA, d’un PC qui en est démuni. Dans la grande majorité des cas, ces machines sont animées par les nouveaux « Intel Core Ultra » avec leur NPU intégré, mais certains constructeurs ont aussi décliné leurs offres en s’appuyant sur les derniers « Ryzen AI » d’AMD.

L’AI PC, c’est le nouveau cheval de bataille des constructeurs encouragés par les études de Canalys et IDC qui les considèrent comme un nouveau point d’inflexion des technologies PC et les voient prendre 19% des ventes de PC en 2024. Même si, pour l’instant, ni Microsoft Copilot, ni Windows n’en ont vraiment besoin. Et rien de ce que les constructeurs ont pu démontrer au CES n’est impossible avec des machines 2023 ou antérieures. Même si grâce à ces NPU, Windows 11 débloque les fonctionnalités « Studio Effects » jusqu’ici réservées aux Surface Pro en ARM.

Cependant, arrivera un moment où faire tourner un modèle en local se révèlera plus économique, plus écologique et plus rapide que de systématiquement reposer sur des IA dans le cloud. Et c’est cet avenir que compte préparer l’AI PC et le futur Windows 12.

Parmi les PC les plus remarqués de ce CES, on notera le renouvellement de la très réussie gamme « XPS 2024 » de Dell. Le constructeur simplifie sa gamme et généralise à tous les modèles XPS 2024 le design de la série « XPS Plus » de 2023 (série désormais abandonnée). Le clavier – qui adopte la nouvelle touche Copilot – bénéficie de larges touches extra plates et silencieuses et la barre de fonctions tactiles se généralise à tous les modèles. On y retrouve aussi l’étonnant pavé tactile (à retour haptique) complètement fondu dans le design. Le modèle XPS 13 est décliné en Core Ultra 5 et 7 avec l’iGPU Intel Arc intégré à ces processeurs alors que les modèles XPS 14 et XPS 16 peuvent monter jusqu’au Core Ultra 9 et être équipés d’un GPU discret de NVidia (RTX 4050 ou 4070). Les configurations démarrent à 1499 euros (pour le XPS 13 en Core Ultra 5).

Autre constructeur remarqué, Samsung avec ses « Galaxy Book 4 Ultra », dotés comme il se doit d’une touche Copilot et de processeurs Intel Core… Ultra ! Le plus étonnant sur cette nouvelle série « Galaxy Book 4 », c’est la partie logicielle. Microsoft et Samsung ont collaboré pour multiplier les scénarios de fusion entre les PC et les smartphones Galaxy. Objectif : proposer des expériences de connectivité transparente entre vos appareils de sorte à offrir un univers cohérent et l’impression d’utiliser un seul appareil. Typiquement, les Galaxy Book 4 peuvent utiliser la caméra du Smartphone comme si c’était une Webcam intégrée au PC. Autre exemple, Copilot vous permet de trouver, de lire ou de résumer des messages texte de votre téléphone Samsung Galaxy et même de créer et d’envoyer automatiquement des messages en votre nom directement depuis votre PC.

 

Asus relooke sa gamme Zenbook 14 pour adopter l’Intel Core Ultra et offrir plus de puissance embarquée dans un modèle 14 pouces particulièrement fin et élégant sublimé par un écran OLED 3K qui en met plein la vue tout en restant très accessible côté prix.

Acer aussi a rafraichi ses gammes pour les aligner sur les concepts AI PC. C’est notamment le cas des Acer Swift Go 14 et Swift Go 16 animés par les Intel Core Ultra (avec iGPU Intel Arc). Ces appareils sont notamment déclinés en versions Business et performance avec des Ultra Core Ultra 9 185H, une connectivité WiFi 7, 16 ou 32 Go de RAM et 1 ou 2 To d’espace SSD. On y retrouve également deux ports Thunderbolt 4 (en USB-C). Le modèle 14 pouces offre le choix entre un écran OLED 90Hz ou un IPS 120 Hz alors que le 16 pouces dispose d’une dalle OLED 120 Hz.

 

Acer propose aussi un Swift X 14 combinant un Intel Core Ultra 7 et un GPU NVidia RTX 4070 destiné aux créatifs. Tous ces modèles sont bien sûr équipés d’une touche Copilot.

 

Lenovo et Asus persistent sur le double écran

Depuis plusieurs CES et plusieurs années, Lenovo tente d’imposer sur le marché avec ses Yoga Book l’idée de PC ultra-portables dotés d’un double écran. Le projet est né dans la mouvance du projet avorté Surface Neo de Microsoft. L’an dernier, Lenovo avait marqué le CES en lançant de Yoga Book 9i. L’appareil revient sur le devant de la scène sur ce CES 2024 avec une évolution mise à jour et embarquant les Intel Core Ultra. On y retrouve deux magnifiques écrans OLED 2,8K de 13 pouces et l’indispensable clavier Bluetooth détachable, un stylet,  et un support origami qui s’adapte aux différentes configurations possible avec soit les deux écrans côte à côte soit l’un sur l’autre. Une grosse batterie de 80 watts-heures est embarquée pour alimenter les deux écrans. Il faudra compter 2000 dollars pour le modèle le moins puissant.

Un autre constructeur défend également le concept du PC nomade double écran. C’est Asus, avec la nouvelle génération 2024 de son Zenbook Duo, de son petit nom UX8406. Asus abandonne l’idée de son écran secondaire élargi au-dessus du clavier pour reprendre le même concept que le Yoga Book, à savoir deux écrans qui se plient comme un livre grâce à une charnière centrale.

Le Zenbook DUO 2024 UX8406 est ainsi équipé de deux écrans tactiles OLED de 14 pouces, chacun d’une résolution 3K et d’un taux de rafraîchissement de 120 Hz, qui offrent une surface totale d’affichage de 19,8 pouces. Il dispose d’un clavier détachable et d’un design à la fois matériel, ergonomique et logiciel conçu pour faciliter le multitâche. La grosse différence avec le Yoga Book, c’est qu’il n’est pas nécessaire ici de disposer d’un support séparé, la machine étant dotée d’un astucieuse béquille. L’ordinateur est animé dans sa version la plus puissante par un processeur Intel Core Ultra 9, dispose de 32 Go de mémoire LPDDR5x et d’un disque SSD PCIe 4.0 allant jusqu’à 2 To. Pour alimenter le tout, Asus a du y intégrer une batterie de 75 Wh qui promet une autonomie de 8 heures environ en utilisation réelle (13 heures annoncées). Malgré tout la machine reste relativement légère : de l’ordre de 1,3 Kg sans clavier et 1,6 Kg avec.

 

Un « Deux en Un » Windows + Android

Le concept trainait dans les cartons de Lenovo depuis plusieurs années déjà mais le constructeur avait du mal à obtenir l’approbation de Google. Il semble que cette fois soit la bonne. Le ThinkBook Plus Gen 5 ‘Hybrid’ est hybride parce qu’il combine à la fois Windows et Android!

Cet appareil « 2 en 1 » – qui s’apparente un peu à la Surface Pro de Microsoft – est à la fois un ordinateur Windows lorsque le clavier est connecté et une tablette Android lorsque le clavier se détache. Et c’est sur le papier une bonne idée puisque Windows est rarement agréable à utiliser en mode tablette. Tout dépendra de la fluidité du basculement d’un univers à l’autre et de la façon avec laquelle Lenovo aura préparé l’intégration de l’univers Windows (OneDrive, Microsoft 365, etc.) dans la partie Android. Il va falloir que l’on teste cet appareil pour se faire une idée précise de l’expérience utilisateur proposée et des cas d’usage qu’ouvrent un tel appareil en entreprise.

L’ensemble bénéficie d’une conception très soignée avec un design métallique solide et fin, un écran OLED 14 pouces de 2880×1800 pixels et une électronique animée à la fois par un Intel Core Ultra 7 sous Windows et par un processeur Snapdragon 8 Gen 1 de Qualcomm en mode tablette. Le prix démarre à 1999$ ce qui n’est pas si élevé pour un appareil à l’électronique doublée.

 

Des PC à écran 3D

Acer est un pionnier des écrans 3D qui permettent d’afficher sur PC une image en relief sans avoir recours à des lunettes. Cette technologie est au cœur du nouvel Acer’s new Aspire 3D 15 Spatial Labs Edition.

Son écran stéréoscopique « 3D display » est un écran 4K dont la résolution se réduit à 1920×2180 pixels une fois le mode 3D activé.

La machine se destine avant tout aux infographistes 3D et autres créateurs de contenus 3D. Ce qu’il faut surtout retenir, c’est que la technologie se popularise. Elle était autrefois proposée sur des modèles très haut de gamme et largement au-dessus des 2000 dollars. Alors que cet Aspire 3D 15 est proposé à partir de 1400$.

En revanche, sur ce PC, Acer ne joue pas la carte de l’AI PC et se contente de processeurs Intel Core de génération 13 (le Core i7-13620H notamment). Destinée aux graphismes 3D, la machine embarque un GPU NVidia RTX 4050.

 

Des « All-In-One » toujours aussi peu inventifs

Les « All In One » sont des appareils privilégiés sur tous les bureaux d’accueil des entreprises. Mais à l’heure où les entreprises veillent à rendre plus responsable leur gestion des parcs PC, ces appareils sont des aberrations écologiques parce que l’électronique ne peut être mise à niveau indépendamment de l’écran, alors que les technologies écran ont bien moins souvent besoin d’être renouvelées. Cela fait des années que nous défendons l’idée de « Tout en Un » où l’électronique PC serait en réalité une cartouche interchangeable facile à faire évoluer indépendamment de l’écran. Deux constructeurs se sont aventurés sur ce terrain : Microsoft sur son fameux Surface Hub 2S/3 (mais malheureusement pas sur le Surface Studio) et le français Bleu Jour qui a abandonné l’idée l’an dernier lui préférant celle de ces concepts mini Kubb et Octo à accrocher derrière un écran.

Dans cette catégorie de machine « AiO », notre attention s’est quand même arrêter sur les nouveaux  mettra quand même en avant les nouveaux et visuellement très séduisants ThinkCentre neo 50a Gen 5 de Lenovo qui seront disponibles en version 24 et 27 pouces. Ecran 120 Hz, caméra 5 MP intégrée et un socle qui sert de chargeur par induction à votre smartphone, ces machines sont silencieuses et plutôt réussies même si elles doivent se contenter de processeurs Intel Core i (i5, i7 ou i9) de 13ème génération. Les prix démarrent à 799$ pour la version 24 pouces et 899$ pour la version 27 pouces.

Des Minis PC pour créer… ou jouer

Intel a annoncé l’abandon de sa gamme NUC en septembre dernier. Mais le concept des minis PC n’est pas mort pour autant. Loin s’en faut. D’autant qu’avec les nouvelles générations d’Intel Core Ultra et d’AMD Ryzen AI, ces machines embarquent désormais beaucoup de cœurs et de mémoire pour travailler hyper efficacement mais affichent aussi des performances graphiques et ludiques suffisantes pour une grande majorité de joueurs non « hard core » (grâce à leurs iGPU dernière génération).

Ainsi, certains de ces mini-PC s’adressent même désormais aux gamers et peuvent constituer d’excellentes stations graphiques pour des créatifs indépendants, des développeurs, des artistes…

C’est particulièrement le cas du ROG NUC d’Asus qui embarque dans un format ultra compact un Intel Core Ultra 7/9 et une carte GPU NVidia RTX 4060/4070. Il est doté d’un port Thuderbolt 4, d’un port USB4 Type C, de 2 ports USB 3.2 et même de 2 ports USB 2.0. L’appareil peut être placé à l’horizontale, mais aussi à la verticale grâce à son support spécial livré en standard.

Plus sérieux mais plus compact et toujours très agile, le Lenovo ThinkCenter neo Ultra s’inscrit dans la tendance « AI PC » en embarquant un processeur Intel Core Ultra avec iGPU de génération Intel Arc et NPU intégré. Il n’arrivera néanmoins qu’au second trimestre 2024 avec des prix démarrant à 1.499 dollars.

Dans un concept totalement différent, MSI a lancé une console portable, la MSI Claw qui est un véritable PC animé par Windows 11 et un processeur Intel Core Ultra. Certes la machine a été développée pour les joueurs (et entre en concurrence avec l’Asus ROG Ally et la Steam Deck) mais son format original et compact pourrait peut-être aussi servir des besoins métiers pour piloter des robots par exemple. C’est pourquoi nous l’évoquons ici.

 

Au final, ce CES 2024 aura surtout été marqué par l’arrivée des AI PC même si ces derniers doivent encore trouver les cas d’usage et l’intérêt des NPU embarqués et sont pour l’instant bien plus une étiquette marketing qu’une innovation à part entière. On reste néanmoins surpris du manque d’annonces autour des PC sous ARM alors que Qualcomm va bientôt sortir son Snapdragon Elite X susceptible de bouleverser le marché PC autant que le M1 a bouleversé l’univers Mac. Les constructeurs semblent avoir gardé leurs annonces sous le code pour un peu plus tard dans l’année.

 

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