Les secteurs du développement, de l’IA, de la Data et de la cybersécurité ont été, sans surprise, très mouvementés en 2019 avec des effets de consolidation et plusieurs rachats très symboliques.
Les acquisitions d’entreprises sont un bon indicateur des stratégies à plus ou moins termes des sociétés qui les acquièrent. Après une première partie centrée autour des GAFAM et des grands acteurs du SaaS et de l’infrastructure, cette seconde partie se focalise sur les grandes acquisitions qui ont marqué l’univers de la data, du développement et de la cybersécurité…
Les rachats du monde de la sécu
Dans le monde de la sécurité, le séisme le plus notable de 2019 restera sans aucun doute le rachat de Symantec Enterprise Security par Broadcom pour 10,7 milliards de dollars. Depuis quelques années, Symantec naviguait dans une zone de turbulences, changeant de CEO à un rythme inégalé. L’entreprise avait racheté en début d’année la startup Luminate Security et ses solutions de sécurisation des actifs des entreprises qu’ils soient « on-prem » ou dans le cloud. Insuffisant pour se relancer et trouver réellement de nouveaux marchés. L’entreprise était devenue une proie pour Broadcom qui cherche à étoffer sa position dans les solutions logicielles d’entreprise depuis le rachat de CA en 2018. Rappelons que la division grand public de Symantec poursuit cependant son chemin indépendant, portée par les marques Norton et Lifelock.
Les spécialistes des réseaux ne peuvent plus se contenter de transférer la donnée. Ils doivent la protéger et la sécuriser sous toutes ses formes. Preuve en est avec Palo Alto Networks qui a acquis en 2019 cinq startups, toutes animatrices de l’univers de la sécurité. Demisto, acteur du marché du SOAR (Security Orchestration, Automation and Response) a été avalée en mars pour 560 millions de dollars, suivi peu après de Twistlock (sécurité des containers) pour 410 millions de dollars et de PureSec (sécurisation des approches Serverless) pour un montant non divulgué. Palo Alto s’est également offert Aporeto (spécialiste de la microfragmentation) pour 150 millions de dollars et Zingbox (sécurité IoT) pour 75 millions de dollars en septembre.
La sécurisation de l’IoT est sans surprise un domaine en pleine mouvance. Tenable a cherché a renforcé ses compétences dans le domaine industriel en avalant Indegy et Check Point s’est offert un spécialiste des firmwares IoT Cymplify. Peu après Check Point s’est aussi offert un spécialiste de la sécurité dans le cloud, Protego.
De son côté FireEye a payé 250 millions de dollars en cash et en action pour s’offrir une plateforme d’instrumentation de la cybersécurité et de mise en évidence des attaques, en l’occurrence celle de Verodin. De son côté, SumoLogic a cherché à enrichir sa plateforme SIEM en absorbant le SOC autonome de JASK.
Les choses ont également bien bougé dans l’univers des antivirus et de la protection des Endpoints avec notamment le rachat de Webroot par Carbonite, celui de enSilo par Fortinet, celui de Sophos par un fonds d’investissement pour près de 4 milliards de dollars et bien sûr celui de Carbon Black par VMware (dont nous avons parlé dans la première partie).
Le rachat de Sophos par le fonds Thoma Bravo mérite que l’on s’y attarde un peu. Thoma Bravo semble vouloir se focaliser sur ce domaine. Le fonds avait déjà investi dans Imperva en 2018, Imperva qui a elle-même avalé en 2019 un spécialiste de la sécurité des API Distil Networks. Avant d’être repris par Thoma Bravo, Sophos avait cherché à étendre ses activités de sécurité en mode managé en achetant en début d’année DarkBytes et Rook Security.
Dans un domaine un peu différent, on retiendra également que Dropbox a dépensé 230 millions de dollars pour s’offrir HelloSign, un spécialiste de la signature électronique de documents.
Dans la donnée, ça bouge aussi
Alors que son principal concurrent Tableau se faisait très généreusement absorber par Salesforce, l’un des grands spécialistes de la visualisation de la Data et de la BI, Qlik, cherchait à fortifier sa position en absorbant un spécialiste de l’ingestion de données, de l’intégration et de la réplication : Attunity. Pour 560 millions de dollars.
Pour transmettre les informations, les nouvelles messageries et les SMS sont la spécialité depuis longtemps de Twilio et de ses très pratiques et universelles APIs. Mais l’entreprise s’est rappelé que malgré ses efforts, l’email restait incontournable. Et plutôt que de développer soi-même une solution, Twilio a préféré s’offrir SendGrid pour la rondelette somme de 3 milliards de dollars !
Tsunami dans le développement…
C’est l’une des très grandes surprises de 2019. À l’ère de l’omniprésence de Kubernetes, Docker s’est retrouvé contraint d’abandonner sa division Docker Enterprise à Mirantis. Ce qui reste de Docker se spécialisera dans les outils de développement alors que Mirantis veillera aux destinées de Docker Enterprise Container Platform et autres technologies associées.
Dans la foulée des mésaventures de Docker, il fallait s’attendre à des consolidations dans le « trop » fragmenté univers de la chaîne DevOps. CloudBees, spécialiste des chaînes de livraison et d’intégration en continu (CI/CD), a préféré prendre les devants et s’est montré gourmand tout au long de l’année. L’entreprise a notamment acquis Electric Cloud (dont la solution Electric Flow marchait sur les platebandes de Cloudbees) et Rollout, autre concurrent.
Enfin, comme évoqué dans la première partie, nous rappellerons que VMware s’est offert la solution PaaS Pivotal pour mieux intégrer tous les aspects de création et de déploiement des applications modernes au sein de sa nouvelle vision Cloud Hybride largement marquée de l’empreinte de Kubernetes.
Bref, l’année 2019 aura donc été plutôt mouvementée dans le domaine des acquisitions. Il faut s’attendre à d’autres importants mouvements de consolidation des marchés en 2020, notamment dans le secteur de l’IA, où bien des acteurs lorgnent sur les talents des startups, mais aussi dans le domaine des développements alors que la multiplicité et la fragmentation des outils DevOps invitent les acteurs à proposer des plateformes plus unifiées aux entreprises. L’univers de la cybersécurité devrait aussi nous réserver des surprises puisqu’il demeure l’un des secteurs les plus fragmentés avec plus de 1200 acteurs rien qu’en Europe.
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