Il n’y a pas si longtemps, un lancement d’une nouvelle version de SQL Server aurait été fêté en grande pompe avec soirées partenaires et clients, voyages de presse, et battage médiatique. Mais – tout comme pour Windows Server – les temps ont bien changé. SQL Server 2022 a été lancé la semaine dernière par Microsoft sans fanfare ni trompette. Certes, le SGBD de Microsoft reste l’un des plus présents en entreprise. Mais l’avenir est aux bases managées sous forme de services dans le cloud. D’ailleurs, la migration et l’extension vers le cloud sont au cœur de cette édition 2022…
SQL Server est né il y a plus de 30 ans. Mais c’est avec la version 2000 que la base (qui introduisait déjà beaucoup de mécanismes d’auto-administration) s’est vraiment popularisée dans les entreprises en faisant l’un des principaux concurrents d’Oracle et la base vedette de l’univers Windows Server (mais SQL Server existe aussi en version Linux depuis 2016).
L’arrivée de cette version 2022 est d’abord une forme de reconnaissance que toutes les applications et leurs bases ne finiront pas dans le Cloud. Pour des raisons de conformité, de confort, d’équilibre financier, certaines bases resteront encore longtemps « On-Premises ». Néanmoins, même avec une base de données « en interne », il peut être utile d’aller chercher des services dans le cloud que ce soit pour étendre les capacités d’analyse ou gagner en résilience.
C’est tout l’esprit de cette édition 2022 qui se veut un membre à part entière de ce que Microsoft appelle son « Intelligent Data Platform ». Dit autrement, SQL Server 2022 veut simplifier les scénarios hybrides en s’appuyant notamment sur Azure Arc, Azure SQL Managed Instance, Azure Synapse Analytics, Purview, Azure AD, Microsoft Defender.
Mais avant de revenir sur ces liens avec Azure et les clouds, il faut aussi signaler que Microsoft a aussi planché sur les fonctionnalités de base de SQL Server pour enrichir ses fonctionnalités. Comme chaque fois, un focus a été fait sur les performances pour permettre à SQL Server de rester la base la plus rapide en matière de performance OLTP (TPC-E) et en termes de Datawarehouse non clusterisé (selon le classement du TPC). Ainsi, la version 2022 embarque de nouvelles optimisations de son « Intelligent Processing Query » qui permet par exemple d’optimiser les plans d’exécution en fonction des paramètres ainsi qu’une gestion intelligente du degré de parallélisme (la base vérifie si embringuer davantage de cœurs dans l’exécution d’une requête l’accélère vraiment ou non).
Mais l’adjonction la plus importante de l’édition 2022 est l’apparition d’un mode « Ledger » (née dans l’univers Azure SQL) et qui permet d’utiliser la base comme un registre, avec un historique des modifications de données au fil du temps. De quoi procurer bien des avantages des blockchains sans leur complexité.
Revenons au cloud. La figure ci-dessous illustre bien les scénarios hybrides sur lesquels l’éditeur s’est focalisé pour cette édition 2022. L’idée consiste essentiellement à exploiter les services clés d’Azure sans opérer de migration vers le cloud.
La fonction « Link for Azure SQL Managed Instance » permet de lier une base interne à une instance managée dans le cloud pour en assurer la récupération en cas de sinistre. « L’instance cloud est prête à fonctionner dès que vous en avez besoin, sans qu’il soit nécessaire de procéder à une configuration ou à une maintenance prolongée », explique Rohan Kumar, VP Azure Data chez Microsoft. Une instance cloud qui peut aussi être utilisée en lecture pour décharger l’infrastructure interne des requêtes les plus lourdes qui pourraient en temps normal affecter les performances de la base de production.
Autre nouveauté clé « Azure Synapse Link for SQL » permet concrètement d’exploiter les données internes stockées dans SQL Server 2022 directement dans Azure Synapse sans passer par une phase ETL. Tout changement dans SQL Server 2022 est automatiquement transmis sous forme de flux à Azure Synapse et donc disponible en quasi-temps réel pour des analyses avancées. « Une fois que les données arrivent dans Synapse, vous pouvez les combiner avec de nombreuses sources de données différentes, quels que soient leur taille, leur échelle ou leur format, et exécuter des analyses puissantes sur l’ensemble de ces données à l’aide d’Azure Machine Learning, de Spark ou de Power BI » explique Rohan Kumar.
Dans un même ordre d’idées, SQL Server 2022 s’intègre désormais naturellement avec Microsoft Purview, le service Cloud de gouvernance des données de l’éditeur. Ainsi Purview peut scanner (sans surtaxe) automatiquement les bases SQL Server 2022 pour en capturer les métadonnées, classifier les données locales à l’aide de l’IA de Purview, implanter des contrôles et des droits d’accès dans SQL Server 2022.
Parmi les autres nouveautés, on retiendra la possibilité d’utiliser Azure Active Directory pour contrôler les accès aux bases et données SQL Server 2022, la possibilité de surveiller et protéger les bases internes (ou hébergées dans GCP ou AWS) avec Microsoft Defender et bien sûr d’administrer directement les bases internes depuis l’interface Azure Arc de sorte à piloter bases cloud et bases sur site depuis une seule et même interface.
Enfin, dernière nouveauté et non des moindres, Microsoft inaugure avec SQL Server 2022 un nouveau modèle de facturation à l’usage « Pay as you Go » (en payant à l’heure consommée) à condition de lier la base à Azure Arc.
Enfin on signalera que cette sortie de SQL Server 2022 s’accompagne bien évidemment des versions gratuites « SQL Server 2022 Developer » et « SQL server 2022 Express ». SQL Server 2022 est disponibles sous Windows, sous Linux, sous forme d’image Docker et sous forme de VM dans Azure.
Comparer SQL Server 2022 aux éditions 2019 et 2016 :
SQL Server 2022—Comparison | Microsoft
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