L’année 2019 aura été rythmée par des innovations technologiques à même de bouleverser l’IT et le paysage numérique des entreprises dans les prochaines années. Voici celles, qui selon nous, auront marqué l’année et lancé de nouvelles tendances.

Informatique quantique, stockage millénaire, mobilité à double écran, Libra, Silica, 2019 a vu naître de nombreuses tendances et innovations technologiques. Certains viendront profondément transformer notre façon de travailler et le quotidien des entreprises. Voici, selon nous, les plus marquantes.

Le double écran sur mobile  

Surface Duo

L’année a commencé avec l’annonce de smartphones à écran pliable. Un vrai fiasco. Les deux modèles qui devaient inaugurer une nouvelle tendance, le Samsung Galaxy Fold et le Huawei Mate X, ont vu leur sortie repoussée de plusieurs mois pour peaufiner leur fabrication. Et le succès n’est pas au rendez-vous. D’autres appareils pliables sont attendus en 2020 avec notamment un nouveau Samsung Galaxy Fold « clamshell » qui se déplie verticalement. Mais ces premiers appareils démontrent surtout qu’il faut inventer l’ergonomie qui va avec.
Et la bonne vision n’est peut-être pas l’écran pliable mais plutôt le double écran. Une vision dévoilée par Microsoft avec ses projets de tablettes Windows double-écran « Surface Neo » et de smartphones Android double-écran « Surface Duo ». Microsoft fait plancher ses équipes Windows (projet Windows 10X) et Office mais collabore également avec Google et les communautés open source pour créer l’ergonomie et les scénarios d’usage de tels appareils qui naîtront en 2020 chez Microsoft mais aussi chez ses partenaires. Un concept très prometteur, notamment en entreprise, où les scénarios d’usage pour du double écran sont nombreux.

Libra, la monnaie polémique

Facebook Libra (Shutterstock)

L’annonce d’une cryptomonnaie privée par Facebook a fait couler beaucoup d’encre. Le projet – soutenu au départ par de nombreux acteurs de l’univers des cartes bancaires notamment – a pris du plomb dans l’aile devant le refus assez catégorique des États et de l’Europe.
Qu’il finisse par aboutir ou non, le projet Libra aura eu le mérite d’enrichir les conversations autour des cryptomonnaies, celles existantes et celles à venir, et mobiliser les politiques sur le sujet.
En 2020, on devrait encore beaucoup entendre parler de cryptomonnaies avec des initiatives nationales (le Digital-Yuan chinois) et une volonté européenne d’un éventuel ‘euro digital’.

Le rendez-vous raté de la 5G

La 5G (Shutterstock)

Ça y est. La 5G est là. Enfin, presque partout sauf en France. Comme d’habitude, l’hexagone n’a pas su anticiper et c’est noyé dans des concertations politiques sans fin. Les opérateurs sont prêts. Les premiers téléphones sont même disponibles sur le marché français. Mais l’ANSSI ne l’est pas, l’ARCEP ne l’est pas et le gouvernement non plus. Au moins sont-ils désormais d’accord et les enchères pourront être lancées à la fin du premier trimestre 2020 pour un déploiement au second semestre. Mais que de temps perdu !
Car la technologie s’annonce très transformatrice. Elle se démarque sur 3 points : vitesse, latence et densité. Par rapport à la 4G, la 5G multiplie les débits par 10, divise les latences par 10 et multiplie par 10 le nombre de connexions supportées en simultané. On gagne également en fiabilité pour s’approcher du filaire. Rappelons que la 5G connaîtra deux phases de déploiement : À partir de 2020, une première phase dite de « 5G non autonome » (ou 5G NSA) s’appuyant sur le réseau 4G existant, enrichi d’antennes 5G pour exploiter de nouvelles fréquences. À partir de 2023, une seconde phase dite de « 5G autonome » (ou 5G SA) concrétisera les promesses de réduction des temps de latence et de fiabilité avec un découpage fonctionnel du réseau et l’exploitation des ondes millimétriques.

Le Spatial Computing et la notion de téléprésence

Le lancement commercial des Hololens 2 de Microsoft et des Magic Leap One ont ouvert la voie vers le spatial computing et cette notion d’avoir un univers virtuel holographique totalement intégré au monde physique au point de pouvoir interagir avec lui avec nos mains, notre regard et notre voix. La concrétisation d’un monde physique vraiment enrichit par du virtuel.
L’arrivée de ces nouveaux casques de réalité mixte à base d’hologramme a également contribué à démocratiser la notion de téléprésence. Que ce soit pour tenir des réunions entre collaborateurs séparés par des kilomètres, pour mettre un formateur virtuel au côté d’un apprenti, pour placer un expert situé à des kilomètres en plein milieu d’une intervention en assistance d’un ouvrier nucléaire ou d’un chirurgien, il devient possible d’être virtuellement présent presque aussi concrètement que si l’on était physiquement présent. Ces usages ne font plus partie du futur. Ils sont déjà concrétisés en entreprise avec des applications comme Dynamics 365 Remote Assist par exemple.

Knative et Open Enclave

Deux nouvelles technologies Open Source nous ont marqué cette année et devraient être au cœur des infrastructures IT et des discours des acteurs de l’IT en 2020.
La première est issue de Google. Le projet Knative est une plateforme « serverless » pour concevoir facilement et déployer simplement des applications événementielles sous forme de containers. C’est en quelque sorte une couche « serverless » pour faire du « container as a service » au-dessus de n’importe quel cluster Kubernetes qu’il soit la fondation de votre cloud privé ou hébergé dans le cloud public. Les développeurs n’ont plus à se soucier de la plomberie et des problématiques de mises à l’échelle, la plateforme se charge de tout.
La seconde est issue de Microsoft et publiée sur GitHub. Open Enclave SDK implémente une abstraction unifiée d’enclaves pour mieux protéger et isoler codes et données notamment dans des environnements multi-tenant où différentes entreprises se partagent un même cluster d’exécution. Ce kit pour Linux et Windows permet aux développeurs de s’affranchir d’une adaptation propre à chaque OS et chaque implémentation d’enclaves au cœur des nouveaux processeurs Intel, AMD, ARM…

Project Pacific et Anthos Migrate

Project Pacific à VMWorld

VMware est au cœur des infrastructures IT de nombre d’entreprises. Mais l’entreprise qui a popularisé les VM (machines virtuelles) au cœur des infrastructures a décidé de jouer une nouvelle carte : faire des « containers » le cœur des infrastructures de demain en réécrivant totalement vSphere et ESX pour faire de Kubernetes la nouvelle pierre angulaire des infrastructures. Avec Project Pacific, VMware fait joue le « all-in » sur le container mais sans bouleverser les habitudes et les connaissances des administrateurs. Les containers s’administrent comme les VMs et, à terme, toutes les VMs deviendront des containers.
Cette volonté de transformer automatiquement les VMs, autrement dit les workloads d’hier et d’aujourd’hui, en containers (les workloads de demain) est également un élément clé de la stratégie hybride de Google avec sa plateforme Anthos et son extension « Migrate for Anthos ».

Une informatique quantique à portée de clics

IBM avait initié le mouvement dès 2017, mais 2019 aura marqué un vrai tournant avec l’apparition de services cloud chez AWS et chez Azure permettant de se confronter à de véritables ordinateurs quantiques pour non seulement apprendre les subtilités de cette informatique radicalement différente qui demandent de réinventer l’algorithmie mais surtout pour commencer à y exécuter des premiers algorithmes pratiques à même de changer la donne.
AWS met à disposition des machines IonQ, Rigetti et D-Wave.
Azure propose des machines Honeywell, IonQ et QCI en attendant de donner accès à sa propre machine quantique toujours en cours d’élaboration chez Microsoft Research.
IBM donne accès à 14 machines « IBM Q Systems » et va un peu plus loin en proposant une interface de programmation visuelle (Circuit Composer), première vraie tentative de démocratisation de la programmation quantique.

Le stockage millénaire

Lors de MS Ignite, Microsoft a démontré le fruit de sa collaboration avec le centre de recherches optiques et optoélectroniques de l’université de Southampton.
Le Project Silica une petite plaque carrée en verre de quartz de 7,5 cm de côté et de 2 mm d’épaisseur pouvant archiver plus de 100 To de données durant plusieurs centaines, milliers voire milliards d’années.
Une piste à suivre et qui pourrait se concrétiser assez vite grâce au cloud, certainement beaucoup plus rapidement que d’autres technologies d’archivage innovantes telles que le stockage ADN également expérimenté depuis plusieurs années par Microsoft Research.

La contestation des collaborateurs

Crédit : Shutterstock

Ce dernier point est l’un des faits les plus marquants de 2019 et traduit une tendance de fond qui va aller en s’accentuant. Si l’on en parle ici, c’est parce que les entreprises technologiques y ont été en premier confrontées. Google se retire de la course au contrat JEDI du Pentagone sous la pression de ses collaborateurs. Le patron de Salesforce est interpellé en plein Keynote de la Dreamforce 2019 par ses employés parce que l’entreprise compte comme client l’organisme public des « douanes et protections des frontières » dont les détestables pratiques ont fait la Une de la presse américaine. Microsoft et Google ont dû affronter des manifestations sur leurs campus pour des problèmes de harcèlement sexuel ou des discriminations salariales. Sous la pression de leurs collaborateurs, les grandes entreprises américaines rappellent leur soutien aux accords de Paris et s’engagent sur une accélération des objectifs climatiques, faisant ainsi front face au gouvernement Trump.
Discriminations, urgence écologique, contrats gouvernementaux, les collaborateurs mettent une pression de plus en plus forte sur leurs entreprises et leurs directions. C’est une vague de fond d’une ampleur jamais vue qui va marquer et profondément influer sur le rôle et le comportement des grandes entreprises de la Tech dans la prochaine décennie.

A plus d’un titre, 2019 restera comme une année charnière dont les innovations marqueront probablement la décennie à venir…