La Fondation Télécom de l’Institut Mines-Télécom publie chaque année un cahier de veille sur un sujet lié à l’actualité de l’innovation numérique. Le tout dernier cahier, intitulé « L’Homme augmenté – Notre Humanité en quête de sens », vient de paraître. Il fait le point sur cette thématique, et met en avant des travaux des écoles de l’Institut qui y sont reliés, en intelligence artificielle, en robotique, en santé, en interface homme- machine, mais également des réflexions de fond en éthique, en sociologie, en philosophie, en économie ou en droit.

Le cahier de veille propose une clarification documentée des termes d’Homme réparé, augmenté, amélioré, connecté, hybridé, instrumenté… et plus généralement du transhumanisme et du posthumanisme. La question du rapport au corps, et à la santé (sans aller jusqu’aux thérapies géniques, ou aux augmentations nécessitant des techniques sous-cutanées) permet de comprendre les différentes voies possibles vers l’augmentation de l’Homme, et les raisons qui peuvent y pousser. Les technosciences à l’origine de ces ouvertures sont présentées, notamment celles qui, comme les sciences cognitives, la robotique ou la réalité augmentée sont traitées au sein de l’Institut Mines-Télécom. Reposant sur des valeurs maîtrisées, acceptables et partagées collectivement, une voie vers un transhumanisme positif est démontrée, capable de relever les défis techniques, économiques, juridiques et éthiques qui se présentent déjà, un chemin qui renforcera l’humanité dans ce qui la caractérise au-delà de la machine.

Gilles Babinet  ( photo ci dessous) représentant la France auprès de la Commission européenne pour les enjeux du numérique a rédigé l’éditorial qui donne une idée précise du contenu de ce cahier que l’on peut télécharger gratuitement.  Il présente ci dessous sa réflexion sur le sujet et le document.2111944-je-n-ai-pas-ete-approche-pour-devenir-secretaire-d-etat-au-numerique

Le fantasme d’un Homme dont les capacités sont augmentées par la technologie n’en est plus un. Rendant l’Homme plus performant intellectuellement, sensoriellement ou encore dans sa défense face à la maladie, les implications d’un tel développement sont considérables.

On y trouve évidemment en premier lieu les innovations impactant l’homme dans son rapport avec l’extérieur et qu’on désigne par le terme d’innovations d’interface. L’exemple le plus frappant dans cette catégorie concerne les innovations technologiques permet- tant de lutter contre les maladies touchant les sens comme la cé- cité, le mutisme ou la surdité. La start-up française Pixium Vision a par exemple développé un couple implant-lunettes permettant de remédier à des problèmes de vue rédhibitoires. On y trouve en second lieu des innovations plus internes au sens où elles impactent le cerveau humain, c’est-à-dire des processus comme la réflexion ou l’apprentissage. À titre d’exemple, Halo Neuroscience, start-up typique de la Silicon Valley, développe actuellement un système à base d’impulsions électromagnétiques stimulant l’activité cérébrale dans le cadre de l’apprentissage et de la mémorisation.

Néanmoins, alors que ces innovations constituent des progrès inédits, parfois même des miracles, elles posent bien évidemment la question de la finalité du projet humain avec une gravité renouvelée. René Frydman, célèbre gynécologue français à l’origine du premier « bébé éprouvette » et particulièrement actif sur ces questions d’humanité augmentée, rappelait en janvier que, dans le processus inventif, la question du «Comment» devait toujours être envisagée postérieurement à celle du « Pourquoi ».

Pour obtenir ce livre:www:fondation-telecom.org