Désormais, la dépendance à un seul fournisseur cloud peut s’avérer coûteuse et risquée. Dès lors, la portabilité des applications et des données hébergées dans le cloud devient cruciale. Alors que les entreprises cherchent à maximiser leurs investissements dans le cloud, la capacité à naviguer librement entre les plateformes devient un atout inestimable. Voici quelques conseils pour combiner agilité et indépendance dans un cloud souvent plus captif que natif…

En 2021, 30 % des dépenses liées au cloud étaient gaspillées. En 2023, la proportion des dépenses non exploitées demeure d’un tiers, avec toutefois une attention plus forte portée à la structuration des dépenses cloud admises par nombre de décideurs IT. Toutefois, avec les premières conséquences de la récession économique mondiale et dans le même temps une constante augmentation des besoins cloud, les entreprises doivent porter davantage d’attention à l’examen de la dépense elle-même.

Les entreprises utiliseraient en moyenne deux services cloud différents en 2023. Toutefois, si la question se pose fréquemment de cumuler les fournisseurs, celle des économies et d’un usage différencié en fonction des fournisseurs est tout aussi importante. Notamment en matière de performances. L’heure est aujourd’hui à l’adoption d’une approche plus nuancée et optimisée de la gestion du cloud, qui n’est finalement pas aussi difficile que le terme FinOps le laisse penser.

Cloud natif = portabilité ? L’assomption n’est pas vraie

Trop souvent, les produits et services propriétaires basés sur le cloud sont liés, voire étiquetés comme étant dans le contexte du « cloud natif », ce qui peut être considéré comme vrai sur la base des modèles de conception, mais cela se traduit par des applications qui sont elles aussi « natives de la plateforme ». Mais qu’est ce que cela signifie vraiment ?

D’après la Cloud Native Computing Foundation, l’informatique dématérialisée ou en mode cloud se résume à une approche de développement et de déploiement rapides qui utilise la technologie pour tirer parti de l’élasticité, de l’agilité, des capacités de mise à l’échelle et de la flexibilité des ressources à la demande dans des environnements dématérialisés publics, privés et hybrides.

Ainsi, la majorité des entreprises développent aujourd’hui des applications avec une conception « native du cloud », en utilisant des conteneurs, des services managés et des maillages d’autres services, mais elles sont en réalité construites dans l’espace clos d’une plateforme cloud unique, et non d’un cloud natif. Les applications qu’elles exécutent dans ce cloud utiliseront des outils et des services qui n’existent que sur cette plateforme particulière. Ces applications ne sont pas donc pas par essence portables, mais natives de la plateforme. Aussi, il manque à cette définition la notion de portabilité des workloads et des données, pourtant si importante.

L’importance de la portabilité

Lorsqu’une application n’est pas portable, elle est verrouillée par un fournisseur, ce qui rend l’entreprise vulnérable aux changements de tarification, aux conditions de mise en service, aux mises à jour ou aux décisions concernant la fin de vie des services dudit fournisseur. Les conséquences de cette situation « d’ingérence » pour l’entreprise sont évidentes.

L’ironie réside dans le fait que les entreprises ont souvent plusieurs workloads dans le cloud, avec des caractéristiques différentes, et qu’il est souvent recommandé, de les héberger chez différents fournisseurs. Par exemple, que se passe-t-il lorsque deux workloads doivent être hébergées dans le cloud si l’une est un workload essentiel à l’entreprise, devant être constamment disponible, et l’autre est une charge de travail très gourmande en bande passante ?

Deux possibilités existent alors : la première consiste à les confier toutes à un seul fournisseur. Toutefois, si cela semble plus simple en termes de gestion au début du projet, cela s’avère aussi généralement plus coûteux du fait de la non-différenciation des workloads lorsque les deux sont transférées vers une même plateforme. La dépendance au fournisseur peut également se révéler problématique.

L’autre option consiste à confier la charge de travail critique à un fournisseur de premier ordre, qui dispose d’un service client et d’une infrastructure de qualité, et à confier la charge de travail nécessitant une grande largeur de bande à un autre fournisseur, par exemple à un fournisseur dont la structure tarifaire est plus compétitive, cette charge-là étant moins prioritaire. Pour y parvenir, au lieu de se fier à un seul fournisseur de services cloud, la combinaison de technologies open source offrant des fonctionnalités identiques ou similaires, combinées à une personnalisation des éléments de base de l’infrastructure cloud, tels que le calcul, le stockage, le réseau et plus encore se révèle plus intéressante sur le long-terme.

La diversification et la combinaison de fournisseurs touchent tous les postes de l’entreprise aussi le cloud ne devrait pas faire exception.

Reprendre le contrôle en choisissant la pluralité

Pour reprendre le contrôle sur ses investissements comme sur l’efficacité de ses applications et services cloud, les workloads doivent être portables, c’est-à-dire conçues avec les bons outils open source afin de pouvoir être facilement déplacée d’une plateforme à l’autre.

De l’extérieur, cela semble souvent difficile, surtout si l’entreprise a l’habitude de travailler avec un unique hyperscaler. Le modèle de ces entreprises repose sur la promesse de simplification de la vie de leurs clients grâce à une multitude de produits et de services, gage de libération de la complexité du cloud. Mais c’est précisément du fait de cette pluralité de services que les entreprises augmentent considérablement les coûts du cloud, souvent assorti d’un manque de lisibilité des services contractés, en sus d’un manque d’agilité certain.

Toutefois, il n’est pas nécessaire d’entreprendre de nouveaux déploiements ou d’ajouter de la complexité à ce sujet Pour reprendre le contrôle, l’essentiel est d’adopter une approche différente du déploiement – différente ne signifiant pas nécessairement difficile. L’investissement initial, économique comme en termes de temps passés, dans la mise en place d’un environnement multicloud, plus portable, en vaut la peine. Le multicloud promet aux entreprises de se (re)concentrer sur ce qui compte le plus : ses applications, ses utilisateurs finaux et ses activités.

Le cloud doit continuer à se développer, à s’améliorer, à s’étendre. Toutefois, il doit rester un catalyseur d’innovation, une passerelle bénéfique pour les entreprises et non un investissement colossal devenant rapidement épineux. Et pour cela, différencier ses flux de travaux pour adopter les plateformes qui leur permettront de gagner en efficacité est essentiel. Le flux de travail détermine la plateforme, non l’inverse.
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Par Jérôme Renoux, Vice-Président France chez Akamai

 

 

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