Dans l’industrie, la digitalisation n’est plus un luxe, mais une nécessité : flexibilité, traçabilité et optimisation des coûts sont au cœur des défis actuels. Pourtant, si certaines entreprises sont déjà bien engagées, d’autres, notamment les PME, peinent à suivre. L’Industrie 5.0 se profile à l’horizon, promettant une collaboration plus poussée entre l’humain et l’intelligence artificielle.

L’évolution des chaînes de valeur, la pression croissante pour une production durable et l’accélération des technologies telles que l’intelligence artificielle et l’Internet des objets redéfinissent de manière fondamentale les modèles industriels. Face à ces changements, les entreprises industrielles doivent adapter leurs outils et processus pour rester compétitives face à des exigences toujours plus fortes en matière de flexibilité, de traçabilité et d’efficience énergétique.

Les défis actuels, qu’il s’agisse de la volatilité des coûts, des tensions géopolitiques ou des nouvelles réglementations environnementales, imposent aux entreprises industrielles une capacité d’adaptation sans précédent. Ce n’est plus une question de savoir si l’Industrie 4.0 est importante, mais de savoir comment l’adopter rapidement et efficacement pour rester compétitif. Alors que certains se lancent à peine dans cette transition, d’autres, particulièrement dans les secteurs de pointe, sont déjà en train de penser à l’avenir de l’industrie, avec l’émergence d’une Industrie 5.0 intégrant une collaboration plus poussée entre l’humain et l’IA.

Industrie 4.0 : une adoption inégale en France, un défi majeur pour les PME/TPE

Si la transformation numérique est un levier stratégique, son adoption reste inégale dans l’industrie française. En 2024, 66 % des entreprises se déclarent « matures » sur ces technologies, mais seulement 39 % des PME, selon le Baromètre Wavestone de l’Industrie 4.0. Beaucoup peinent encore à s’équiper d’outils adaptés pour centraliser et analyser leurs données de production en temps réel.

Bien que nécessitant un investissement initial en formation et en capital, les solutions numériques sont essentielles pour moderniser le secteur, optimiser les ressources, réduire les coûts et accroître la réactivité face aux aléas du marché. Des groupes comme Airbus ont déjà intégré des systèmes avancés pour harmoniser leurs processus et mieux coordonner leurs chaînes d’approvisionnement.

La prise de conscience des avantages du numérique dans les petites et moyennes entreprises se fait plus lentement. Toutefois, selon le baromètre 2024 de France Num, 42 % des dirigeants de TPE et PME estiment désormais que le numérique est un levier de rentabilité, contre 39 % l’année précédente. Cette évolution témoigne néanmoins d’une adoption croissante des outils numériques, perçus de plus en plus comme essentiels à la compétitivité des entreprises, même à une échelle modeste.

Pour ces entreprises, l’adoption progressive d’outils numériques adaptés à leurs besoins permet de centraliser la production et d’optimiser la gestion des opérations. Cette transition est cruciale pour rester compétitif tout en maîtrisant les coûts. Dans un environnement en perpétuelle évolution, l’agilité et la capacité d’adaptation sont essentielles pour garantir la pérennité et la croissance des entreprises, quelle que soit leur taille.

La modernisation des outils de gestion et des processus de production devient incontournable…

Les sous-traitants industriels, souvent acteurs essentiels des chaînes de production, vont devoir intégrer ces technologies dès aujourd’hui pour ne pas se retrouver à la traîne. Si certaines entreprises ont déjà intégré des systèmes avancés pour optimiser leurs chaînes d’approvisionnement, de nombreuses autres doivent encore se mettre à niveau. En France, seules 64 % des entreprises manufacturières utilisent des outils numériques avancés tels que la maintenance prédictive et l’automatisation pour améliorer leurs processus, toujours selon le Baromètre Wavestone. L’accélération de cette transformation numérique devient donc un impératif stratégique pour préserver la compétitivité à l’échelle internationale.

Les systèmes numériques avancés, intégrant des capacités d’analyse et d’automatisation, permettent non seulement de réduire les coûts énergétiques et d’améliorer les rendements, mais aussi d’anticiper les pannes avant qu’elles n’affectent la production, en partie grâce aux capteurs IoT, à l’IA, et à d’autres technologies innovantes. Cette transformation est d’autant plus cruciale pour les PME, qui constituent une part importante du tissu industriel français.

Vers l’industrie 5.0 : transcender la frontière entre l’homme et la machine

D’ici 2032, le marché de l’industrie 5.0 devrait peser 600 milliards de dollars, avec un taux de croissance de 31,5 % sur la période 2024-2032, selon Global Market Insights. Là où l’industrie 4.0 repose sur l’automatisation poussée des processus, l’industrie 5.0 introduit une couche supplémentaire fondée sur l’interaction entre la technologie, l’humain et la créativité.

Cette évolution vise à intégrer des outils comme l’IA collaborative, l’IA prédictive et les jumeaux numériques pour optimiser les opérations industrielles. Cette synergie apporte des bénéfices majeurs : amélioration de la productivité, personnalisation accrue des productions, flexibilité renforcée face aux demandes du marché et compétitivité accrue. En permettant aux opérateurs de rester au cœur des décisions tout en bénéficiant des suggestions des systèmes intelligents, l’industrie 5.0 allie technologie et savoir-faire.

Les entreprises, de plus en plus connectées et digitalisées, anticipent déjà cette mutation. L’industrie de demain sera innovante, agile, mais aussi engagée sur le plan social et environnemental. En misant sur l’alliance entre l’humain et la technologie, cette transformation redéfinit les modèles économiques et ouvre une nouvelle voie vers la performance. Toutefois, son succès dépendra d’une intégration efficace à tous les niveaux, tant au sein des entreprises qu’à l’échelle des politiques industrielles nationales et européennes.
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Par Pierre Hartmann, Senior Pre-sales chez Forterro

 

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