NVidia domine le marché des accélérateurs de l’IA. Une domination trop écrasante pour ne pas attirer l’attention des autorités de régulation des marchés. Et selon Reuters, l’Autorité de la Concurrence française aurait Nvidia dans le collimateur alors que l’agence française vient justement de publier un rapport sur le fonctionnement concurrentiel du secteur de l’intelligence artificielle générative.

« Il y a une guerre de l’IA, et Nvidia en fournit les armes » expliquait il y a quelques semaines Yann Le Cun, le renommé responsable français de l’IA chez Meta, soulignant ainsi la domination écrasante de Nvidia sur le marché des puces pour l’intelligence artificielle (IA).

Une domination que l’Autorité française de la Concurrence commence à voir d’un très mauvais œil. Il est vrai que la croissance spectaculaire de l’entreprise en une année, avec une augmentation de plus de 57 % de son chiffre d’affaires et une valorisation boursière en hausse de plus de 450 %, qui a dépassé les 3000 milliards de dollars et en a fait la première capitalisation boursière du monde. Ces chiffres impressionnants reflètent à eux seuls la demande actuelle en matière de GPU et d’autres solutions d’accélération de l’IA. Mais ils cachent une réalité : cette performance dépasse de plus de quatre fois la valorisation combinée d’Intel et d’AMD.

Selon l’agence Reuters, l’Autorité de la concurrence française pourrait sévir et sanctionner le géant américain des semi-conducteurs pour des pratiques anticoncurrentielles.

Avec plus de 80% du marché de l’infrastructure IA, l’entreprise se retrouve en situation de quasi-monopole. Les accusations envisagées font par ailleurs suite à une perquisition menée en septembre dernier dans les bureaux français de Nvidia dans le cadre d’une enquête sur la suprématie des acteurs américains dans le Cloud qui entraverait la concurrence en Europe.

Dans un rapport publié le 28 juin sur le marché de l’IA générative, l’Autorité de la concurrence mentionne explicitement Nvidia et voit dans sa position dominante un risque réel pour le marché européen de l’IA ET du Cloud. « L’Autorité constate plusieurs risques potentiels tels que des fixations des prix, des restrictions de la production, des conditions contractuelles déloyales ou des comportements discriminatoires » explique le rapport. Le régulateur y fait aussi part de ses « préoccupations relatives à la dépendance du secteur envers le logiciel de programmation de puces CUDA de Nvidia (seul environnement parfaitement compatible avec les GPU devenus incontournables pour le calcul accéléré) ».

La France n’est pas seule à s’intéresser de près aux pratiques de Nvidia. L’Union européenne examinerait également la situation du fabricant de GPU pour déterminer si des mesures correctives sont nécessaires. Aux États-Unis, le Département de la Justice préparerait une enquête pour évaluer si Nvidia a franchi la ligne rouge du monopole.

Ces enquêtes se multiplient alors que la concurrence semble enfin se réveiller. AMD propose sa série de GPU MI300, Intel vient de lancer ses accélérateurs Gaudi3, et Cerebras tente de se tailler une part du gâteau avec CS-3. Parallèlement, les hyperscalers américains ont aussi développé leurs propres accélérateurs d’IA avec les TPUv5 chez Google, Trainium2 et Inferentia2 chez AWS ou encore Maia100 chez Microsoft Azure.
Le problème, c’est que l’Europe a bien du mal à trouver sa place sur ce marché malgré les innovations de l’anglais Graphcore et celles des Français Prophesee (très spécialisé dans la Computer Vision) et surtout Greenwaves.

 

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