L’Europe veut aussi ses supercalculateurs exaflopiques. Le premier d’entre eux, dénommé Jupiter,  se précise. Et, une fois n’est pas coutume, il sera animé par des processeurs européens !

En avril dernier, la startup française SiPearl annonçait un tour de table de 90 millions d’euros destiné à financer la finalisation de son processeur Rhéa en architecture ARM. Apparemment la mission doit être accomplie puisque, poussé par les initiatives européennes en matière de souveraineté numérique et le Chips Act, son processeur vient d’être officiellement choisi pour animer le « JUPITER », le premier supercalculateur exaflopique de l’Europe qui sera hébergé en Allemagne au célèbre centre de calcul JSC de Jülich.

Ce n’est pas une réelle surprise. D’abord parce que les dés étaient joués d’avance. Le « Rhea1 » est né de financements européens dans le but premier de venir animer la prochaine génération de supercalculateurs européens à empreinte carbone limitée. Ensuite parce que l’architecture BullSequana XH3000 annoncée par Atos-Eviden en février 2022 a, dès le départ, été pensée pour animer les futurs calculateurs européens ET supporter les CPU « Rhea » de SiPearl !

La semaine dernière, le consortium EuroHPC a donc mis fin à un faux suspense. C’est bien à Eviden (filiale d’Atos) que va être confiée la construction du Jupiter. La construction du futur mastodonte doit démarrer en début d’année 2024. Celui comportera deux partitions : Un « General Cluster Module » animé par des CPU Rhea1 de SiPearl et un « Booster Module » à base de GPU de NVidia (les H100?). Il représente un investissement de 273 millions d’euros en cinq ans (acquisition, installation et maintenance) financés à 50 % par EuroHPC et à 50 % par l’Allemagne.

Selon Eviden, le Jupiter « fournira une puissance équivalente à celle de 10 millions d’ordinateurs portables. L’ensemble du système occupera l’espace d’environ 4 terrains de tennis et utilisera plus de 260 km de câblage haute performance, ce qui lui permettra de traiter plus de 2 000 To par seconde, l’équivalent de 11 800 copies complètes de Wikipédia à chaque seconde ».

Peu de détails ont jusqu’ici filtré que ce soit sur Jupiter ou sur ses processeurs. Concernant le supercalculateur, il est annoncé avec une puissance d’un exaflops (en virgules flottantes 64 bits) et sera composé de 125 racks. Côté du processeur, on sait que le Rhea1 dérive de la plateforme Neoverse v1 d’ARM et se caractérise par une bande passante mémoire exceptionnelle. Il sera gravé en 6 nm dans les usines de TSMC. Pour avoir plus de détails, il faudra attendre la conférence SC’23 en Novembre.

« Chez SiPearl, nous sommes heureux de contribuer au lancement de ce tout premier supercalculateur exascale européen. C’est une grande réussite pour nous et nous nous réjouissons de travailler main dans la main avec Jülich, Eviden et ParTec, nos partenaires de l’écosystème d’EuroHPC. Le rêve d’une machine européenne, franchissant la barre des 1 milliard de milliards de calculs par seconde grâce avec un microprocesseur européen, est en train de devenir réalité », conclut Philippe Notton, CEO et Fondateur de SiPearl.

 

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