Alors que de nombreux Français ont peur que les technologies créent une fracture sur le lieu de travail, trois entreprises sur dix n’ont pas vraiment de stratégie sur l’organisation du travail de demain. C’est ce que montrent deux études réalisées respectivement par Avast Business, Dell Technologies et VMware.

Selon la première, la technologie peut être à l’origine d’une fracture sur le lieu de travail : à titre d’exemple, 40 % Français sur 10 redoutent que les salariés moins enclins à utiliser les outils numériques modernes soient « mis à l’écart » s’ils n’adoptent pas les dernières applications de chat, de collaboration ou de gestion de projets numériques.

Une proportion équivalente pense que les salariés qui utilisent régulièrement les technologies comme Slack, Yammer ou WhastApp pour communiquer et collaborer ont davantage de chances de bénéficier d’une promotion, une réponse qui se reflète à l’échelle mondiale : 65 % des personnes interrogées estiment en effet que la maîtrise des outils de communications numériques est un solide atout pour gravir plus rapidement les échelons.

Sans surprise, les personnes âgées de 18 à 34 ans sont les plus nombreuses (47 %) à estimer que l’adoption d’outils de communications numériques est un critère de promotion décisif, contre seulement 33 % pour les plus de 65 ans.  Cette étude montre toutefois que les craintes liées à la fracture numérique ne concernent pas uniquement les générations les plus âgées.

Répercussions sur les relations

L’impact sur les relations entre collègues constitue une autre préoccupation soulevée par 49 % des personnes interrogées en France ; en effet, près d’une personne sur cinq (19 %) d’entre elles estiment que l’utilisation du courrier électronique et d’applications de messagerie instantanée risque d’aboutir à la création de « clans » et de sous-groupes. En outre, 46 % regrettent que leurs collègues se cachent derrière les communications électroniques au lieu de se parler ou de décrocher leur téléphone, y voyant une autre conséquence négative de la numérisation des communications.

Néanmoins, l’utilisation de ces outils présente également des avantages : six Français sur dix considèrent que la possibilité de communiquer à tout moment avec des collègues est un élément positif, près de la moitié d’entre eux soulignant que la technologie permet d’établir des relations avec d’autres employés dispersés aux quatre coins du monde. Pour plus d’un tiers des répondants, cette technologie aide les personnes situées en différents endroits à se sentir davantage connectées.

Manque de stratégie

Selon l’étude « Becoming Future of Work Ready: Follow the Leaders » réalisée par Dell Technologies et VMware, une entreprise su trois seulement des organisations a mis en place une stratégie dédiée au travail de demain (une approche holistique et intégrée visant à mettre à la disposition des entreprises et de leurs salariés des innovations et des concepts de pointe pour soutenir leurs activités).

Pour les entreprises préparant au travail de demain (« Future of Work determined organisations », ou FDO : entreprises ayant déjà mis en place une stratégie pour le travail de demain), l’initiative la plus déployée (50 %) concerne la création de programmes de formation pour donner à tous les salariés les dernières compétences digitales essentielles.

Près de la moitié de ces FDO considèrent la productivité de leurs collaborateurs comme un facteur clé de la transformation de leur organisation.  Cependant, préparer l’entreprise au travail de demain ne repose pas simplement sur l’amélioration des compétences digitales : il concerne également l’environnement de travail proprement dit. 46 % des participants affirment que leur entreprise a lancé une initiative de réagencement des espaces en faveur d’une approche de travail plus efficace. La France s’impose comme une pionnière dans ce domaine, avec plus de la moitié des interrogés indiquant avoir lancé des travaux de rénovation.

Face à l’évolution continue des styles de travail, les FDO s’adaptent progressivement : 48 % des sociétés européennes ont mis en place des politiques en phase avec les approches actuelles comme les horaires flexibles et le télétravail. Le Royaume-Uni est en tête de file, avec deux tiers des entreprises britanniques impliquées et engagées dans des initiatives qui répondent à l’évolution des besoins de leurs salariés.

L’écart générationnel contribue également à la lenteur de la préparation au travail de demain pour les entreprises européennes. Ces dernières emploient généralement 38 % de professionnels de la génération Y, 35 % de la génération X et 7 % de la génération Z[1]. En raison de cette mixité, les taux d’adoption sont souvent freinés par les conflits intergénérationnels et les attentes multigénérationnelles des salariés (29 %). Pour surmonter ces difficultés, les entreprises peuvent commencer par en identifier les causes profondes, qu’il s’agisse par exemple d’un manque de formation ou de réticences face à la nouveauté.

Les technologies intelligentes qui automatisent les tâches aident les salariés à tirer pleinement parti de leur potentiel. Les FDO en sont bien conscientes, avec plus de la moitié des entreprises interrogées indiquant avoir mis en place des assistants digitaux intelligents et près d’un quart affirmant utiliser ou avoir prévu d’utiliser des fonctions back-office basées sur l’IA. Si le déploiement de ces technologies peut nécessiter des formations supplémentaires pour les employés, les sessions peuvent être suivies en ligne sur différents supports (mobile, vidéo, etc.) ou organisées entre pairs.

Les politiques de travail flexible sont très importantes aux yeux des professionnels d’aujourd’hui, car elles permettent de conserver un bon équilibre vie professionnelle/vie privée par le biais de l’innovation technologique. 2 % seulement des salariés européens trouvent que leurs entreprises ne s’attendent à aucune amélioration notable

 


Les recommandations de Guy Oakley, Global Web Director, chez Avast Business

Ces informations pertinentes donnent aux employeurs la possibilité de s’intéresser de plus près au code de conduite établi à l’attention de leurs employés à propos de l’utilisation des technologies numériques sur le lieu de travail. À une époque marquée par la flexibilité du travail, ces outils de communications et de collaboration numériques peuvent s’avérer très précieux. Mais avant de les déployer, les entreprises doivent se poser les trois questions suivantes : de quelle technologie avons-nous besoin sur le lieu de travail et pour quoi faire ; comment procéder pour que tous les employés puissent utiliser ces outils en faisant en sorte qu’ils séduisent les plus jeunes sans exclure les plus âgés ; enfin, comment promouvoir les valeurs que les employés doivent, à notre avis, respecter lorsqu’ils utilisent ces outils à titre professionnel ? »

Il ne suffit pas d’utiliser la technologie efficacement : les entreprises et les employés doivent également comprendre les problèmes interpersonnels qui peuvent découler de son utilisation, ajoute-t-il. Qu’il s’agisse d’un environnement professionnel moins propice à la discussion ou de la nécessité de dispenser des formations pour mieux gérer les risques de sécurité, les entreprises doivent veiller à mettre en œuvre les processus et le soutien appropriés pour que chacun puisse tirer parti de ces technologies sans avoir la sensation qu’elles constituent un frein à leur carrière.


[1] La génération X : personnes nées entre 1965 et 1979. La génération Y : entre 1980 et 2000. La génération Z : à partir de l’an 2000.