Alors que l’influence de Bill Gates et de Steve Ballmer va en diminuant sans disparaître, Microsoft est toujours à la recherche de son futur patron.

Bill Gates, qui consacre le plus de son énergie à sa fondation Bill & Melinda Gates, se déleste régulièrement de son portefeuille d’actions de la société qu’il a créée en 1975. Sur la dernière décennie, Bill Gates vend chaque année à 80 millions d’actions selon la SEC (Securities and Exchange Commission) pour abonder sa fondation. De telle sorte qu’il ne possède plus que quelque 350 000 actions contre plus d’un milliard en 2004, juste devant Steve Ballmer qui en détient encore un peu plus de 330 000. Bill Gates a toujours été le premier investisseur de la firme de Seattle. A eux deux, Steve Ballmer et Bill Gates détiennent 8,3 % du capital de Microsoft.

Sur la base des actions vendues vendredi dernier, Bill Gates est redevenu l’homme le plus riche de la planète avec une fortune estimée à 78 milliards de dollars. Pour donner une idée de ce chiffre un peu abstrait, cela représente environ une année de chiffre d’affaires de Microsoft.

Certes, l’influence de Bill Gates sur la direction de l’éditeur va au-delà de sa simple participation au capital tant il est devenu une icone et personnifie l’entreprise qu’il a créée avec Paul Allen. Mais c’est c’est peut-être là où le problème pointe. Comment exercera-t-il son rôle de chairman dans l’ère de l’après Steve Ballmer. Déjà en octobre, trois des 20 plus importants investisseurs avaient indiqué à l’agence Reuters qu’ils avaient demandé au conseil d’administration de se départir de Bill Gates (Après Steve Ballmer, Bill Gates ?). Une des raisons affichées est qu’ils craignaient qu’il bloque l’embauche d’un nouveau CEO désireux de changer en profondeur la stratégie de l’entreprise et le force à exécuter celle décidée par Steve Ballmer l’année dernière sous le label « devices and services ».

Dans un article publié vendredi dernier (Why Microsoft Hasn’t Yet Chosen a New CEO), le Wall Street Journal ajoute à ce tableau en expliquant pourquoi l’éditeur n’a pas encore trouvé le successeur de Steve Ballmer. La raison en serait une « dynamique étrange qui meut le conseil d’administration : un fondateur qui pense savoir tout mieux que quiconque, un CEO qui a démissioné sous la pression d’un souhait de changement plus rapide mais deviendra prochainement un actionnaire influent ».

Certes, Steve Ballmer avait bien indiqué qu’il serait remplacé au plus tard à l’été 2014, mais les membres du conseil d’administration espéraient trouver son successeur avant la fin 2013. La tâche s’avère donc plus ardue que prévue. « Aucun candidat au poste de patron de Microsoft ne souhaite avoir son prédécesseur pour donner un deuxième avis sur toute décision », explique Jean-Louis Gassée cité par le WSJ. Par ailleurs, Microsoft n’a pas encore indiqué si Bill Gates et Steve Ballmer resteraient membres du conseil d’administration lorsque le futur CEO sera en place. Certes, Steve Ballmer est toujours le CEO en place mais alors qu’il allait ou avait annoncé sa décision de prendre sa retraite, il a pris deux décisions majeures engageant lourdement l’avenir de l’entreprise : une réorganisation majeure en juillet (L’état de l’Union Microsoft)et le rachat de l’activité téléphonie mobile de Nokia.

Et à nouveau, les membres actuels ont renouvelé leurs préoccupations sur l’influence persistante de ces deux figures historiques de l’entreprise. « C’est vraiment une très mauvaise idée d’avoir un ancien CEO siégé au Conseil d’administration », affirme Henry McKinnell, ancien CEO du laboratoire Pharmaceutique Pfizer cité également par le WSJ. Curieusement, Alan Mullaly, CEO de Ford (Une interview d’Alan Mulally, possible CEO de Microsoft), longtemps présenti comme l’un des successeurs possibles, a été dans une situation analogue avec la présence au Conseil d’administration de Bill Ford Jr, président exécutif du conseil d’administration, ex-CEO et membre de la famille fondatrice de l’entreprise.

Alors qu’il n’a pas encore publié les résultats du second trimestre de l’exercice 2014, Microsoft a indiqué par la voix de Dave O’Hara, directeur financier de l’Application and Services Group, que l’activité services en ligne centrée sur le moteur de recherche Bing allait atteindre l’équilibre pour la première fois. Cela fait des années que Microsoft investit des milliards de dollars dans cette activité sans en récolter vraiment les fruits. Il est vrai que la concurrence de Google écrase tout sur son passage. Mais, entre janvier 2011 et Novembre 2013, la part de marché de Bing est passée selon le cabinet Comscore de 13 à 18 %. Une des raisons de cette soudaine embellie est à trouver dans une plus grande intégration de Bing avec les autres produits du catalogue : Windows 8, Office 365…