Les grandes sociétés de l’IT et de l’internet s’intéressent de très près aux applications du big data dans le domaine de la santé : IBM a signé un partenariat avec Novo Norsdk, Google avec Sanofi et Amazon avec Pfizer et Novartis.
C’est en septembre dernier que l’offensive d’IBM avec Watson dans la santé s’est concrétisée avec la création du siège mondial IBM Watson Health à Cambridge (Massachussetts) piloté par Deborah DiSanzo, ex CEO de Philips Healthcare.
En avril, IBM a lancé « Watson Health Cloud », une plate-forme sécurisée pour les médecins, les chercheurs, les assureurs et les entreprises spécialisées dans les solutions de santé et de bien-être. Cette plateforme, conforme à la loi HIPAA (loi américaine sur la santé et l’assurance maladie), vise à proposer un accès sécurisé aux informations individualisées et à une vue complète des nombreux facteurs qui peuvent affecter la santé des personnes. A cette occasion, IBM annonçait des partenariats avec Johnson & Johnson et Medtronic pour renforcer l’utilisation d’appareils médicaux afin de collecter des données, les analyser et apporter des enseignements et procédait aux acquisitions d’Explorys et Phytel pour compléter son offre Analytics dans la santé.
Peu après, IBM poursuivait le développement d’IBM Watson Cloud avec l’introduction de deux nouvelles solutions : Watson Health Cloud for Life Sciences Compliance et l’Watson Care Manager.
Watson Health Cloud for Life Sciences Compliance aidera les entreprises biomédicales à introduire plus efficacement leurs innovations médicales sur le marché tandis que Watson Care Manager est une solution de santé publique qui intègre exclusivement des solutions de Watson Health, et les ResearchKit et HealthKit d’Apple, des composants logiciels conçus par Apple pour faciliter les projets de recherche scientifiques et cliniques en exploitant les capacités des iPhone.
Novo Nordisk est un laboratoire pharmaceutique danois spécialisée dans les traitements contre le diabète mais aussi dans l’hémostase, l’hormone de croissance et dans les traitements hormonaux. L’accord avec IBM concerne en priorité la lutte contre le diabète, un des fléaux mondial de santé actuel.
Le diabète est une maladie chronique qui survient lorsque le pancréas n’est plus en mesure de secréter de l’insuline ou lorsque l’organisme ne peut utiliser efficacement l’insuline qu’il produit. L’insuline est une hormone sécrétée par le pancréas dont le rôle essentiel est de permettre au glucose provenant de l’alimentation de passer dans la circulation sanguine et d’entrer dans les cellules où il est transformé en énergie. Tous les glucides sont dégradés en glucose dans le sang. L’insuline permet au glucose de pénétrer dans les cellules.
L’incapacité à produire de l’insuline ou à l’utiliser efficacement entraîne une augmentation des concentrations de glucose dans le sang (ou hyperglycémie). À terme, l’hyperglycémie provoque des lésions et des dysfonctionnements graves de différents organes et tissus.
Selon la dernière édition de l’Atlas du diabète de la Fédération internationale du diabète (IDF), publiée à l’occasion de la Journée mondiale du diabète, le nombre de personnes atteintes de diabète passera de 382 millions à 592 millions à l’horizon 2035. Aux Etats-Unis, le diabète figure parmi les 5 maladies chroniques les plus graves et coûterait 12 % des dépenses de santé. Les conséquences de cette maladie sont multiples : complications cardiovasculaires, problèmes rénaux, attaque du réseau nerveux, cécité…
L’accord entre IBM et Novo Nordisk permettrait d’utiliser les services de Watson pour améliorer le traitement de cette maladie notamment grâce à une meilleure prise de l’insuline. Watson permettra d’analyser les données à grande échelle dans ce domaine. Watson aurait déjà quelque 50 millions de données de santé anonymisées constituant un champ de recherche très important.
Dans une note récente (IBM: Will Big Data Analytics + Big Pharma = Big Profits?), le cabinet PLM Investments se livre à quelques calculs pour mesure les retours que pourrait avoir un tel investissement. Les coûts annuels liés aux diabète aux Etats-Unis sont de l’ordre de 200 milliards de dollars… Une réduction de 10 % représente une économie de 20 milliards de dollars environ 70 dollars par Américain. Novo Nordisk réalise un chiffre d’affaires de 15 milliards de dollars. A supposer que Watson permette à l’entreprise d’augmenter ses ventes de 20 % avec une marge opérationnelle de 30 %, cela donne un supplément de 1 milliard de dollar pour l’utilisation des services de Watson. Bien sûr, c’est là un raisonnement qui s’apparente plus à la fable de La Fontaine La Laitière et le Pot au lait que d’un véritable business model.
Google avec Sanofi et Novartis
C’est aussi le diabète qui était visé avec l’accord signé en août dernier entre Sanofi et la Division Sciences de la vie de Google. La collaboration entre le laboratoire pharmaceutique français et le géant de l’Internet vise à améliorer la prise en charge et les résultats cliniques des personnes atteintes de diabète de type 1 et de type 2 en associant l’expertise de Sanofi dans le domaine des traitements et des dispositifs médicaux dans le diabète à celle de Google en matière d’analyse de données, d’électronique miniaturisée et de puces de faible puissance.
Les deux entreprises étudieront les moyens d’améliorer la prise en charge du diabète en développant de nouveaux outils qui rassemblent un grand nombre d’aspects, auparavant cloisonnés, de la gestion du diabète, et de permettre de nouveaux types d’interventions. Cela comprend les indicateurs de santé tels que la glycémie sanguine et les niveaux d’hémoglobine, les informations rapportées par les patients, les régimes médicamenteux et les dispositifs de détection.
« Nous vivons actuellement une pandémie mondiale du diabète et il très encourageant de voir des acteurs innovants des mondes de la santé et de la technologie chercher à fournir des outils de pointe et des technologies permettant l’amélioration des soins, pour aider les personnes atteintes de diabète à gérer leur maladie, 24h/24 et 7j/7 », avait déclaré John L. Brooks, Président du Joslin Diabetes Center, partenaire de cette collaboration. « La technologie, les capteurs, les analyses et les solutions numériques vont révolutionner la façon dont les taux de glycémie sont gérés. Ce qui offrira une meilleure qualité de vie, réduira le risque de complications, abaissera les coûts et les obstacles associés à la prise en charge du diabète ».
C’est également avec Google que Novartis avait conclu quelques moins plus tôt l’accord de licence sur la technologie « smart lens » pour toutes ses utilisation s dans le domaine médical oculaire. Cette technologie couvre des senseurs non invasifs, des puces électroniques et de l’électronique miniaturisée intégrés dans des lentilles de contact. Ces lentilles doivent permettre de mesure le taux de diabète des personnes qui les auront chaussées.