La deeptech française C12 Quantum Electronics se distingue dans le domaine de l’informatique quantique par ses recherches autour des qubits de spins confinés dans des nanotubes de carbone. Sélectionnée par l’Armée française dans le cadre du programme Proqcima, elle annonce une nouvelle levée de fonds de 18 millions d’euros.
L’écosystème français de l’informatique quantique est l’un des plus dynamiques et des plus innovants. A côté de noms déjà bien établis comme Pasqal, Quandela ou Alice & Bob, d’autres jeunes pousses fleurissent explorant d’autres domaines parfois matériels, parfois logiciels. Car l’informatique quantique n’est pas une évolution de l’informatique, mais une discipline qui impose de réinventer, de repenser, de réimaginer toute la « pile » technique, du qubit jusqu’aux applications.
C12 Quantum Electronics n’a pas l’aura des startups précédemment citées. Créée en 2020 par deux chercheurs, les jumeaux Mathieu et Pierre Desjardins, cette Deeptech planche sur l’utilisation de nanotubes de carbone pour piéger des électrons et s’en servir de Qubits manipulés par micro-ondes. Un domaine de recherche assimilé à celui des « Quantum Dots Spins Qubits » (Qubits de Spins confinés dans des boîtes quantiques) sur silicium, dans lequel œuvre notamment des acteurs comme Intel, Archer (qui utilise des nano sphères) ou l’anglais Quantum Motion. Domaine qui cherche donc à piéger des électrons là où d’autres essayent plutôt de piéger des ions.
Cette conception en nano-tubes peut, en théorie, améliorer l’isolation et le temps de cohérence des qubits par un facteur 100, tout en maintenant un couplage fort pour une manipulation rapide des qubits.
Afin de poursuivre ses recherches et développer son premier processeur quantique, C12 a annoncé cette semaine avoir bouclé une seconde levée de fonds de 18 millions d’euros après une première levée de 10 millions d’euros en 2021. On retrouve dans ce second tour de table à la fois les acteurs de la première levée (360 Capital, Bpifrance, BNP Paribas Développement) mais surtout de nouveaux venus tels que Varsity Capital, EIC Fund et Verve Ventures.
On rappellera aussi que la start-up avait inauguré le 27 octobre 2023 sa première ligne de production, à deux pas du Panthéon (Paris 5e). Une « fab quantique », qui représente un investissement de près de 9 millions d’euros, créée dans un profond sous-sol pour être mieux isolée des vibrations et perturbations électromagnétiques.
La priorité de la startup est désormais de passer au stade de la conception de qubits et de créer une opération haute-fidélité entre deux qubits distants intriqués. Il y a urgence à avancer, d’abord parce que la concurrence a de l’avance ensuite parce que C12 a été sélectionnée par le Ministère des Armées dans le cadre du programme Proqcima visant à disposer de deux prototypes opérationnels d’ordinateurs quantiques universels d’au moins 128 qubits d’ici 2032. Outre C12, l’Armée française a également sélectionnée quatre autres deeptechs françaises ; Alice 1 Bob, Pasqal, Quandela et Quobly. Le programme Proqcima anticipe également une seconde phase en 2035 avec des machines quantiques tolérantes aux erreurs d’au moins 2048 qubits. Reste à savoir si de tels programmes survivront aux changements de gouvernements et de politiques qui s’annoncent.