Maintenant que les USA sont officiellement entrés dans l’ère Exascale avec le Frontier, les autres pays veulent montrer qu’ils ne sont pas loin. Avec Jupiter, l’Europe disposera, elle aussi, d’un système exaflopique mais en 2024. Il sera hébergé en Allemagne et sa construction vient d’être confirmée par EuroHPC.
Nous l’annoncions – il y a quelques semaines -, l’humanité est entrée à l’ère exascale depuis la publication des résultats du classement TOP500.org début juin. La première place empochée par le tout nouveau Frontier américain, premier HPC à franchir la barre de l’Exaflops, marque une étape importante pour l’informatique. Frontier réalise 1,102 milliards de milliards d’opérations en virgule flottante (sur 64 bits) par seconde ! C’est sûr, ça décoiffe !
Une course internationale
Une telle puissance de calcul (trois fois supérieure à celle du précédent HPC tenant du classement du TOP500, le Fugaku japonais) ouvre bien évidemment de nouvelles perspectives pour la recherche scientifique et médicale en attendant, un jour, d’explorer des territoires mystérieux et encore inaccessibles grâce à l’informatique quantique.
Et ni la Chine, ni l’Europe ne peuvent laisser les Américains prendre trop d’avance alors que ces derniers devraient accueillir sur leur sol au moins deux autres systèmes exaflopiques d’ici la fin 2023.
Du côté asiatique, maintenant que le Frontier a été officialisé, il est probable que l’on assiste à quelques annonces chinoises alors que le pays anticipait en 2020 de disposer de machines exaflopiques avant la fin 2022.
Les Européens, eux aussi, tiennent à montrer qu’ils ne comptent pas se laisser distancer. L’Europe a ainsi récemment inauguré le LUMI qui figure dans le TOP3 du dernier classement TOP500.org. Mais elle a aussi, via EuroHPC, levé le voile sur JUPITER, le premier HPC exaflopique européen. Certes celui-ci ne sera probablement pas opérationnel avant 2024 mais ses spécifications semblent désormais arrêtées (même si elles n’ont pas été totalement dévoilées) et son assemblage démarrera dès l’an prochain.
L’allemagne emporte le premier HPC exaflopique européen
Acronyme de « Joint Undertaking Pioneer for Innovative and Transformative Exascale Research », JUPITER sera installé au centre de recherche FZJ de Jülich en Allemagne, qui héberge déjà deux autres HPC, le célèbre JUWELS et son prédécesseur, le JURECA. La France reste sur les rangs pour accueillir plus tard l’un des deux autres HPC exaflopiques envisagés par EuroHPC.
La puissance de calcul du JUPITER sera « supérieure à celle de 5 millions de PC modernes » selon les responsables du projet, ce qui ne veut pas dire grand-chose. Quoiqu’il en soit, l’objectif est bien d’obtenir un supercalculateur avec des performances significativement au-delà de la barre des 1 Exaflops.
Et pour cela, il en coûtera 500 millions d’euros financés pour moitié par EuroHPC et pour l’autre moitié à la fois par le gouvernement fédéral allemand (via la BMBF) et par l’État de Rhénanie du Nord-Westphalie (MKW NRW).
Un HPC exaflopique et modulaire
JUPITER reprendra une architecture dynamique et modulaire déjà expérimentée sur le JUWELS. Ce dernier a ainsi débuté avec une ferme de calcul créée en 2018 puis a été enrichi en 2020 d’un « Booster Module » à base de GPU dernière génération. Le JUPITER veut conserver cette approche même s’il disposera d’entrée d’un « énorme Booster Module » selon les paroles des responsables. Cette approche permettra de le faire évoluer dans le temps et, pourquoi pas, d’y ajouter un accélérateur quantique dans les prochaines années.
On n’en sait guère plus sur les spécifications techniques de la future machine et chacun y va de ses prédictions. Pour certains, la machine sera animée de processeurs Intel, histoire de renvoyer la balle alors que le fondeur américain met 80 milliards d’euros sur la table pour créer une usine en Europe (en Allemagne) et un centre de R&D sur les CPU (en France). D’autres y verraient bien des processeurs ARM de SiPearl (avec ses processeurs Rhea et Cronos – qui sont aussi les parents de Zeus/Jupiter dans la mythologie grecque). Certains estiment que la machine sera plutôt animée par les futurs GPU H100 Hopper de NVidia. D’un autre côté, si l’on en juge par le dernier classement TOP500, c’est plutôt aujourd’hui AMD qui a la faveur des concepteurs de HPC.
Au-delà du choix des CPU et GPU, et puisque l’architecture modulaire de Juwels est conservée, certains spécialistes estiment déjà que la machine sera probablement bâtie autour d’une architecture BullSequana XH3000 dévoilée par Atos en début d’année.
Ce qui semble acquis en revanche, c’est que la machine est prévue pour consommer 15 MW et sera alimentée par de l’énergie verte (sans carbone donc). Pour rappel, le Frontier américain consomme 19 MW a également pris la tête du classement GREEN500 qui classe les machines selon leur rapport Performance/Consommation. Dit autrement, le JUPITER devrait se montrer énergiquement 4 fois plus efficient que le supercalculateur Fugaku japonais.
À lire également :
L’informatique est officiellement entrée dans l’ère Exascale…
Pasqal va livrer deux ordinateurs quantiques 100 Qubits au HPCQS Européen
Le marché du HPC (et du HPCaaS) toujours en forte croissance
ATOS dévoile le premier HPC européen de l’ère Exascale
HPC : Les Etats-Unis se relancent dans la course à l’Exascale