La prolifération des appareils IoT dans des secteurs critiques pousse les entreprises à repenser leurs stratégies de cybersécurité. Si les VPN sont encore largement utilisés, seuls des réseaux privés dédiés peuvent assurer une protection optimale, notamment face aux attaques de type DDoS et aux vulnérabilités des objets eux-mêmes.

Les entreprises se tournent de plus en plus vers l’intégration de services connectés complémentaires à leurs produits physiques. Qu’il s’agisse de flottes de Télévisions, de systèmes de vidéosurveillance ou de véhicules, la collection des données uniques est devenue incontournable. Avec la prolifération d’appareils connectés de tous secteurs mais surtout de la santé, la finance ou la monétique ; la sécurité des données sensibles transmises devient un enjeu majeur. La réglementation impose désormais des normes strictes pour encadrer la transmission de ces informations, car la plupart de ces données ont pour habitude de transiter par des réseaux publics, posant de sérieux défis en matière de cybersécurité. Bien que les réseaux privés s’imposent comme une solution, la migration des infrastructures existantes n’est pas aisée. Examinons quelques bonnes pratiques essentielles dans ce domaine.

Les solutions actuelles : les VPN et leurs limites

L’une des solutions les plus répandues pour sécuriser le transfert des données IoT est l’utilisation de réseaux privés virtuels (VPN). Si les VPN offrent un certain niveau de protection en chiffrant les données, ils présentent des limites importantes. En effet, chaque terminal connecté doit intégrer une couche supplémentaire de logiciel de chiffrement, ce qui complique la gestion des équipements et réduit la flexibilité de l’infrastructure. De plus, les VPNs ne sont pas immunes aux attaques et certains vecteurs se concentrent sur le piratage des équipements IoT eux-mêmes.

Quoiqu’il en soit un VPN peut effectivement atténuer le risque d’exposition, mais ne l’élimine pas totalement. Ce point est crucial pour les entreprises qui traitent à la fois des données sensibles et des informations à moindre risque. La menace ne provient pas uniquement du vol de données, mais aussi de l’exploitation des objets connectés eux-mêmes, qui deviennent des vecteurs d’attaques potentiels. Les attaques par déni de service (DoS) utilisant des objets connectés comme points d’entrée sont fréquentes et peuvent paralyser des infrastructures entières, notamment dans des secteurs critiques tels que l’énergie ou les transports.

Les réseaux privés : une alternative plus sûre, mais complexe

Pour répondre à ces problématiques, il devient nécessaire d’envisager des solutions basées sur des réseaux privés dédiés, notamment via des APN privés (Access Point Name dans le jargon des opérateurs mobiles). Ces réseaux permettent de physiquement segmenter les flux de données de manière isolée et sécurisée, à l’écart de l’internet public. Cependant, ces solutions sont souvent complexes à déployer, coûteuses et généralement réservées aux grandes entreprises disposant des ressources adéquates.

Techniquement, un objet connecté se relie via une puce à un APN privé, qui fonctionne dans une configuration physique et logique distincte de l’internet public. Les adresses IP attribuées aux dispositifs IoT et aux infrastructures cloud sont privées et non routables sur le réseau public, ajoutant une couche supplémentaire de sécurité. Toutefois, cette approche n’est pas encore largement adoptée, car les opérateurs mobiles, historiquement concentrés sur la fourniture de services basés sur des APN publics, n’ont pas encore pleinement intégré la gestion de réseaux privés dans leur offre standard.

La migration d’une flotte IoT : un défi coûteux

La migration d’une flotte d’équipements IoT d’un réseau public vers un réseau privé représente un défi de taille. Cette transition nécessite non seulement des mises à jour logicielles et matérielles sur chaque appareil, mais également le remplacement des cartes SIM, ce qui peut engendrer des coûts considérables. C’est pourquoi il est crucial que les entreprises anticipent ces besoins dès le début du projet, en optant d’emblée pour un réseau privé, plutôt que de devoir gérer une migration ultérieure coûteuse et complexe.

L’un des principaux obstacles à la migration est la gestion des infrastructures cloud. Lorsque des données sont transférées via des VPN, chaque modification de l’architecture cloud impose une reconfiguration des VPN, rendant les migrations encore plus complexes et chronophages. Seuls quelques opérateurs spécialisés dans l’IoT sont en mesure de proposer des solutions adaptées pour gérer ces migrations à grande échelle.

Vers une migration progressive : les réseaux jumeaux

Pour les entreprises déjà engagées dans des infrastructures publiques, une stratégie de migration progressive est recommandée. Cela implique la création d’un réseau jumeau sur une configuration privée, suivie d’une migration graduelle, appareil par appareil. Cette approche nécessite une intervention physique sur chaque équipement IoT, mais permet d’étaler les coûts et de limiter les interruptions de service.

En parallèle, les nouveaux entrants sur le marché bénéficient d’un avantage certain en intégrant directement ces technologies dans leurs systèmes. L’évolution des réseaux mobiles, notamment avec l’extinction progressive des réseaux 2G et 3G, pousse d’ailleurs les entreprises à repenser leur flotte d’équipements IoT.

La sécurisation des équipements IoT via des réseaux privés est un enjeu stratégique pour les entreprises. Bien que les solutions actuelles, comme les VPN, apportent une première couche de sécurité, elles ne suffisent plus à protéger des flottes d’équipements de plus en plus vulnérables aux cyberattaques. La migration vers des réseaux privés constitue une solution optimale. Pour réduire la complexité d’une migration du public vers le privé, les entreprises privilégieront des solutions progressives. Le maître mot reste l’anticipation : envisager des infrastructures privées dès la conception des projets IoT permet d’éviter des coûts supplémentaires à long terme.
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Par Sylvestre Becker-Babel, Vice-Président, IoT et Data Mobility, Console Connect France

 

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