Le bras de fer entre le FBI et Apple se termine un peu comme en queue de poisson car le FBI a indiqué avoir réussi à craquer le code de l’iPhone avec l’aide d’un tiers mais le débat sur la confidentialité et la sécurité est loin d’être terminée.

Le ministère de la Justice a demandé à  un juge fédéral de tribunal de Californie de retirer sa demande pour forcer Apple à l’aider à craquer un iPhone, après que le FBI a affirmé qu’il avait réussi à accéder aux données sur le terminal. Le smartphone en question appartenait à l’un des tireurs dans un massacre à San Bernardino.

Une audience a été reportée la semaine dernière après que le FBI avait déclaré que société avait fait un pas en avant offrant de trouver une porte dérobée pour accéder aux données du smartphone. Il s’agirait de la société israélienne spécialisée dans la sécurité Cellebrite. Que ce soit à la suite de la participation ou non de la société israélienne, le FBI semble avoir obtenu ce qu’il voulait.

Apple, cependant, est resté sur ses positions de refus d’obtempérer. « Dès le début, nous nous sommes opposés à la demande du FBI, avait déclaré la firme à la pomme, parce que nous croyions que c’était erroné et créerait un précédent dangereux ». On ne sait pas si le FBI va réutiliser la même technique à nouveau avec d’autres téléphones dans d’autres enquêtes, ou encore si la méthode elle-même peut être réutilisable sur d’autres appareils.

D’une manière générale, les principales sociétés de technologie avaient soutenu Apple dans cette bataille avec le FBI, en faisant valoir que la pression du gouvernement pour contourner la sécurité de l’utilisateur doit être combattue. Avec des voix discordantes telles que celles de Bill Gates ou Mark Zuckerberg qui, eux, ont soutenu le FBI.

30 FBI Apple 1La semaine dernière, dans une longue interview avec Time Magazine (Apple CEO Tim Cook on his fight with the FBI and why he won’t back down), Tim Cook, qui pense que c’est l’âge d’or de la surveillance et que plus d’informations sur chacun d’entre nous est disponible qu’il y a seulement cinq ans, a déclaré « qu’il était temps pour les États-Unis de définir, en tant que Nation, à quelles données le gouvernement devrait avoir accès ». Le patron d’Apple, qui indique ne pas avoir échangé sue le sujet avec Barack Obama, considère que le FBI a choisi ce cas de terrorisme de San Bernardino car il pensait pouvoir gagner grâce à l’émotion qui l’accompagne et ainsi faire jurisprudence. L’idée de sacrifier sa liberté pour sa sécurité signifie en fait l’abandon de liberté. « Ma vision est le chiffrement est une bien meilleure solution et je ne suis pas le seul à le penser, Michael Hayden qui dirige la NSA partage ce point de vue ».

Les deux parties en cause, le ministère de la justice d’un côté et Apple de l’autre ont clairement indiqué que si l’affaire de San Bernardino était close, le débat sur le problème de fond posé n’était certainement pas terminé.

C’est l’avis d’Antoine Chéron, avocat spécialisé en propriété intellectuelle et NTIC, fondateur du cabinet ACBM, qui malgré « cette fin de la bataille entre Apple et le FBI dans l’affaire San Bernadino, le débat sur le chiffrement des données n’est néanmoins pas clos. Certes le FBI a levé l’injonction faite à Apple d’apporter une assistance technique raisonnable » aux autorités fédérales. Il a en effet annoncé être parvenu à accéder au contenu crypté de l’iPhone d’un des auteurs présumés de la fusillade de San Bernadino, sans l’appui de la multinationale. Les circonstances autour de la découverte d’une méthode de déchiffrement restent encore floues. Certains prétendent qu’un hacker aurait contacté le FBI, d’autres que ce dernier aurait directement mis la start-up israélienne Cellebrite sur le coup.

Si cette annonce sonne comme une trêve entre les groupes de la Silicon Valley et le gouvernement américain, le bras de fer continue. En effet, Apple et maintenant WhatsApp sont impliquées dans d’autres affaires similaires. Le gouvernement brandit le All Wrist Act à l’application duquel fait grief le droit au respect de la vie privée, défendu par ces sociétés. En réalité, face à un dispositif législatif inadapté au chiffrement des données, il utilise la voie judiciaire pour provoquer in fine une prise de position du Congrès. ».