L’empreinte carbone du numérique est similaire à celle du trafic aérien. Adopter des comportements de frugalité numérique est devenue une nécessité pour chacun d’entre nous. Le Digital Cleanup Day nous invite à nous interroger sur nos usages numériques et sur ce que l’on peut faire pour limiter notre empreinte carbone numérique.

Réalisé en 2014, un sondage révélait que 56 % des cadres français se méfiaient du cloud. Dernièrement, ces inquiétudes se sont calmées mais un fossé demeure entre la perception que le public a du cloud et ce qu’il en est vraiment.

Des réalités impalpables comme Internet, le cloud et autres technologies numériques peuvent paraître abstraites, voire irréelles, flottant dans l’air… comme un nuage ! C’est pourquoi il est facile d’oublier que ces services dépendent d’immenses infrastructures qui engloutissent des quantités astronomiques de ressources.

Beaucoup ignorent que le secteur du numérique est responsable de 10 % de la consommation totale d’électricité mondiale, et de 4% des émissions de CO2 mondiales ! C’est plus que la totalité du trafic aérien.

Un routeur internet consomme autant d’électricité qu’un réfrigérateur et l’énergie nécessaire à une seule transaction bitcoin (soit environ 2 250 KWh) pourrait alimenter un foyer français pendant près de six mois. La moindre action numérique a un impact énergétique. Par exemple, une simple recherche en ligne consomme autant d’électricité qu’une ampoule allumée pendant une à deux minutes.

Et pourtant, c’est lors de la fabrication des outils numériques que leur empreinte carbone est la plus importante. Par exemple, l’empreinte carbone d’un smartphone provient à 90 % du processus de fabrication et à 10 % de son utilisation seulement.

À l’heure actuelle, le numérique est une des causes principales des bouleversements climatiques. Or, d’après les prévisions, l’empreinte carbone devrait doubler, passant à 8% d’ici 2025.

Cependant, nous pouvons agir, chacun à son niveau, individus comme fournisseurs de services numériques.

Le Digital Cleanup Day (qui a eu lieu le 19 mars) a pour but de mettre ces efforts en lumière et de nous encourager à limiter la pollution liée au numérique en nous débarrassant des déchets numériques, e-déchets et en incitant notre entourage à faire de même.

Voici comment.

1. Faire le ménage (numérique)

Ce qui est mis en ligne est stocké sur un disque dur dans un data center situé on ne sait trop où. Les mails hébergés dans une boîte de réception, les vidéos postées sur les réseaux sociaux, les images stockées dans les clouds personnels, etc. occupent des serveurs actifs 24h/24, 7j/7.

Et pourtant, il est peu probable que ces fichiers, mails et documents soient un jour à nouveau consultés. Il s’agit donc d’un gaspillage d’énergie, qui reviendrait à acheter un frigo américain pour le remplir de boîtes de conserve.

Le Digital Cleanup Day est une incitation à faire du tri dans les dossiers et supprimer les fichiers, applications, mails, photos, vidéos inutiles, et autres déchets du numérique.

2. Limiter les e-déchets

Les e-déchets regroupent les déchets d’équipements électroniques. De plus,la fabrication des appareils électroniques est responsable d’une grande partie des émissions de CO2. Aussi, pour remédier à cela, la meilleure chose à faire est de donner une nouvelle vie aux anciens appareils.

Plutôt que de jeter le matériel informatique, il est préférable de le réparer, ou de le vendre, le donner, ou le réaffecter. Vous avez un vieil ordinateur portable qui traîne au fond d’un tiroir ? Pourquoi ne pas en faire don à l’école près de chez vous pour aider les élèves en distanciel ?

Parfois, les équipements sont irréparables. Dans ce cas, le recyclage est la seule solution. Les matériaux dont sont composés les e-déchets sont dangereux pour l’environnement et ils doivent subir un traitement adapté pour limiter leur impact. Apple a même développé des robots spécialisés dans le démontage des iPhones. Alors, si vous ne savez pas quoi faire de votre vieux portable, pourquoi ne pas le renvoyer chez son créateur ?

3. Sensibiliser à la pollution numérique

Le public se sent encore trop peu concerné par l’empreinte écologique du numérique. Cependant, si chacun invite d’autres personnes à joindre leurs efforts aux siens, nous avons le pouvoir d’agir pour un futur plus durable.

Ne serait-ce que discuter entre amis ou en famille, en expliquant ce qu’est le cloud ou comment fonctionne Internet (un réseau de serveurs reposant sur l’électricité pour l’alimentation, sur l’eau pour le refroidissement), contribue à montrer que les actions – toutes numériques qu’elles soient – ont des conséquences bien réelles. Le seul fait de passer à une messagerie axée sur la confidentialité comme Signal permet d’agir concrètement. Cette application ne traque pas les données de ses utilisateurs, et consomme donc moins d’énergie. Comme quoi, confidentialité rime avec durabilité !

Ne vous cantonnez pas à votre entourage ! Il est possible d’organiser des événements sur les réseaux sociaux, de promouvoir des initiatives de tri des e-déchets, ou encore d’interpeller les organisations sur leur empreinte numérique, pour les pousser à repenser et réduire leur consommation.

Pour revenir sur ce dernier point, même si les plateformes en ligne et les sites web dépendent de services d’hébergement (datacenters), tous les datacenters ne sont pas égaux en termes d’efficacité et de respect de l’environnement. Ainsi, prendre contact avec les entreprises et institutions pourrait les inciter à faire héberger leurs services dans des datacenters modernes, qui gaspillent moins de ressources.

L’importance des datacenters

Effacer un email a le même effet que fermer le robinet en se brossant les dents : l’action en elle-même compte, mais son impact reste minime. Cet email n’occupe qu’une infime fraction d’un seul serveur, alors qu’un datacenter héberge des milliers de serveurs qui ne consomment pas seulement de l’électricité, mais aussi de l’eau à des fins de refroidissement.

Les datacenters sont responsables d’environ 1 % de la consommation mondiale d’électricité, et leur part ne fait qu’augmenter. Pour mettre les choses en perspective, sachez qu’un seul datacenter peut consommer autant d’énergie qu’une petite ville.

Les volumes d’eau qui passent par les datacenters sont, eux aussi, étourdissants. Aux Pays-Bas, par exemple, les datacenters consomment en moyenne 1 million de mètres cubes d’eau par an, c’est-à-dire à peu près autant que 20 000 personnes en un an.

Par conséquent, la plus petite amélioration de l’efficacité d’un datacenter se traduit par d’immenses économies d’énergie et d’eau. Bien plus qu’effacer quelques vieux emails.

Comme leur impact environnemental est encore méconnu, les datacenters en sur-consommation ne font pas l’objet d’une surveillance de la part du public. Il en est d’ailleurs de même pour les entreprises qui choisissent de recourir à leurs services, ce qui contribue au gaspillage de l’énergie.

Ceci dit, les choses sont en train de changer en raison d’une meilleure compréhension du rôle du numérique, propulsée par des événements comme le Digital Cleanup Day. Avec bientôt, la pression populaire s’ajoutant aux actions légales, nous pouvons nous attendre à une transformation des normes environnementales auxquelles les datacenters seront contraints d’adhérer.

Promouvoir un avenir durable

Conscients de l’urgence climatique et de l’impact de leur industrie sur l’environnement, des opérateurs de datacenter éduquent les générations futures à la construction d’un secteur technologique plus durable.

La crise climatique peut être évitée en alliant les efforts des individus, de la société et du corps législatif à des mesures prises à l’échelle du secteur tout entier. Pour réussir, il faut que chacun joue son rôle, que ce soit en supprimant un email, en faisant don d’un vieil ordinateur portable ou en faisant le choix d’un fournisseur cloud éco-responsable.

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Par Yann Lechelle, CEO, Scaleway


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