Google, Microsoft, OpenAI, Anthropic, Cohere ou encore Mistral AI… Les grands noms de l’IA sont majoritairement américains et européens. Et pourtant… Selon les Nations Unies, c’est bien la Chine qui dépose le plus de brevets sur l’IA générative.
Surprise ! Dans une étude récente publiée par l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle (OMPI / WIPO), un organisme des Nations Unies, la Chine s’impose comme le leader incontesté dans le domaine des brevets liés à l’intelligence artificielle (IA) générative. Une façon de rappeler que dans l’IA comme dans tout le reste, la Chine entend jouer un rôle prépondérant et ne néglige pas le potentiel de l’IA pour booster sa propre économie.
On le sait tous, l’IA générative, capable de produire du texte, des images, du code informatique et même de la musique ou des vidéos à partir de requêtes en langage naturel, connaît une croissance exponentielle. Et l’OMPI chiffre cette réalité : Plus de 50 000 demandes de brevets ont été déposées au cours de la dernière décennie, dont un quart pour la seule année 2023.
Et les plus grands déposants de brevets se nomment ByteDance (l’éditeur de TikTok), Alibaba, Tencent, Ping An Insurance et Baidu, que des géants technologiques chinois !
Une domination écrasante
Entre 2014 et 2023, les chercheurs ingénieurs chinois ont déposé plus de 38 000 brevets dans le domaine de l’IA générative, soit six fois plus que leurs homologues américains, qui arrivent en deuxième position avec environ 6 300 brevets. La Corée du Sud, le Japon et l’Inde complètent le top 5, avec respectivement 4 155, 3 409 et 1 350 brevets déposés sur la même période. Il est à noter que l’Inde connaît la croissance la plus rapide dans ce domaine, selon les données de l’OMPI.
38.000 brevets ! À lui seul, ce nombre témoigne de l’investissement massif de la Chine dans les IA génératives.
Cette domination chinoise est le fruit d’un véritable effort national pour s’assurer d’une forte emprise du pays sur toute la stack IA. La Chine a lancé en mai dernier un « plan d’action » triennal visant à renforcer les normes dans les domaines des puces d’IA, de l’IA générative et à accroître la puissance de calcul nationale, dans le but de stimuler le développement technologique et économique du pays. Un effort pourtant handicapé par l’impossibilité pour la Chine d’accéder aux dernières technologies de GPU et CPU américains.
Dans le détail, les géants du numérique Chinois trustent les premières places. Et 13 entreprises Chinoises plus une organisation publique Chinoise figure dans le TOP 20.
IBM arrive quand même à se glisser à la cinquième position, Alphabet (Google) à la 8ème position et Microsoft à la 10 ème position.
Il n’y a pas que des entreprise qui déposent des brevets. Certaines universités le font également, même si ce n’est pas dans les habitudes des universités européennes. Et là encore la domination Chinoise est impressionnante. Seule une université Coréenne (5ème) et une université Américaine (l’UCLA en 10 ème) arrive à se glisser dans le TOP 10 !
Les universités européennes et les centres de recherches européens ne déposent pas de brevets par tradition. Mais ils publient, et beaucoup. Pourtant, là encore, la Chine écrase aussi le reste du monde par le nombre de ses publications scientifiques. Aucune université Française ne figure dans le TOP 20. Mais les Anglais, le Canada et le Japon arrivent à glisser quelques universités dans un TOP 20 des publications scientifiques dans lequel une seule entreprise figure : la très américaine Alphabet/Google arrive en 4ème position.
Un dernier classement vient cependant quelque peu sauver l’honneur de l’occident. Le nombre de citations dans les publications scientifiques permet en effet de relativiser les classements précédents en mettant en avant l’importance de certaines par rapport à d’autres. Et là, il n’y a pas photo. Les américains dominent largement le TOP 5 des citations. Leurs publications sont très souvent citées comme référence par les autres publications scientifiques mondiales. Alphabet/Google est même l’entreprise dont les publications autour de l’IA générative sont les plus souvent reprises. Preuve de l’indéniable impact de ses chercheurs dans ce domaine. D’autant qu’il faut aussi ajouter sa filiale DeepMind qui figuré séparément dans ce Top en 6ème position. On notera également que Meta (en 5ème place), NVidia (en 11 ème place), OpenAI (en 13ème place) et Microsoft (en 17 ème place) figurent également dans ce classement !
Des classements qui ne font pas honneur à l’Europe dont la recherche ne publie pas suffisamment et qui n’a pas la culture des brevets.
Pour autant, il est important de rappeler que la France a aussi des pépites IA : Mistral AI, H, LightOn, Giskard, Grizzly, BodyGuardAI, Agemia, Kyutai, Preligens… Les startups françaises sont celles qui ont levé le plus d’argent en Europe ces derniers mois. Certaines attirent l’attention des géants américains. Et nos chercheurs aussi sont particulièrement bien perçus. Dans un récent article, le magazine Fortune révélait que les grandes entreprises américaines allaient chercher leurs futurs talents IA dans les universités françaises et européennes, perçus comme les nouveaux Harvard et Stanford pour la formation IA. Bref, la France n’est pas dans les classements, mais ses IA rayonnent partout dans le monde. En espérant que cela dure…