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Récap 2019 : Principales acquisitions dans le monde de l’IT (Partie 1)

Les acquisitions de startups ou entreprises bien installées sont souvent très révélatrices des stratégies à moyens et longs termes de ceux qui les acquièrent. Voici un récapitulatif des grandes acquisitions de l’année écoulée par les GAFAM et les acteurs majeurs de l’IT…

Sur le front des consolidations et des acquisitions, 2019 fut en droite ligne de l’année précédente avec quelques mouvements majeurs et stratégiques. Pour y voir plus clair, nous avons les regroupées en grandes thématiques et en deux parties dont voici la première.

Les emplettes des GAFAM

Chaque année, les géants du numérique aux capitalisations boursières hors de toute portée réalisent leur marché, acquérant généralement des startups innovantes pour enrichir leur portefeuille de technologies mais aussi de talents.

Apple a été plutôt raisonnable cette année si l’on omet l’acquisition de la division « modems pour smartphones » d’Intel pour la bagatelle d’un milliard de dollars. À l’heure où Apple prépare son entrée dans l’univers de la 5G, cet achat paraît hautement plus stratégique que ces autres acquisitions de l’année : DataTiger (CRM), PullString (communication vocale), Laserlike (moteur de recherche) et Stamplay (solution d’intégration low code).

Google en revanche s’est montré bien plus gourmand avec des acquisitions majeures à commencer par celle de la pépite du monde de l’IoT et du coach sportif : Fitbit. C’est sans doute l’une des acquisitions les plus surprenantes. Mais Fitbit cherchait un second souffle sur un marché des coachs sportifs stagnant et un marché des montres connectées peu flamboyant, mais très compétitifs. Google – qui avait racheté Motorola avant de céder cette division à Lenovo pour lui préférer finalement HTC Mobile (acquise pour 1,1 milliard de dollars en 2017) – doit avoir besoin de faire sur le marché des montres connectées une opération similaire à celle réalisée avec sa gamme Pixel sur le marché des smartphones. Acquérir Fitbit (pour 2,1 milliards de dollars) lui permettra d’imposer sa vision de ce que doit être Wear OS (ex Android Wear).
Autre achat surprenant et plus difficile à lire, celui de CloudSimple dont le CloudOS permettait d’exécuter toute la stack VMware dans du cloud public. Un moyen de doper la stratégie hybride de Google Cloud tout en coupant l’herbe sous le pied de VMware et Azure qui comptait sur CloudSimple pour étoffer leurs stratégies hybrides respectives.
En 2019, Google s’est aussi offert Elastifile (stockage de fichiers élastique dans le cloud), Looker (plateforme de BI acquise pour 2,6 milliards de dollars, histoire de concurrencer le Power BI de Microsoft) ainsi que Alooma (migration de données vers le cloud).

Microsoft n’est pas en reste. Certes, aucune des entreprises absorbées en 2019 n’a l’importance de GitHub acquis en 2018 pour 7,5 milliards de dollars. Cette année, Microsoft a fait son marché sur l’étale des startups et absorbé jClarity (pour offrir à Azure une vraie légitimité dans l’univers Java), Movere (réputée pour ses outils de planification de migration dans le cloud et ses outils de monitoring et surveillance des environnements IT), Citus Data (un acteur réputé dans l’univers PostgreSQL dont l’extension transforme le SGBD en base distribuée) et PromoteIQ (pour venir renforcer sa division Microsoft Advertising).

Du côté d’Amazon, on retiendra surtout deux acquisitions. La première n’est autre que celle du fabricant de routeurs Eero qui disposait d’un excellent système Wi-Fi Mesh compatible Alexa et qui permet ainsi à Amazon de se positionner en concurrent frontal de Google avec ses solutions mesh « Google Wifi ». Une acquisition pour 97 millions de dollars qui semble une très belle affaire. La seconde concerne directement AWS avec l’acquisition de CloudEndure un acteur du cloud connu pour ses solutions de migration et de Disaster Recovery as a service. De quoi étoffer l’offre d’AWS en la matière avec des solutions réputées pour leur simplicité et efficacité.

Enfin, Facebook s’est montré relativement absente du marché des acquisitions en 2019. On ne compte que sept acquisitions dont trois significatives. Bien que le prix d’achat n’ait pas été communiqué, Facebook aurait dépensé entre 500 millions et 1 milliard de dollars pour absorber CTRL-labs qui développe des interfaces neuronales pour contrôler les ordinateurs par la pensée. Sinon, Facebook s’est également offert deux entreprises dans le domaine des jeux vidéos, la société Tchèque Beat Games (connue pour son jeu VR ‘Beat Saber’) et la startup espagnole PlayGiga (plateforme de jeux en streaming).

Les grands de l’IT

Si la plupart des acquisitions des GAFAM avaient le cloud comme thématique commune, les grands acteurs de l’IT ont aussi procédé à quelques acquisitions majeures pour étendre leur portfolio de solutions, récupérer de nouveaux marchés et se faire une place dans un univers « Edge+Cloud ».

L’une des acquisitions les plus symboliques a été réalisée par HPE qui s’est offert l’un des noms les plus mythiques de l’ère des supercalculateurs : Cray. Cray venait de remporter deux contrats majeurs autour des systèmes HPC « exascale » auprès du gouvernement américain, contrats également convoités par HPE. En absorbant Cray pour 1,4 milliard de dollars, somme relativement modeste, HPE fait donc une bonne affaire et récupère les contrats qu’elle convoitait…

VMware, qui en 2019 a entièrement repensé sa stratégie hybride autour de Kubernetes et des 5 axes « Build – Run – Manage – Connect – Protect » récupère Pivotal (pour 2,7 milliards de dollars afin d’enrichir sa stratégie Build) et Carbon Black (pour 2,1 milliards de dollars pour renforcer son axe Protect).

Chez Intel, c’est presque devenu un réflexe. Dès qu’une jeune pousse se démarque un peu sur le marché pas facile des processeurs accélérateurs de Deep Learning et d’IA, le fondeur de Santa Clara la convoite. Après celle de Movidius et Nervana en 2016 et celle de MobilEye en 2017, Intel s’est offert en fin d’année le fabricant de processeurs d’intelligence artificielle Habana Labs pour 2 milliards de dollars.
Mais Intel a également investi dans les réseaux et le Edge computing en absorbant cette année la startup Smart Edge (pour 27 millions de dollars) ainsi que Barefoot Networks (réputée pour ses processeurs de commutation ultra rapides). Intel a aussi investi dans les systèmes de broadcasting avec l’acquisition d’Omnitek et dans les processeurs à très faible consommation électrique avec celle de Ineda Systems.

Intel n’est pas le seul fondeur à chercher à se densifier sur le domaine du réseau dans un univers où le Edge Computing promet de venir redistribuer quelques cartes.
Nvidia a ainsi investi près de 7 milliards de dollars pour s’offrir Mellanox, un spécialiste des solutions d’interconnexion Infiniband et Ethernet 100, 200 et 400 GbE.

Et pour rester dans l’univers du réseau, on rappellera que F5 Networks s’est offert l’un des plus célèbres proxys inverses et load balancer : NGINX pour 670 millions de dollars,

Dans l’univers du logiciel et des services, Salesforce a continué sa quête de croissance externe. Après l’acquisition de MuleSoft en 2018 pour 6,5 milliards de dollars, l’entreprise qui a révolutionné le CRM grâce au cloud a cassé sa tirelire pour s’offrir l’un des grands noms de la Self-BI et de la visualisation des données : Tableau (pour 15,7 milliards de dollars !). Un achat surprise suivi quelque semaine plus tard par celui moins étonnant de ClickSoftware pour 1,35 milliard de dollars, un éditeur de logiciels de gestion des forces sur le terrain.

De son côté, Workday s’est offert Scout, l’un des leaders de l’e-procurement pour 540 millions de dollars.

Et ServiceNow est allé faire ses emplettes du côté des solutions mobiles afin de s’offrir l’un des spécialistes de l’analytique mobile, Appsee.

Mais ce n’est pas tout. Dans l’univers du développement, de la cybersécurité et de la data, la météo a également été très mouvementée comme vous le découvrirez dans la seconde partie de notre récapitulatif des grandes acquisitions de 2019…

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A lire également : Recap 2019 : Principales acquisitions dans le monde de l’IT (Partie 2)