L’évolution des SIEM reflète la transformation de la cybersécurité, passant de simples outils de conformité à des plateformes intégrées et proactives face aux menaces croissantes. Aujourd’hui, avec l’arrivée de l’IA générative, ces systèmes sont prêts à franchir un nouveau cap en optimisant l’analyse des alertes et en accélérant les réponses aux incidents.

Dans le paysage de la cybersécurité moderne, les SIEM (Security Information and Event Management, que l’on pourrait traduire par la gestion des événements et des informations de sécurité) sont des outils essentiels, dont l’histoire reflète l’évolution des défis dans le domaine de la cyber. Ils sont aussi le reflet de la dynamique des besoins exprimés par les entreprises pour gérer et répondre aux menaces informatiques. Avec l’arrivée de l’IA générative, les SIEM sont appelés à jouer un rôle plus important au sein de l’infrastructure informatique des organisations.

Le tournant des années 2010

À l’origine, les premiers systèmes de gestion des informations offraient des fonctionnalités de collecte de données sur les réseaux, de stockage et d’analyse des journaux de sécurité. Ils étaient alors principalement utilisés pour répondre aux exigences réglementaires et de conformité, telles que la norme HIPAA ou les normes PCI DSS. Ces outils permettaient aux entreprises de démontrer leur conformité aux régulateurs et de maintenir un niveau de sécurité minimal requis par les différentes industries.

Cependant, le paysage de la cybersécurité a rapidement évolué, poussant les SIEM à s’adapter. À partir des années 2010, centraliser les informations simplement pour une utilisation de compliance n’était plus suffisant. Les entreprises ont dû relever deux défis majeurs : l’expansion de leur surface d’attaque et l’augmentation significative de la fréquence et de l’ampleur des cyberattaques.

L’élargissement de la surface d’attaque s’est manifesté notamment avec la multiplication des appareils à gérer. L’avènement du BYOD (Bring Your Own Device) a encouragé les employés à utiliser leurs smartphones personnels au travail, créant ainsi de nouveaux vecteurs d’attaque potentiels. Cette tendance a été accompagnée par l’adoption croissante du cloud computing et l’Internet des Objets (IoT), multipliant les points d’entrée possibles pour les cybercriminels.

Face à ces nouveaux défis, la collecte des données s’est transformée. Il ne s’agissait plus simplement d’enregistrer des événements, mais de collecter un volume beaucoup plus important d’informations, en temps réel, y compris sur l’orchestration d’une attaque. L’objectif était de comprendre le mode opératoire des attaquants et d’y répondre plus rapidement, parfois même en anticipant leurs prochains mouvements. Cette évolution a marqué le passage des SIEM de simples outils de conformité à des systèmes de défense proactifs.

Les SIEM modernes ont donc dû intégrer des capacités d’analyse comportementale, de détection d’anomalies et de corrélation d’événements plus sophistiquées. Ils ont également commencé à s’interfacer avec d’autres outils de sécurité, comme les pare-feu de nouvelle génération, les systèmes de détection et de prévention d’intrusion (IDS/IPS)… créant ainsi un écosystème de sécurité plus intégré et réactif.

IA générative : à l’aube d’une nouvelle ère pour les SIEM

L’arrivée de l’IA générative bouleverse le champ des possibles en matière d’analyse et de réponse aux menaces, à un moment où le secteur fait face à une pénurie de compétences et de ressources dans les équipes chargées de la cybersécurité.

Cette pénurie des ressources en équipes cyber (SOC) signifie que peu d’entreprises disposent de suffisamment d’analystes pour traiter l’ensemble des données qu’elles collectent. Le travail d’un analyste étant par définition minutieux, il se doit d’examiner chaque alerte, sans en laisser passer une seule. Mais l’explosion du nombre d’alertes fait qu’ils sont littéralement noyés sous les informations. Pour mettre cela en perspective, imaginez qu’un SOC reçoit en moyenne 4500 alertes par jour ! On estime qu’un analyste passe, en moyenne, 3 heures par jour, simplement à trier ces alertes, avant même toute action de remédiation.

C’est dans ce contexte que l’IA générative fait son entrée, promettant de révolutionner le fonctionnement des SIEM et, par extension, des SOC. Associée à une plateforme de Search AI, l’IA générative est capable d’effectuer une première analyse approfondie et de faire des recommandations sur l’importance de chacune des alertes. En bref, elle peut trier et hiérarchiser chaque alerte par degré d’importance, permettant aux équipes de se concentrer sur les plus critiques. C’est un gain de temps immense pour les analystes des SOC, réduisant considérablement le temps actuellement consacré au tri des alertes.

Mais les capacités de l’IA générative ne s’arrêtent pas là. Elle peut également assister à la remédiation en proposant toute une série d’informations contextuelles et même suggérer des actions concrètes pour accélérer la réponse à incident. Par exemple, l’IA peut rapidement rassembler des informations sur les menaces similaires précédemment rencontrées, les vulnérabilités exploitées, et les meilleures pratiques de remédiation, le tout en quelques secondes.

Un autre aspect crucial où l’IA générative peut apporter une valeur ajoutée significative est la communication et la documentation. Elle peut créer des résumés détaillés pour chaque attaque, incluant une chronologie des événements, les systèmes affectés, les actions menées, et les leçons apprises. Cette documentation vient enrichir la base de connaissances de l’organisation, servant non seulement à la formation continue des équipes, mais aussi à l’amélioration constante des processus de sécurité.

De plus, l’IA peut aider à la priorisation des futures menaces en analysant les tendances historiques et en prédisant les potentielles nouvelles cibles ou méthodes d’attaque. Cette capacité prédictive permet aux équipes de sécurité d’adopter une posture plus proactive, en renforçant les défenses là où elles sont susceptibles d’être le plus nécessaires.

L’intégration de l’IA générative dans le flux de travail des équipes cyber transforme fondamentalement le SIEM, le faisant évoluer vers ce que l’on pourrait appeler le « SOC de demain ». Ce nouveau paradigme offre une réponse efficace aux défis actuels de la cybersécurité : le manque de ressources humaines, l’augmentation exponentielle des menaces, et la nécessité d’une réponse toujours plus rapide et précise.

En conclusion, l’évolution des SIEM vers des systèmes augmentés par l’IA générative représente une opportunité inédite pour les organisations de renforcer significativement leur posture de sécurité. Face à des adversaires qui ne cessent d’innover, l’intégration de l’IA dans les SIEM apparaît non pas comme une option, mais comme une nécessité stratégique. Pourquoi s’en priver, en effet, quand cela peut faire la différence entre une défense robuste et une vulnérabilité critique ?
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par Yazid Akadiri, Principal Solutions Architect chez Elastic

 

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