À force de s’envoler, NVidia a fini par atteindre la stratosphère. Voilà une image qui résume bien les résultats du fournisseur n°1 des moteurs de l’IA. Pour donner une idée, les bénéfices nets trimestriels de NVidia équivalent presque les CA trimestriels cumulés d’Intel et AMD !
Les estimations des analystes étaient très élevées, voire audacieuses. Pourtant, les résultats publiés par NVidia pour le premier trimestre calendaire 2024 (clôturé le 28 avril, en réalité son 1er trimestre fiscal 2025) les dépassent allégrement. Preuve que malgré les velléités d’AMD et Intel de s’affirmer en concurrent, les envies d’autonomie des hyperscalers avec leurs puces maison et les ruptures de stock du marché GPU, les accélérateurs de NVidia restent le principal moteur d’apprentissage et d’inférence des IA génératives qui envahissent notre quotidien.
Pour son premier trimestre 2024, le Chiffre d’Affaires de NVidia s’envole de nouveau de 262% (par rapport à Q1-2024) à 26 milliards de dollars (soit 18% de mieux qu’au précédent trimestre record – Q4-2023). Sur ces 26 milliards, 22,6 milliards proviennent de la division Data Center qui fournit les GPU des serveurs des entreprises, des principaux HPC et des hyperscalers du cloud.
Le bénéfice net trimestriel s’élève à 14,8 milliards de dollars en croissance de 628% par rapport au premier trimestre de l’an dernier.
Bien évidemment, comparé le premier trimestre 2023 (ChatGPT venait de tout bouleverser, Bing IA et Google Bard étaient annoncés, mais non disponible) au premier trimestre 2024 (alors que l’IA est omniprésente) n’a pas grande signification.
« La croissance de notre division Data Center est alimentée par une demande forte et accélérée pour l’entraînement et l’inférence de l’IA générative sur notre plateforme Hopper », explique Jensen Huang, CEO de NVidia, dans un communiqué. « Au-delà des fournisseurs de services cloud, l’IA générative s’est étendue aux entreprises de l’internet grand public, ainsi qu’aux clients de l’IA souveraine, de l’automobile et de la santé, créant de multiples marchés verticaux de plusieurs milliards de dollars. »
Avec ses 2,6 milliards de dollars, la division Gaming (autrefois moteur de l’activité de la marque) se contente d’une croissance sur un an de 18%. Les divisions des GPU pour Workstation (« Professional Visualization ») et pour l’automobile (« Automotive & Robotics ») paraissent naines en comparaison de la division « Data Center » avec leurs CA trimestriels respectifs de 427 millions de dollars (en croissance de 45%) et 329 millions de dollars (en croissance de 11%).
Un gros split des actions
Sans surprise, à l’annonce des résultats, l’action NVidia s’est à nouveau envolée pour dépasser pour la première fois le plafond des 1000$ l’action. Ce qui porte sa capitalisation au-dessus de la barre des 2 500 milliards de dollars.
Dans la foulée, pour conserver son dynamisme sur les marchés, l’entreprise a annoncé un fractionnement de ses actions à raison de 10 pour 1.
Suivant en cela certain de ses homologues du secteur des grandes technologies qui distribuent des paiements trimestriels plus élevés à leurs actionnaires, NVidia a également annoncé une augmentation de son dividende.
Bientôt des processeurs pour Copilot+ PC ?
Bien évidemment, une telle ascension ne peut se perpétuer à l’infini. Les géants de la Tech ont atteint leurs plafonds en termes d’investissements IA et ne pourront guère aller au-delà (à titre d’exemple, Microsoft a réalisé pour 50 milliards d’investissements cloud & IA sur les 12 derniers mois). NVidia s’attend ainsi à une croissance de son CA de « seulement » 2% pour le second trimestre 2024, soit un CA trimestriel de 28 milliards de données (qui resterait supérieur aux 26,6 milliards anticipés par les analystes). Néanmoins tous les feux restent au vert. « Nous sommes prêts pour notre prochaine vague de croissance. La plateforme Blackwell est en pleine production et constitue la base pour l’IA générative à l’échelle du trillion de paramètres. Spectrum-X ouvre un tout nouveau marché pour nous permettre d’apporter l’IA à grande échelle aux centres de données Ethernet uniquement. Et NVIDIA NIM est notre nouvelle offre logicielle qui fournit une IA générative optimisée de niveau entreprise pour fonctionner sur CUDA partout – du cloud aux centres de données sur site et aux PC RTX AI – grâce à notre vaste réseau de partenaires de l’écosystème » a d’ailleurs rappelé Jensen Huang.
Toutefois, NVidia aimerait trouver aussi de nouveaux leviers de croissance, donc de nouveaux terrains de jeu, et semble ne pas vouloir laisser le marché des « Copilot+ PC » à Qualcomm.
Alors que la rumeur de l’intérêt de NVidia pour Windows et les processeurs PC courre depuis plus d’un an, Jensen Huang a glissé lors d’une conférence post-annonce des résultats que « l’arrivée des Copilot+ PC ouvre de nouvelles opportunités d’innovation » relançant d’autant les rumeurs de l’arrivée en 2025 chez NVidia d’un processeur PC ARM combinant « CPU, GPU et NPU » au sein d’une même puce pour concurrencer les Snapdragon X de Qualcomm.