Dans le cadre de la mission confiée à Philippe Lemoine pour préparer la transformation numérique de l’économie, le Cigref s’est penché sur le rôle que doit jouer le SI dans cette mutation.
En 2013, Syntec informatique et le Cigref, deux organisations majeures passaient de l’informatique au numérique. Syntec informatique s’était rebaptisé Syntec numérique et les SSII sont devenus les ESN (Entreprise de Services du Numérique). Pour expliquer ce changement, Christian Nibourel, Président du Collège ESN expliquait que « La transformation des métiers et des prestations que ces entreprises réalisent pour leurs clients privés ou publics, sur l’ensemble des applications et des infrastructures numériques, depuis la conception jusqu’à l’exploitation, devait davantage être prise en compte par une dénomination plus appropriée »
Le Cigref qui regroupe les grandes entreprises françaises s’était, elle aussi, donner comme nouvel objectif de « Promouvoir la culture numérique comme source d’innovation et de performance ».
Mais ces changements d’appellation qui sont relativement faciles à réaliser doivent ensuite de transposer dans la réalité. Et bien sûr, c’est là le plus difficile. Pour Bernard Dups, Président-fondateur de BIT Group, Il faudra attendre encore une dizaine d’années pour que l’entreprise entre de plain-pied dans l’ère du numérique. Mais il n’est pas sûr que l’on puisse attendre aussi longtemps dans le contexte de concurrence intense que nous connaissons actuellement. La transformation numérique emporte tout sur son passage et crée de nouvelles opportunités. A saisir sinon d’autres le feront. Les exemples sont aujourd’hui légion.
C’est dans ce contexte que s’inscrit la réflexion du Cigref qui de son propre aveu n’est pas une « organisation digital native » mais considère avoir eu très tôt la conviction que « l’informatique et maintenant le numérique allait transformer profondément l’entreprise ». Et le Cigref est convaincu que la DCSI a un rôle majeur à jouer dans la transformation numérique des entreprises.
Mais cela suppose une prise de conscience des différentes parties prenantes. La course à l’agilité doit aller au-delà du partenariat DSI/métier et « mettre au même endroit le design, la technologie et le marketing » et faire de l’innovation un objectif commun et partagé par tous. Une des forces du numérique est qu’il permet d’expérimenter dans le cadre de petits projets et ainsi de retenir seulement ce qui marche.
Année après année, le DSI a pris une part plus importante dans la conception et la mise en œuvre de la stratégie de l’entreprise. Parallèlement, elle a fait son entrée dans le comité de direction. Mais son influence doit encore aller plus loin et il doit avoir en face de lui des dirigeants désormais convaincus de l’omniprésence du numérique dans le développement de l’entreprise. L’évolution vers l’entreprise numérique oblige à une mobilité interne des talents qui doivent en permanence aborder de nouveaux défis.
Jusqu’ici les décisions au plus haut niveau était prises par des dirigeants principalement sur leur expérience même s’ils étaient accompagnés par des systèmes dits d’aide à la décision. Mais aujourd’hui avec le big data et les systèmes capables de les interpréter et de leur donner du sens, les dirigeants ont à leur disposition des outils permettant de rationaliser et d’objectiver leurs décisions.
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Les propositions du Cigref pour que la Fonction SI relève le défi du numérique
La course à l’agilité, préoccupation majeure des DSI à l’heure du numérique et qui va bien au-delà du partenariat SI / Métier
– Proposition 1.1 : Accentuer le mouvement vers une DSI plus agile, en travaillant sur le management et la culture des entreprises (fin de la DSI cathédrale) – et faire de la DSI un acteur du changement de modèle de management, support de la direction générale dans la transformation de son organisation (casser les silos, changer les interactions, etc.)
– Proposition 1.2 : Investir massivement dans le recrutement ou la formation de profils « numériques » et les intégrer dans toutes les équipes de l’ensemble des fonctions de l’organisation
Une prise de conscience nécessaire des cadres dirigeants
– Proposition 2.1 : Faire représenter au board des grandes entreprises la fonction de CIO (Chief Information Officer) / CDO (Chief Digital Officer) ou équivalent
– Proposition 2.2 : Adopter un discours positif sur le niveau de la France en matière de numérique (qualité des formations, qualité des ingénieurs, etc.) afin d’encourager l’audace des salariés et des entrepreneurs – mieux relayer les messages véhiculés par des opérations comme la French Tech
– Proposition 2.3 : Encourager les grandes entreprises et les ETI à organiser des learnings expedition aux Etats-Unis et en Chine
– Proposition 2.4 : Présenter aux boards des entreprises de toutes les industries des cas d’usages démontrant l’impact inévitable du numérique sur toute l’économie, afin que toutes les fonctions d’une entreprise accompagnent ce changement, et non pas que les DSI
– Proposition 2.5 : Intégrer aux grandes écoles de commerce et d’ingénieurs (et pas uniquement les écoles d’informatique) des cours sur le numérique (y compris codage)
– Proposition 2.6 : Former les dirigeants à la transformation numérique et sensibiliser les Administrateurs sur les enjeux numériques.
Les ressources humaines : le nerf de la guerre
– Proposition 3.1 : Encourager la création de parcours pluri-disciplinaires dans les entreprises (mobilité géographique et fonctionnelle au cours d’une carrière) mais aussi à l’extérieur (attirer des profils startups, organiser des échanges, etc.)
– Proposition 3.2 : Favoriser tous les centres de formation qui permettent de réintégrer des fonctions clés dans l’entreprise nécessitant un vrai savoir-faire numérique (business analayst, architecte)
– Proposition 3.3 : Changer le système scolaire afin que dès le plus jeune âge soient inculquées des notions comme la transversalité, le mode projet, l’innovation et la créativité
Le nouveau défi de l’ouverture et de la gestion des données
– Proposition 4.1 : Alléger les contraintes qui pèsent sur les entreprises des marchés régulés (exemple énergie) notamment au niveau Européen pour leur permettre de faire usage des données qu’elles produisent
– Proposition 4.2 : Engager les grandes entreprises (type CAC 40) dans des démarches Hackaton en exposant une partie des données de l’entreprise
– Proposition 4.3 : Créer une véritable identité numérique pour les individus