Dans la foulée de nouvelles annonces gouvernementales pour réduire l’impact des équipements électroniques sur l’environnement, le Syntec Numérique annonce une nouvelle initiative : la plateforme Planet Tech’Care…
Comme le rappelait l’étude GreenIT.fr publiée l’an dernier, le numérique n’est pas uniquement virtuel et immatériel. Il naît, s’alimente, et dépend d’une combinaison de machines, serveurs, smartphones, tablettes, câbles, datacenters, chargeurs et alimentations électriques. Il en résulte un impact croissant sur l’environnement qu’il nous faut désormais bien mieux maîtriser. Le numérique contribuerait en effet à 3% des émissions mondiales de gaz à effet de serre et se rapproche de celui du taux d’émission du trafic aérien. Le numérique conduit à une hausse de 9% de la consommation énergétique annuelle.
Un sujet devenu politique
Comme une grande partie de l’économie repose désormais sur le numérique, la tendance ne s’inversera pas sans un effort concerté. Poussés par les associations écologistes et une population de plus en plus inquiète, les politiques s’intéressent fortement au sujet.
La loi Pacte a précisé la raison d’être des entreprises qui doivent désormais être gérées dans leur intérêt social, en prenant en considération les enjeux sociaux et environnementaux de leur activité.
Le Sénat et le Conseil national du numérique (CNNum) ont chacun dévoilé cet été un état des lieux et une feuille de route pour la France visant à favoriser une transition numérique écologique.
Cette semaine, les ministères de l’Économie et de l’Environnement, en s’appuyant sur ces travaux ainsi que sur les propositions de la Convention citoyenne pour le climat, ont tracé une feuille de route pour d’une part allonger la durée de vie des appareils électroniques et d’autre part « objectiver l’empreinte numérique » en chargeant l’Arcep et l’Adem de déterminer comment informer efficacement les consommateurs sur l’impact de leurs usages numériques.
Selon l’étude GreenIT.fr, si les efforts en matière de Datacenters « verts » et d’éco-conception des services cloud peuvent et doivent encore être intensifiés, l’attention doit être prioritairement portée sur les équipements des utilisateurs. Ils représentent à eux seuls 62% des émissions à effet de serre et 75% de l’empreinte numérique. En cause, leur fabrication. De la naissance à leur obsolescence programmée.
Le plan de relance veut ainsi consacrer 21 millions d’euros pour soutenir les filières de la réparation, de la seconde main et du réemploi des appareils numériques. Une note indiquant le degré de réparabilité d’un produit va aussi être introduite en 2021. Et les opérateurs de téléphonie vont devoir systématiser la collecte dans leurs boutiques des smartphones endommagés ou inutilisés.
Par ailleurs, le gouvernement compte doté d’un fonds de 300 millions d’euros gérés par BpiFrance, le dispositif GreenTech Innovation destiné à financer et soutenir les startups « vertes » dans l’optique de faire converger environnement et numérique.
Les acteurs du numérique unis autour de Planet Tech’Care
C’est dans ce contexte pro-environnemental que le Syntec Numérique annonce la nouvelle initiative Planet Tech’Care. Cette plateforme met en relation les entreprises, les acteurs de la formation, des partenaires et experts du numérique et de l’environnement afin d’aider TPE, PME et grandes entreprises du numérique à réduire leur empreinte environnementale et de leur donner les outils et moyens de faire des choix plus éclairés et responsables.
100 entreprises et acteurs de la formation ont déjà signé le manifeste de Planet Tech’Care. On y retrouve des acteurs comme Accenture, Atos, Altran, Capgemini, Cdiscount, Danone, La Poste, Legrand, L’Oréal, Sage, Suez, Système U, Sopra Steria, Véolia, Vibendi, l’école Polytechnique, etc. Les géants américains Microsoft et Google en sont également signataires.
En s’engageant autour de ce manifeste, les entreprises ont accès gratuitement à un programme d’accompagnement avec des ateliers organisés par les partenaires de l’initiative. Les signataires s’engagent à réduire les impacts environnementaux de leurs produits et services.
Pour Yann Lechelle, CEO de Scaleway, signataire et partenaire de Planet Tech’Care, « tandis que la conscience écologique s’intensifie et que les entreprises cherchent à s’inscrire dans des démarches de responsabilité sociétale, il devient essentiel que les principaux acteurs du numérique répondent de manière adéquate, innovante et transparente à la demande d’une consommation informatique plus responsable. Nous sommes donc enthousiasmés de rejoindre Planet Tech’Care car c’est à nous, aux acteurs de ce secteur, de nous positionner comme piliers incontournables de l’économie de demain en mettant ces forces transformatrices au service d’une société plus juste, plus responsable et plus verte. Et parce que 80 % de l’informatique mondiale n’est pas encore dans le cloud, cette nouvelle phase de transformation ne fait que commencer ! ».
L’empreinte du numérique est devenue, ces dernières semaines, le nouveau cheval de bataille des politiques. Espérons que ces initiatives non seulement aideront le public à se sensibiliser à ces enjeux mais également à acquérir un savoir qui leur permettra d’appréhender les innovations technologiques avec la distance nécessaire pour ne pas tomber dans les thèses complotistes ou dans un obscurantisme inquiétant.