À l’occasion du Computex 2024, les acteurs historiques de l’univers PC et Windows ont tenté de reprendre la main après l’annonce des Copilot+ PC de Microsoft en partenariat avec Qualcomm. Avec Lunar Lake, Intel espère couper l’herbe sous le pied de ses concurrents.

L’ère Wintel n’existe plus, mais Intel veut rester le maître du marché des PC et de Windows. Puisque Windows se convertit à l’IA avec le concept « Copilot+ PC » et ses puissants NPU, Intel fait le forcing sur l’IA. Quitte à embrouiller tout le monde avec des chiffres !

Il va falloir se faire une raison. L’ère des « Copilot+ PC » a relancé la guerre des processeurs. Avec au cœur des attentions, les NPU, ces accélérateurs d’inférence dont le nouveau Windows impose une puissance minimale de 40 TOPS. Or jusqu’ici, seuls les processeurs Qualcomm Snapdragon X embarquent une telle puissance avec leur NPU de 45 TOPS !

Cette semaine, à Computex 2024, AMD et Intel ont tenté de reprendre le marché PC en main. AMD a annoncé sa nouvelle série de processeurs mobiles « AMD Ryzen AI 9 300 Series » dont le NPU atteint les 50 TOPS.

Intel a de son côté dévoilé son nouveau processeur mobile « Lunar Lake », la seconde génération de processeur « Intel Core Ultra ». Avec en leitmotiv un nombre un rien trompeur : 120 TOPS ! Pourquoi trompeur? Parce que ce nombre est le résultat d’une addition de capacités IA : 5 TOPS pour le CPU, 67 TOPS pour le GPU et 48 TOPS pour le NPU.

Sauf que l’idée de Microsoft est justement de faire en sorte que les tâches d’inférence IA laissent toujours libres le CPU et le GPU. L’idée n’est pas que l’ordinateur ne fasse que de l’IA mais que l’IA vienne seconder l’utilisateur à tout instant dans tout ce qu’il fait (ce qui impose de laisser le CPU aux tâches traditionnelles) voire d’insuffler de l’IA au cœur des jeux vidéos pour rendre les personnages non jouables plus interactifs et intelligents (ce qui impose de laisser le GPU aux tâches d’affichage). Lors de la Build, Steven Bathiche, leader des Sciences Appliquées chez Microsoft, a expliqué que Windows pouvait confier jusqu’à 40 modèles simultanément au NPU et que ce NPU ne réclamait pas plus de 4 Watts pour s’acquitter de ces tâches.

Cette précision faite, avec ses 48 TOPS au compteur, le NPU des Lunar Lake satisfait largement aux spécifications minimales imposées par Microsoft. Ce NPU embarqué marque la 4ème génération de NPU Intel (le fondeur le désigne sous le nom de NPU 4). Les progrès réalisés par rapport au NPU 3 des Intel Core Ultra de première génération (les Meteor Lake) sont notables puisque ce dernier plafonnait à 11,5 TOPS ! Comme AMD avec sa « 300 Series », les NPU 4 ne se contentent pas d’inférences en INT8 mais supportent des algorithmes en FP16 pour plus de précision.

Autre particularité – plutôt moins réjouissante – des Lunar Lake est que, à l’instar d’Apple avec ses M1/M2/M3, Intel a décidé d’embarquer la mémoire directement dans le processeur limitant les capacités d’évolution des machines dans ce domaine. Les machines Lunar Lake ne seront pas extensibles et ne pourront – dans le meilleur des cas – pas embarquer plus de 32 Go de RAM.

Au chapitre des bonnes nouvelles, les Lunar Lake contrairement aux Snapdragon X supportent la norme Thunderbolt 4.

Intel n’a pas encore dévoilé les différentes versions de « Core Ultra 5 », « Core Ultra 7 » et « Core Ultra 9 » qui seront disponibles et donc le nombre de cœurs « P » (performance) et « E » (efficience) intégrés. Intel se contente d’affirmer que la performance de ses cœurs est supérieure à celle des cœurs ARM sans réellement donner de comparaison.

En revanche, on sait que les modèles embarqueront un nouveau GPU « Xe 2 » (connu sous le nom de code Battlemage) qui promet un gain de performances jusqu’à 80% et promet donc des machines au tempérament ludique désormais bien affirmé. C’est un point clé alors que les Snapdragon X sont déjà pointés du doigt pour leur GPU en retrait sur ceux des Apple M3 et aux capacités ludiques indéniablement inférieures à ces Xe 2.

Reste le vrai point sur lequel Intel est attendu au tournant : la consommation énergétique. La force des machines Snapdragon X est d’afficher une performance par Watt encore jamais vue sur PC et donc d’offrir dans les 20 heures d’autonomie sans réduire les performances à zéro. Selon Intel, les processeurs “Lunar Lake” bénéficient d’un nouveau contrôleur d’alimentation intégré, d’optimisations logicielles et d’un cluster de e-core amélioré qui devraient permettre d’augmenter l’autonomie de la batterie de 60 %. Mais avec quelle agilité de Windows ? Il faudra attendre les machines pour le savoir.

Des machines annoncées pour « Q3 2024 », ce qui laisse penser qu’en réalité les Lunar Lake manqueront les machines de la rentrée et équiperont plutôt celles de la fin d’année.

 

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