Selon des informations publiées par New Scientist, plusieurs pays – dont la France – suivraient la voie tracée par les USA et auraient déjà mis en place des mesures pour empêcher toute exportation (notamment vers la Chine) de technologies quantiques.

On frôle les thèses complotistes. Ces derniers vont en tout cas se délecter des dernières indiscrétions de New Scientist. En catimini, plusieurs pays internationaux dont la France, le Royaume-Uni, l’Espagne et le Canada se seraient secrètement mis d’accord pour adopter des mesures de contrôle et de restriction d’accès similaires pour restreindre autant que possible l’exportation de technologies quantiques et d’ordinateurs quantiques vers la Chine et d’autres pays.

Ce qui intrigue les médias, c’est l’absence de toute communication à ce sujet et le refus du gouvernement britannique – spécifiquement interrogé à ce sujet – d’apporter le moindre éclaircissement en invoquant des motifs de sécurité nationale.

Il n’en faut évidemment pas plus pour intéresser toute la sphère média et la sphère complotiste, ça tombe bien, l’actualité est plutôt pauvre en ce début d’été.

La similitude frappante entre les restrictions imposées par différents pays suggère une coordination internationale. D’ailleurs, un porte-parole de l’ambassade de France à Londres aurait déclaré que ces contrôles ont été établis sur la base de « négociations multilatérales menées pendant plusieurs années dans le cadre de l’Arrangement de Wassenaar », un accord visant à contrôler les ventes d’armes et de biens à double usage.

Plus pragmatiquement, ce qui étonne les acteurs de l’informatique quantique, c’est que les restrictions imposées concerneraient notamment des ordinateurs de plus de 34 qubits avec un « certain seuil » de taux d’erreurs. Et ces acteurs de se demander qui a donc bien pu chiffrer de tels seuils et définir ces règles. Pour nombre d’entre eux, de telles restrictions pourraient brider les collaborations internationales autour des technologies quantiques alors que ces dernières en sont encore beaucoup au stade de la recherche fondamentale et des prototypages.

L’un des aspects de ces restrictions concerne bien évidemment la capacité des ordinateurs quantiques à casser les clés de la cybersécurité grâce au théorique algorithme de Shor. On comprend que les Occidentaux soient sur le qui-vive à ce sujet. D’autant que la Chine s’est depuis 5 ans faite extraordinairement secrète sur ses réelles capacités de calcul aussi bien dans le domaine des HPC exascales (plusieurs spécialistes estiment que les Chinois disposent d’au moins deux HPC exaflopique depuis plus de deux ans) que dans le domaine des ordinateurs quantiques. Ce qui est certain, c’est que malgré les restrictions d’accès aux technologies américaines, la Chine ne semble pas particulièrement en retard dans ces deux domaines.

Bien évidemment, de même que le gouvernement américain s’est déjà inquiété cette année d’une possible avancée de la Chine autour de la mise en œuvre de l’algorithme de Shor, certains internautes commencent déjà à émettre toutes sortes de théories autour de ces restrictions comme le fait que les gouvernements occidentaux disposeraient déjà de machines quantiques pour exécuter l’algorithme de Shor ou que ce secret en cache beaucoup d’autres.

L’affaire ne devrait en tout état de cause pas en rester là et, pourquoi pas, animer l’été de l’actualité IT. Mais ne devrait pas changer grand chose ni pour les acteurs européens du quantique… ni pour les acteurs Chinois…

 

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