Plutôt que de rechercher des gains de productivité de 1 à 2% par an, il faut voir grand et viser plutôt des gains de 50 % sur plusieurs années, tel est le message que vient de lancer cabinet McKinsey.
Des trois facteurs de production que le travail, le capital et la terre et les ressources naturelles (définies comme n’importe quelle ressource provenant de la Terre à commencer par l’agriculture ou les industries minières), les deux premières révolutions industrielles se sont concentrées sur les deux premiers facteurs influencées sans doute par l’idée que les ressources provenant de la Terre étaient illimitées.
Avec l’arrivée des technologies de l’information et du numérique, des nanotechnologies et des biotechnologies, des améliorations de productivité considérables sont rendues possibles dont la mise en œuvre nécessitera de nouvelles méthodes de management. Dans cette révolution à venir, cinq approches ont été détaillées par le cabinet McKinsey dans le nouveau Resource Revolution à savoir la substitution, l’optimisation, la virtualisation, la circularité (c’est-à-dire le fait de trouver de la valeur dans les produits après leur utilisation initiale) et l’élimination des gaspillages (Are you ready for the resource revolution?). Plusieurs entreprises ont défriché ces cinq approches en combinant nouvelles technologies et nouveaux business models : Tesla Motors, Uber et Zipcar (racheté par Avis) dans les transports ; C3 Energy, Opower et SolarCity dans l’énergie ; Hampton Creek Foods et Kaiima dans l’agriculture ; Cree, DIRTT et Nest Labs dans les immeubles intelligents et la domotique.
Certaines de ses approches font une utilisation intensive du numérique et ne pourraient même pas exister sans ces technologies. L’optimisation peut être envisagée de plusieurs façons. Il y a d’abord tout ce qui peut être dérivé de l’Internet des objets avec l’exemple de GE qui entend améliorer significativement la maintenance des équipements et leur durée de vie grâce à l’utilisation des capteurs produisant des données sur leur fonctionnement. Ces technologies ont aussi une incidence sur les business models. Elles permettent à GE de facturer ses clients à l’heure d’utilisation réelle. Le fabriquant d’équipement industriel Komatsu va encore plus loin dans optimisation l’utilisation en créant un service qui permet à ses clients de sous-louer entre eux leurs matériels. Komatsu aide par exemple une entreprise qui a besoin d’une pelleteuse à en trouver une parmi ses propres clients et favorise la mise en relation. A l’inverse, il aide les clients qui ont un équipement inutilisé pendant une certaine période à trouver un utilisateur potentiel.
Parmi les autres voies d’optimisation possibles, on peut citer l’initiative surprenante d’UPS pour laquelle il y a aujourd’hui un retour d’expérience important consistant à optimiser le trajet des véhicules de livraison des colis en limitant autant que faire se possible de tourner à gauche. Une idée qui peut paraître farfelue mais qui s’est révélé efficace et productive. Il s’en est suivi une amélioration sensible de la sécurité et une réduction de la consommation d’essence.
Une autre entreprise de livraison a réduit ses factures de stationnement grâce à la restructuration dynamique des trajets en fonction de l’état du trafic et des habitudes des clients. L’US Air Force a réduit de 20 % la consommation de kérosène de ses avions de chasse en adoptant la formation des oies dites du « Vortex surf ».
La virtualisation dans sa conception courante, comprise notamment par la transformation numérique – et qui a sa déclinaison dans l’IT – est une autre pour laquelle l’informatique joue un rôle important. Certains acteurs comme les éditeurs de presse sont assez réticents d’y aller mais ont-ils le choix. La raison en est simple : les revenus de la publicité sur le Net sont largement moins élevés que sur le papier (entre 6 et 10 fois).
Les constructeurs automobiles ne souhaitent évidemment pas que l’usage de l’automobile diminue. Mais la tendance est bien là. Aux Etats-Unis, le nombre de kilomètres parcourus n’a fait que baisser depuis 2004 et la crise n’explique pas tout. Les raisons en sont multiples : prix de l’essence qui a largement augmenté, le télétravail a augmenté tous comme les achats en ligne, les nouveaux moyens de vidéocommunications de type Skype, autant d’éléments qui ont favorisé cette tendance. Les études sociologiques ont même montré un certain désintérêt chez les jeunes dans la conduite, une évolution marquant par rapport aux générations passées pour qui la possibilité de conduire était une sorte de sésame pour passer dans le monde adulte et un symbole de liberté.
Dans le domaine de la domotique, les produits de Netlabs pourrait transformer un simple thermostat en une véritable plate-forme numérique permettant d’optimiser la consommation et les services de sécurité (pouvant inclure des services de loisirs, de santé, de communication…). Dans le domaine de la santé, le système Watson d’IBM qui est une plate-forme d’aide au diagnostic bourrée de technologies et pourrait changer en profondeur la pratique médicale.
L’utilisation des technologies aura parfois des applications concrètes et parfois un peu surprenantes. Dans son article, le cabinet McKinsey mentionne par exemple l’utilisation du mobile pour détecter des modifications en profondeur. En associant des habitudes de comportement et le positionnement géographique de l’usager d’un portable grâce au GPS, il est ainsi possible de constater si un individu est en train de se transformer en ermite et permet de diagnostiquer des modifications psychologiques très tôt avant même qu’un médecin puisse les observer.