JET Blue, le moteur de stockage au cœur de Windows et Exchange, est désormais placé en open source. Une surprise qui reflète une nouvelle fois les changements internes à l’entreprise.

.Net, WinUI, Terminal, Calculator, Notepad… À force de placer les unes après les autres les différentes briques de Windows en open source, Microsoft finira bien un jour à avoir tout son célèbre système ouvert à tous… d’ici quelques dizaines d’années peut-être…

Cette semaine, l’éditeur a en effet annoncé verser en open source (sous la très permissive licence MIT) son moteur de base de données ESE (Extensible Storage Engine). ESE est plus connu sous son nom d’origine « JET Blue », JET étant l’acronyme de Joint Engine Technology.

Et cette brique méconnue est tout sauf anodine. Elle est au cœur de Windows, de Windows Server, de Exchange Server et de … Microsoft Access !

JET ou ESE est en effet la brique de stockage de donnée au cœur d’Access mais aussi d’Active Directory ! Bref, une pièce historique et totalement fondamentale de l’histoire de Microsoft et de Windows. Une brique toujours au cœur de Windows Server 2019 et de Windows 10.

Certes, il existe en réalité deux versions différentes de JET : JET Blue désormais dénommé ESE sur laquelle s’appuie Windows et notamment l’Active Directory et JET Red la version utilisée par Microsoft Access (désormais pour ainsi dire oubliée).

ESE est une technologie de stockage permettant aux applications de stocker et récupérer de l’information enregistrée au sein de tables autorisant une navigation par index ou séquentielle. Le moteur a ses limitations. Une « information » ne peut dépasser 1 Mo et la base elle-même n’est pas conçue pour supporter plus d’un Tera-octet de données (même s’il est possible d’aller au-delà).

Microsoft, désormais défenseur de l’open source

Cette annonce est faite quelques jours après la publication d’un billet de blog de Sarah Novothny, Open Source Lead au Bureau du CTO d’Azure, rappelant à quel point la culture open source était fondamentale dans le monde technologique d’aujourd’hui et comment l’éditeur continuait « à apprendre, à grandir et à gagner sa place dans l’open source ». Microsoft reconnaît avoir beaucoup appris de son engagement accru dans le monde open source et cherche désormais à convaincre les autres éditeurs et les entreprises que l’open source est le meilleur modèle de collaboration entre les entreprises. « Il y a quelques années, si vous vouliez réunir plusieurs grandes sociétés technologiques pour les aligner sur une initiative logicielle, établir des normes ouvertes, ou vous entendre sur une politique, cela nécessiterait souvent plusieurs mois de négociations, de réunions, de débats, d’allers et retours avec des avocats… L’adoption de l’open source a complètement changé la donne : c’est désormais le modèle largement accepté par l’industrie pour la collaboration interentreprises ».

Rappelons que Microsoft a aujourd’hui rejoint la Linux Foundation, l’OSI (Open Source Initiative), a créé l’OSSF (Open Source Security Foundation) avec Google et IBM notamment, et est devenue l’un des principaux contributeurs de projets open source comme Chromium par exemple. « Rien qu’en 2020, Microsoft a participé à des dizaines de groupes industriels, d’associations et d’initiatives allant d’organisations établies de longue date, comme la Linux Foundation et la Fondation Apache, à de nouvelles communautés émergentes comme Rust et WebAssembly » rappelle Sarah Novothny. Elle rappelle également que « l’année 2020 a fondamentalement changé la façon de travailler des équipes mais, pour ceux d’entre nous profondément engagés dans l’open source, le travail à distance est une norme depuis de nombreuses années parce que les communautés open source sont vastes, mondialement réparties, et engagent à une collaboration efficace des développeurs à travers le monde. »