Outre le feuilleton Xerox vs HP, le monde de l’IT est animé par une autre série à rebondissements : celle du contrat JEDI. Depuis son attribution à Microsoft Azure, AWS mène une campagne judiciaire pour obtenir l’annulation du contrat. La filiale cloud d’Amazon dénonce une ingérence du président Donald Trump, dont Jeff Bezos est officiellement un ennemi personnel, dans la sélection du fournisseur d’infrastructure cloud pour le Pentagon.
Après avoir essayé de bloquer la mise en oeuvre du contrat, les avocats d’Amazon ont déposé lundi une nouvelle requête pour que Donald Trump et d’autres hauts responsables du gouvernement américain viennent témoigner à la barre des conditions d’attribution du contrat JEDI (10 milliards de dollars sur 10 ans) à Microsoft. Selon eux, le président américain aurait ouvertement ordonné au secrétaire américain « de baiser Amazon » (« to screw Amazon »).
Rappelons qu’AWS met en cause les conditions d’attribution de ce contrat public et accuse Donald Trump d’ingérence directe. Il est très commun aux États-Unis que l’attribution des grands contrats publics soit systématiquement remise en question devant les tribunaux. Toutefois, voir les avocats réclamer le témoignage direct du président américain dans une telle affaire est un peu une première. Cependant, il est assez rare que la Cour Fédérale des Réclamations remette en question les attributions de ces grands contrats et il paraît peu probable qu’elle autorise l’audition de Donald Trump. D’autant que, contrairement à ce que l’on pourrait croire, pour les deux géants du cloud, le contrat est plus intéressant en termes d’image qu’en termes financiers. Car le département de la défense américain ne s’engage réellement que pour deux ans et le montant avancé n’est qu’une estimation sur 10 ans et non un engagement ferme. Pour Satya Nadella, le choix d’Azure s’explique par les outils et services dédiés aux entités gouvernementales que proposent déjà le cloud Microsoft et non par l’inimitié entretenue par Jeff Bezos et Donald Trump.