Les possibilités grandissantes offertes par les données relatives aux véhicules vont changer la donne du secteur automobile sur les années à venir. Du diagnostic à la planification, en passant par les services au conducteur ou encore la sécurité, ces dernières offrent un large éventail de bénéfices.
L’arrivée de la gestion, de l’interprétation et de l’utilisation intelligente et généralisée des données dans le secteur automobile est en train de faire évoluer l’entièreté de l’industrie et d’ouvrir peu à peu la voie aux projets de véhicules définis par logiciel (SDV). En ce début d’année, plusieurs grands noms du monde automobile ont déclaré publiquement se concentrer désormais sur ces nouveaux projets de véhicules assistés par la technologie. Cependant, les volumes et des besoins croissants en matière de data, qui nécessite une conception nouvelle de l’architecture technologique des véhicules, constituent à la fois des défis et des d’opportunités pour les EOMs.
Garantir une innovation continue
Le SDV a pour promesse, en son essence, la capacité de réagir aux besoins changeants des véhicules, tout au long de leur cycle de vie. Nombreux sont les acteurs du secteur pensant alors que cette typologie de véhicule n’est finalement dépendante que de mises à jour à distance (OTA), sans besoins technologiques particuliers en amont. La réalité est toute autre.
Afin d’assurer pleinement l’évolution continue grâce aux mises à jour OTA, les véhicules doivent être pensés et conçus en conséquence : sans une base logicielle flexible, c’est tout le potentiel proposé par la captation de données et les mises à jour qui se retrouve limitée.
Avant d’être déployées, les mises à jour OTA nécessitent également qu’on prenne le temps de traiter les données reçues par les véhicules et qu’on les mette en concordance afin d’identifier de potentiels problèmes et de prévoir les mises à jour nécessaires. La collecte précise de data est ici plus que nécessaire afin d’obtenir des solutions rapidement. Le déploiement peut apparaître rapide et léger mais ce n’est que la dernière étape d’une chaîne de conception bien plus grande et étoffée. C’est pourquoi il est nécessaire de s’intéresser aux leviers de mise en place et d’activation de cette technologie.
Décloisonner l’utilisation des données véhicule
La data est un enjeu de plus en plus indispensable pour les entreprises. En ce sens, il est essentiel de les traiter efficacement et d’assurer leur accessibilité et leur réutilisation auprès des OEMs ainsi que leurs fournisseurs. Dans les flottes automobiles actuelles, capables de collecter et d’exploiter les données de véhicules, il est courant que ces dernières soient réservées à un cercle très restreint de parties prenantes ; généralement, les OEMs. C’est ainsi que l’on retrouve des données cruciales, provenant de l’ADAS, de la carrosserie, du groupe moteur ou encore de la batterie, complètement sous-exploitées.
On pourrait penser en premier lieu que ce choix est raisonnable et représente une stratégie bien définie par les OEMs. Cependant, il est utile pour tous d’avoir une meilleure compréhension de l’usage des véhicules, et tout particulièrement dans un secteur où les interdépendances entre les sous-systèmes sont de plus en plus nombreuses. Outrepasser ces deux besoins pourrait mener à deux problématiques spécifiques contraignantes pour l’évolution de l’industrie.
Premièrement, le cloisonnement des données, en fonction du composant propriétaire, empêche une approche et une analyse globales de l’expérience utilisateur et du comportement véhicule. Ensuite, la collecte séparée et spécifique des données-composant du véhicule implique une architecture réseau interne dense, ce qui amène une augmentation du coût de production. En unifiant et décomplexifiant ces protocoles de collecte et de partage, c’est l’architecture IT proposée par les véhicules qui est allégée et cela permet de concentrer davantage de ressources sur la performance des composants.
Optimiser l’utilisation du cloud
Si la plupart des constructeurs automobiles reconnaissent l’importance du cloud pour le traitement de cas d’usages à distance, beaucoup n’ont pas encore trouvé de manière efficace de le faire.
En effet, nombreux sont les acteurs considérant le cloud comme une ressource infinie et gratuite de calcul et de stockage. Cette problématique du coût, en plus de la communication pure et dure des données, s’applique sur le stockage dans le cloud pour les éditeurs logiciels. Ainsi, des quantités de données issues du véhicule ne seront potentiellement jamais traitées tout en étant maintenues à disposition en ligne, ce qui entraîne en conséquence une augmentation du budget consacré au stockage pour des données “mortes”. Afin de pallier ce problème, il est encore une fois important de rappeler les avantages du décloisonnement des données : une base de données centralisée avec des permissions différentes selon les acteurs permet alors d’économiser des volumes précieux de stockage.
Du côté des utilisateurs, il existe une tout autre réalité : les aspects pratiques prenant en compte le coût et la disponibilité. Les téléchargements LTE de grands volumes de données peuvent rapidement entraîner des factures non négligeables pour les utilisateurs. Si le choix se portait alors sur une exclusivité de la connexion Wi-Fi, l’intérêt même du SDV, de son adaptabilité à toute heure, tout lieu, serait lui-même remis en cause. De plus, certaines mises à jour critiques pourraient potentiellement ne pas être déployées. Une véritable réflexion autour de l’utilisation et du déploiement des mises à jour via le cloud doit être envisagée, tout en prenant en compte les infrastructures réseau mises en place dans certaines localités (zones grises).
Enfin la nécessité de traitement des données est également un coût, en plus du stockage et du transfert de données. L’analyse de données dans des structures IT non adaptées peut rapidement s’avérer coûteux, lent et non optimisé. En centralisant les données véhicules et en les catégorisant intelligemment, cette sensation de gros moteur tournant dans le vide peut très vite s’inverser et produire des résultats satisfaisants rapidement.
Il existe encore de nombreuses problématiques à résoudre pour le secteur automobile avant d’atteindre une certaine maturité data. Cependant, en s’accordant dès à présent sur les synergies nécessaires à développer entre acteurs du secteur, certains projets pourraient avancer rapidement.
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Par Gen Li, Senior Presales Engineer chez Sonatus