Il est l’ancêtre de tous les mainframes. La machine qui a réellement inventé l’informatique d’aujourd’hui séparant « logiciel » et « hardware ». À l’époque, un pari à 5 milliards de dollars…
Nous sommes en avril 1964… IBM présente sa nouvelle machine dont la commercialisation débute dès mai 64 (avec une livraison des premières machines en 1965) : le « System/360 ». Un mainframe… Son premier « mainframe » authentique qui allait définir les normes et formats des mainframes à venir.
La machine est en développement depuis 1961 à partir d’une idée : faire en sorte que les applications ne soient plus directement attachées au hardware et que l’on puisse faire évoluer « l’ordinateur » sans avoir à réécrire l’intégralité des applications. Un pari sur l’avenir qui aura coûté à IBM 5 milliards de dollars (sur 4 ans) et mis l’entreprise en grand danger. Dans l’esprit des dirigeants, la voie suivie avec le « System/360 » était la voie d’avenir et le système était destiné à remplacer l’intégralité de la gamme IBM existante (qui comportait 5 machines : IBM 709, IBM 1240, IBM 1440, IBM 1460, IBM 7094). On n’était donc pas loin du « quitte ou double ».
Sous la houlette de Gene Amdahl (créateur de l’IBM 704 puis dans les années 70 des mainframes d’Amdahl Corp) et de Fred Brooks (inventeur du concept d’architecture informatique), l’équipe SPREAD d’IBM (Systems Programming, Research, Engineering & Development) allait réinventer IBM et par voie de conséquence l’informatique.
Mais à quoi ressemblait un « mainframe » en 1964 !? Accrochez-vous, les caractéristiques techniques défrisent : Une mémoire vive titanesque de 8 Ko (oui, 8 Kilo-octets, à l’époque IBM parlait plutôt d’une mémoire de 8.000 caractères) extensible à 524 Ko (524 0000 caractères), un « processeur » SLT (Solid Logic Technology) de 8 bits et un stockage bande de 8 Mo (8 millions de caractères) !
Dans sa déclinaison la plus basique, le System/360 pouvait réaliser 75.000 opérations par seconde. Mais IBM va lancer en réalité 6 versions de son System/360 dont le haut de gamme pouvait exécuter jusqu’à 1 million d’instructions par seconde ! Un record à l’époque.
À titre de comparaison, 20 ans plus tard, l’Atari ST était lancé en 1984 par Jack Tramiel, avec un processeur 16/32 bits (Motorola 68000) exécutant 2 millions d’instructions par seconde, 128 Ko de RAM (extensible à 4 Mo), un lecteur de disquette de 1,44 Mo (avec un disque dur optionnel de 48 Mo).
Le pari d’IBM était osé. Séparer hardware et software revenait à réinventer toute l’économie de l’informatique. Il sera cependant vite payant. Dès 1966, IBM a commencé à écouler plus d’un millier de machines par mois.
Et la légende des mainframes IBM naissait… Le System/360 allait ensuite donner naissance aux System/370, à la « 4300 Series », aux « S/390 » puis aux séries Z (dont le dernier modèle est le Z16 (sorti en 2022).