Les lunettes traditionnelles permettant de corriger une mauvaise vision. Les lunettes numériques permettront, elles, d’apporter un remède à la cécité. Les premières technologies sont disponibles.
Mardi 28 octobre, Barbara est venue sur les ondes pour faire part de son émotion quand elle a pu, grâce aux technologies développées par la société Pixium Vision, recouvrer une certaine vision des choses. Certes relativement modestes au départ. « Ce n’est pas voir mais percevoir », explique-t-elle. Un point, un trait, un arc de cercle, l’encadrement d’une porte… tels sont les premiers éléments que Barbara a pu redécouvrir après de longues années de noir total. Et tous les espoirs sont permis car il s’agit d’un protocole de recherche dont on ne sait pas jusqu’où les progrès peuvent aller. « A mon échelle, j’ai l’impression d’être le premier homme posant le pied sur la Lune » explique-t-elle.
Barbara a retrouvé la vue avec une prothèse… par Europe1fr
Créé en 2011, Pixium Vision développe des systèmes de restauration visuelle (SRV) dont le principe de fonctionnement est simple : stimuler la rétine pour obtenir une vision bionique et permettre d’améliorer l’autonomie, la mobilité et la qualité de vie des patients ayant perdu la vue. Car pour bénéficier d’une telle intervention, il ne faut pas être né aveugle mais avoir vu pendant une période de sa vie car si l’œil joue le rôle de capteur, c’est le cerveau qui est capable d’analyser et de traiter les signaux qu’il reçoit. Par exemple, il faut avoir la mémoire des formes et des couleurs.
Ces systèmes exploitent les évolutions récentes de la microélectronique/nanoélectronique, de la neurobiologie, de l’optronique et des logiciels et permettent à Pixium Vision d’envisager une solution thérapeutique visant à offrir à terme aux patients une vision bionique aussi proche que possible de la normale.
Le système IRIS de Pixium Vision comprennent trois composants :
– L’implant rétinien qui contient les électrodes et qui et la seule partie implantée dans l’œil du patient
– Une interface visuelle portable en forme de lunettes intégrant une caméra intelligente brevetée et un système de transmission des informations vers l’implant
– Un ordinateur de poche qui remplace la fonction de la rétine en transformant le signal lumineux en un signal électrique grâce à un processeur à signal numérique haut débit et à un logiciel reprogrammable.
Cette solution est au stade des essais cliniques qui se déroulent actuellement dans plusieurs cliniques d’Europe. La société indique que la commercialisation – terme un peu étonnant qui montre l’évolution de l’évolution de la santé vers le marché – devrait commencer en 2015 et Pixium Vision entend continuer à améliorer son système grâce au développement de nouveaux algorithmes et logiciels et grâce à de nouvelles technologies d’implants.
Le système développé par Pixium Vision est basé sur le principe de neuromodulation qui consiste à agir sur les nerfs ou les cellules ou sur la zone cible où l’activité des nerfs est altérée en induisant des réponses biologiques par stimulation électrique. Les dispositifs de neuromodulation par stimulation électrique sont constitués de petites électrodes qui peuvent être reliées au cerveau, à la rétine, à la moelle épinière ou aux nerfs périphériques. Ces porte-électrodes positionnés avec précision sont connectés à une source d’énergie de façon à générer une stimulation électrique.
Le SRV de Pixium Vision vise à se substituer aux fonctions physiologiques normales des cellules photo-réceptrices de l’œil en stimulant électriquement les cellules nerveuses de la rétine, qui transmettent ensuite la stimulation plus profondément dans le cerveau par l’intermédiaire du nerf optique.
Vers l’homme bionique
Le montage et l’historique de Pixium Vision n’est pas sans faire penser à celui de la Carmat créé par le professeur Alain Carpentier qui a mis au point un cœur artificiel entièrement autonome (voir nos précédents articles : Première implantation du cœur artificiel ; Les hommes aux cœurs artificiels survivront-ils ?). Ses développements s’appuient sur des efforts de recherche combinés de l’Institut de la Vision, de l’Université Pierre et Marie Curie (UMPC) ainsi que des travaux d’équipes de recherche d’institut académiques dont l’université de Standard. Et comme Carmat, Pixium Vision a pris le chemin de la bourse en juillet dernier lui permettant de lever près de 40 M€ et ainsi financer son développement. Elle travaille en particulier au développement d’un nouveau système baptisé Prima.
Ces résultats font écho à ceux médiatisés il y a quelques semaines au Duke Eye Center en Caroline du Nord (Etats-Unis). Le 1er octobre dernier, Larry Hester a recouvré la perception de la lumière alors qu’il avait perdu la vue suite à une rétinite pigmentaire. Il a bénéficié d’un œil bionique baptisé d’Argus retinal prostesthis qui lui permet non pas encore de voir mais de distinguer les contrastes, certains objets et des mouvements. Pour atteindre ces résultats, Larry Hester s’est fait greffer soixante électrodes sur la rétine de l’œil gauche et porte des lunettes spécifiques équipées d’une caméra.
Imprimantes 3D pour aider les aveugles
Des chercheurs japonais ont exploré une autre voie pour aider les aveugles à se repérer dans l’espace. Ils ont mis au point une machine – qui pourra un jour devenir une imprimante 3D – qui permet d’imprimer des plans mettant en relief les lignes de métro les rues et dans une autre texture les principaux monuments.
Des chercheurs ont imaginé un plan avec en relief les lignes de métro, les rues, et dans une autre texture, les principaux monuments, pour permettre aux personnes malvoyantes de se repérer plus facilement. Pour l’heure, il en existe que quelques exemplaires.
Quelques modèles de ces imprimantes ont été installés dans les écoles pour les enfants non-voyants. Elles permettent d’imprimer des objets et des choses que les enfants n’ont jamais eu l’occasion de toucher. L’enfant choisit une image et il peut ensuite lancer l’impression de cette image en relief.
45 millions d’aveugles dans le monde
En 2010, environ 285 millions de personnes malvoyantes étaient recensées dans le monde et entre 40 et 45 millions étaient complètement aveugles.
Un grand nombre de maladies de la rétine, qu’elles soient d’origine génétique, telles que les rétinopathies pigmentaires (RP), ou liées à l’âge, comme la dégénérescence maculaire (DMLA), résulte de la dégénérescence aiguë ou progressive des cellules photo-réceptrices. La disparition de ces cellules empêche en effet toute conversion des signaux visuels lumineux en signaux électriques qui sont ensuite transmis et analysés par le cortex visuel dans le cerveau. La technologie d’implants actifs de Pixium Vision vise à remplacer ces fonctions de traitement de signaux de la rétine en stimulant électriquement les cellules rétiniennes, qui transmettent ensuite ces signaux jusqu’au cortex visuel via le nerf optique.Les systèmes en cours de développement par Pixium Vision ont pour objectif de permettre aux patients atteints de rétinopathies pigmentaires de recouvrer partiellement la vision. Dans un second temps, la Société envisage d’étendre l’utilisation de ces technologies au traitement de la DMLA.