Depuis sa création en 1993, Informatica est devenu l’un des grands spécialistes de la gestion de la donnée et a connu une croissance régulière qui devrait lui permettre d’atteindre le milliard de dollars de chiffre d’affaires à l’exercice 2014. Emmanuel Serrurier répond aux questions d’InformatiqueNews.

Pouvez-vous resituez Informatica dans le paysage IT actuel ?
Emmanuel Serrurier :
Depuis sa création en 1993, Informatica s’est spécialisé dans la gestion de la donnée. Mais, depuis 20 ans, la problématique a considérablement évolué : des volumes beaucoup plus importants, une évolution du transactionnel vers l’interaction, une complexité croissante des SI que ne dément pas avec l’arrivée du cloud, une proportion sans cesse croissante de la donnée non structurée… Mais au final, les objectifs restent les mêmes : fournir aux entreprises des solutions pour exploiter de manière optimale le flux de données disponibles et leur permettre de prendre les bonnes décisions.

Vous êtes présents sur de très nombreux domaines : Qualité de la donnée, MDM, B2B Data Exchange, gestion du  cycle de vie de la donnée, Cloud Data Integration… Proposez-vous toutes ces solutions séparément ou de manière intégrée ?
E.-S. :
En fait, nous les proposons séparément mais aussi de manière intégrée dans une plate-forme baptisée Informatica 9.5 Platform que l’on étoffe en fonction des nouveaux outils que l’on développe au fil de l’eau. Bien entendu, les clients ne paient que les licences des produits qu’ils utilisent. Mais l’avantage d’une telle approche est qu’ils peuvent évoluer de manière très souple en fonction de leurs besoins.

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Comment se situe la solution Vibe dans votre offre ?
E.-S. :
Vibe est un moteur de gestion des données basé sur le concept de Virtual Data Machine qui permet d’établir de manière graphique un lien entre deux flux de données appartenant à tous types de systèmes (Unix, Windows, embarqué, cloud…) sans avoir à écrire une ligne de codes. Vibe intègre une centaine de connecteurs parmi lesquels on peut citer les applications de Salesforce, Netsuite, Workday… Informatica mais aussi ses partenaires peuvent développer de nouveaux connecteurs en quelques jours. Nous travaillons actuellement dans le domaine de l’Internet des objets avec par exemple des solutions pour des systèmes embarqués dans des équipements industriels médicaux ou comme ceux de GE.

Vos solutions sont-elles proposées sous forme de licences ou en mode SaaS ?
E.-S. :
Les deux. Environ 80 % de notre catalogue est disponible en mode SaaS et nous devrions atteindre 100 % en 2014. Et les entreprises nous poussent dans cette direction. Certes le cloud ne représente que 10 % de notre CA mais cela évolue rapidement. Nos offres sont disponibles sur trois ou quatre clouds publics dont AWS, mais elles sont aussi disponibles sur nos propres data centers.

Quelles sont vos ambitions dans le big data ?
E.-S. :
C’est clairement un des domaines les plus dynamiques de l’IT et c’est un axe fort de développement d’Informatica en 2014. Nous avons une offre complète baptisée Informatica 9.5 Platform for Big Data qui est la plate-forme standard augmentée des modules spécifiques big data. Aux Etats-Unis, nous avons déjà des solutions en production, chez Cosco par exemple dans la distribution. Volvo IT par exemple remonte tous les données produites par les véhicules pour faire de la maintenance préventive.

En France, nous avons lancé les premiers projets dans les secteurs de l’énergie, de la banque ou de la distribution il y a un peu plus d’un an. En 2014, nous devrions passer de projets pilotes à des applications en production. Il y aussi le mouvement open data, issu du secteur public et un des dérivés du big data, qui est très prometteur. C’est pour cette raison que nous avons embauché en France un commercial spécialisé uniquement sur le big data.

Qui sont les prescripteurs dans les entreprises de ces solutions de big data ?
E.-S. :
Les demandes, les budgets et les projets sont issues le plus souvent des directions métier. La DSI pouvant intervenir en support technique. Nous nous concentrons sur les ventes de solutions et les services que nous proposons à nos clients sont limités aux méthodologies et l’expertise techniques et ne représentent que 10 % de l’enveloppe globale. Nous avons partenariats avec de grands intégrateurs comme Accenture, CGI ou Capgemini, avec des acteurs spécialisés dans la BI comme Business & Decision ou Keyrus ou encore avec des ESN (Entreprises de service numérique) avec une forte spécialisation sectorielle comme Sopra ou CSC.

Pensez-vous évoluer vers  l’analyse des données ?
E.-S. :
Non, nous entendons nous limiter à la gestion des données avec comme objectif d’augmenter leur valeur et de réduire leur coût. Mais nous proposerons des solutions plus verticalisées par secteurs économiques. C’est par exemple le sens du rachat de l’éditeur allemand Heiler.

Quelles sont les autres grands sujets pour 2014 ?
E.-S. :
Avec la montée en puissance du big data, la protection des données privées devient centrale mettant notre solution d’anonymisation des données au cœur de cette problématique. Nous avons mis en place une solution de ce type chez Michelin dans un SI de gestion des brevets. Elle permet de mettre un filtre en fonction des profils : certains ont accès à la totalité de l’information, d’autres à une version expurgée de toute information personnelle. La condamnation récente de Google pour non-respect de la mise en œuvre des règles de confidentialité est une première en France qui aura la vertu de pousser les entreprises à mettre en œuvre les solutions adaptées.

Nous sommes depuis quelques années dans une situation où quelques grands acteurs de l’IT procèdent à des acquisitions tous azimuts. Quels sont les facteurs qui vous protègent de telles initiatives, pas toujours amicales ?
E.-S. :
On me posait déjà la question quand je suis rentré chez Informatica en 2003. D’abord, nous atteignons une taille et une capitalisation boursière (4,5 mds de dollars) respectables qui nous mettent à l’abri. Ensuite, notre rôle dans la gestion des données nous rendent indépendantes des OS, des plates-formes de données et renforce la position de neutralité que nous devons avoir.

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Emmanuel Serrurier est directeur général d’Informatica France