Dans le contexte actuel d’accélération de la digitalisation et de recours massif au télétravail, l’interopérabilité des systèmes n’est désormais plus une option. Au contraire, c’est une nécessité et une clé de performance indispensable à la compétitivité, et même à la survie, des entreprises. En effet, les besoins accrus de collaboration, surtout à distance, impliquent de disposer de flux d’informations fluides.

Or sans systèmes alignés les uns avec les autres, impossible d’accéder à une information fiable et complète, augmentant alors le risque d’erreurs ou de mauvaise information. Dans certains secteurs, les conséquences peuvent être dramatiques, et pas que d’un point de vue économique !

C’est pourquoi l’interopérabilité est un prérequis essentiel pour faire collaborer efficacement les systèmes dans un environnement agile et de plus en plus connecté.  

Concrètement, c’est quoi l’interopérabilité ? Dans ses grandes lignes, c’est la capacité de deux ou plusieurs systèmes à partager des informations, et à utiliser sans effort les informations partagées dans un environnement distribué et hétérogène.

L’interopérabilité, clé de différenciation

Les entreprises possèdent une multitude de systèmes d’information (SI) dédiés à des besoins et métiers. Ces SI interagissent entre eux afin de permettre aux organisations d’atteindre leurs objectifs et impliquent, à travers leurs processus métier, de pouvoir collecter, traiter et partager les données.

En ce sens, l’interopérabilité des systèmes apparaît comme l’une des conditions sine qua non pour accélérer la transformation numérique et, par conséquent, répondre aux enjeux de réorganisation du travail imposés par une crise, qu’elle soit financière, sanitaire ou autre.

Comment s’exprime-t-elle dans notre quotidien ?

Au quotidien, l’interopérabilité, quand elle est mise en œuvre de manière efficace, est transparente. En revanche, en cas de problème, c’est souvent le mal de tête assuré !

Prenons l’exemple du paiement de nos courses au supermarché effectué par carte bancaire : le passage de la carte dans le terminal de paiement déclenche un certain nombre d’interopérations. Ces interopérations sont effectuées par plusieurs systèmes et, la plupart du temps, sans nécessiter la moindre intervention humaine. Le terminal « demande » alors au système du gestionnaire de la carte bancaire (Visa, Mastercard…) si celle-ci est valide et transmet de façon simultanée les informations bancaires du supermarché.

Une fois la carte validée (« Code bon »), ce système intermédiaire demande à la banque si le compte bancaire associé à la carte possède le solde nécessaire. Notez que la banque peut posséder des systèmes différents pour la gestion des comptes et pour la gestion de transferts de l’argent, ce qui pourra ajouter une couche de complexité. Après cette étape de validation, la banque envoie alors la somme nécessaire au compte bancaire du supermarché qui en a été informé au préalable.

Puis, elle envoie au système intermédiaire une notification positive, et celui-ci envoie à son tour une notification au terminal de carte bancaire du supermarché. Le terminal valide donc l’achat et affiche « Paiement accepté ». Normalement, ces interopérations prennent des secondes. En revanche, si un des SI n’est pas prêt à interopérer, le paiement ne peut en aucun cas aboutir.

Ce cas d’usage nous montre à quel point l’interopérabilité est présente dans nos actes de la vie quotidienne. Elle est même primordiale pour des opérations au sein de différents secteurs dits essentiels. Par exemple, les SI des entreprises de santé se doivent d’être interopérables entre eux pour faciliter la prise et le suivi des soins des patients et, en parallèle, pour faciliter la coordination entre les différents services médicaux. Autre cas d’application : les administrations publiques dans lesquelles l’interopérabilité est essentielle pour fournir des services efficaces et transparents aux citoyens et aux entreprises.

Comment atteindre un bon niveau d’interopérabilité ?

En premier lieu, les organisations (entreprises, administrations publiques, hôpitaux, etc.) doivent être conscientes de leurs forces et de leurs faiblesses en matière d’interopérabilité. Par conséquent, il est recommandé d’évaluer leurs capacités d’interopérabilité avant, pendant ou après toute collaboration entre les systèmes concernés (soit internes, soit issus d’une organisation externe). Objectif : identifier les problèmes éventuels et les solutions associées.

Entre autres solutions, une architecture normalisée serait idéale pour assurer l’interopérabilité des systèmes. Pourquoi ? Parce qu’une architecture permettant à plusieurs systèmes de se connecter entre eux faciliterait l’implémentation des pratiques d’interopérabilité. Une autre solution fréquemment adoptée repose sur l’implémentation des « Application Programming Interface » (API). Ces API serviront de « traducteurs » ou de « médiateurs » entre les systèmes.

De plus, pour que les systèmes puissent « lire » et « enregistrer » les informations échangées, les parties prenantes doivent adopter les mêmes normes. Elles doivent également utiliser des formats standards et éprouvés tels que JSON, XML entre autres. Ces normes permettent de définir le format des données à enregistrer et, le cas échéant, à échanger.

Pour résumer, l’interopérabilité constitue une exigence critique qui doit être vérifiée lorsque deux ou plusieurs systèmes entament une nouvelle collaboration. Dès que cette exigence n’est pas atteinte, cela engendre un problème qui doit alors être résolu. Voilà pourquoi l’interopérabilité recouvre pour les entreprises un enjeu majeur de compétitivité et de survie dans un monde chaque jour plus hyperconnecté. Une transmission fluide et une compréhension des données au bon moment permettront de faire la différence entre ceux qui progressent et ceux qui stagnent.
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Par Gabriel Da Silva Serapiao Leal, Ingénieur Conseil MOA SI, Meritis