Le fournisseur de services cloud Rackspace et Google travaillent au développement d’un serveur motorisé sur le Power 9 d’IBM pour leurs propres data centers.

Les data centers géants des fournisseurs de services cloud ont des besoins sans limites en matière de traitement, stockage et réseaux et sont à l’affût de moindre de performances pour les machines qu’ils utilisent. Jusqu’ici, Google utilisait des serveurs conçus en interne mais basés sur les microprocesseurs Xeon d’Intel. En 2013, IBM décide d’ouvrir son architecture Power et crée l’OpenPower Foundation dont Google est l’un des 5 cofondateurs avec IBM, NVIDIA, Mellanox et Tyan (Alliance autour des data centers). Pour Google, l’objectif était d’explorer les possibilités de trouver une alternative aux microprocesseurs Intel qui montrent certaines limitations.

Bien sûr, dans cette course à la performance, chacun des deux fournisseurs de microprocesseurs peut prendre un certain avantage sur son concurrent. Donc à quoi bon changer. En fait, Google comme ses pairs sont à la recherche du moindre gain de performance. Urs Hölzle, senior vice president of technical infractructure, rapportait au magazine The Platform qu’il était prêt à changer de processeur pour ses systèmes dès que celui apportait un avantage prix/performance supérieur de 20 %, cela même pour une seule génération.

Quelques mois après la création de l’OpenPower Foundation, Google a fait savoir qu’elle était intéressée par l’architecture Power pour développer ses futurs systèmes, notamment Power 8 offre beaucoup de mémoire et une bande passante élevée. A l’occasion de la conférence OpenPower Summit qui s’est tenu semaine à San Jose (Californie) (Annonces d’IBM au OpenPOWER Summit), Maire Mahoney, responsable de l’ingénierie chez Google et directeur de l’OperPower Foundation, a confirmé que Google avait des machines Power 8 dans ses data centers et qu’elle travaillait avec Rackspace au développement d’un futur serveur utilisant le futur processeur Power 9 qu’IBM devrait introduire dans le milieu de l’année prochaine.

8 OpenPower 1

8 OpenPower 3

Baptisé du nom de code Zaius, et co-développé avec Rackspace, ce futur serveur utilisera deux processeurs Power 9 à 24 cœurs et qui auront tous les deux des systèmes d’interconnexion NVLink et des contrôleurs de périphériques PCI-Express 4.0 qui supportent l’accélérateur CAPI (Coherent Accelerator Processor Interface).

Le serveur qui sortira de ces développements comportera 32 slots de mémoire DDR4 pour des barrettes de 64 Go portant la mémoire vive totale à 2 To. Le processeur qui sera utilisé est le Power SO (SO pour Scale Out) et en distinct du Power SU (Scale Up) utilisé par IBM et d’autres partenaires de l’OpenPower Foundation pour construire des machines NUMA[1]. Google est plus intéressé par des serveurs de type scale-out qui permettent d’étoffer ses  data centers au fur et à mesure que des besoins proposés (recherche sur Internet, Messagerie Gmail, YouTube…). La carte qui sera construite pourra s’insérer dans des racks standards 19 pouces.

8 OpenPower 2Zaius co-développé par Google et Rackspace à base de puce Power9 d’IBM

De son côté, Rackspace qui avait développé un serveur autour du Power 8 baptisé Barreleve a indiqué qu’il était commercialisé par des fournisseurs tels que Penguin Computing et Stack Velocity et installé dans ses propres data centers.

Ces initiatives montrent qu’IBM est toujours au cœur de l’innovation et ce malgré son désengagement de l’activité matériel – qui représente moins de 10 % de son activité – et son évolution presque à marche forcée vers le logiciel et les services. IBM a cédé son activité serveurs x86 qu’elle qualifie de commodités pour se consacrer plus pleinement sur sa propre architecture Power lancée au début des années 90. Egalement que les grands fournisseurs de cloud qui utilisent des data centers géants travaillent directement au développement de leurs systèmes pour répondre à leurs besoins qui sont très particuliers. Elles montrent également que l’architecture Power est une alternative plus sérieuse que celle basée sur les processeurs ARM.

 

 

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[1] Un système NUMA (pour Non Uniform Memory Access) est un système multiprocesseur dans lequel les zones mémoire sont séparées et placées en différents endroits (et sur différents bus). Vis-à-vis de chaque processeur, les temps d’accès diffèrent donc suivant la zone mémoire accédée.

Le système NUMA est conçu pour pallier les limites de l’architecture SMP (symmetric multiprocessing) dans laquelle tout l’espace mémoire est certes accessible par un unique bus, mais rend de ce fait inefficaces, par encombrement, les accès concurrents par les différents processeurs.