On en parle moins en cette année de l’IA générative. Mais le Web3 continue de se forger et ouvrira une nouvelle ère pour la démocratisation des données et le partage de l’information. Nous sommes aux prémices du stockage décentralisé des données sur le Web3.
Si le Web3 ne remplacera pas entièrement les options de stockage centralisées basées sur le Cloud du Web2, des multinationales majeures explorent les possibilités qu’il offre. Mercedes-Benz a notamment lancé un circuit de partage de données et Microsoft a investi dans une start-up pour combler le fossé entre les bases de données centralisées et décentralisées.
Le Web2 constitue la norme prédominante du secteur depuis des années et les utilisateurs se sont habitués à la vitesse ainsi qu’aux capacités qu’il garantit. Toutefois, selon IDC, le marché mondial des données devrait dépasser 221 zettaoctets en 2026. À mesure que la datasphère croit, les solutions de stockage de données devront évoluer pour répondre aux exigences des organisations en matière de coûts, de sécurité et de disponibilité. C’est là que le Web3 entre en scène, alors que les mécanismes de stockage et d’extraction qui permettront au Web3 de dépasser les normes du Web2 se développent à un rythme effréné.
Bien que le stockage de données sur le Web3 ne soit pas encore mature pour des applications d’entreprise à grande échelle, les chefs d’entreprise reconnaissent peu à peu son potentiel. L’informatique dématérialisée a été un moteur d’innovation exceptionnel et continuera probablement à le rester, mais il faut se préparer pour l’avenir. Le Web3 permettra une plus large démocratisation des données et de facto, des possibilités de partage de l’information, ce qui révolutionnera la façon dont on stocke et partage les données.
Comment le Web3 peut révolutionner le stockage des données
Le contrôle sur les données est l’un des plus grands défis des entreprises. Le stockage centralisé présente de nombreux avantages, mais il confie également à une seule entité la gestion des flux de données sensibles. Il en résulte souvent des frais de sortie et de conservation élevés, ce qui crée un clivage entre la manière dont les entreprises souhaitent utiliser les données et leur utilisation réelle. Cette approche peut également favoriser les cyberattaques, les pannes de réseau ou les pannes de courant, impactant le chiffre d’affaires comme la réputation d’une organisation. Le stockage décentralisé du Web3 est encore loin d’être adopté par le grand public en raison des obstacles liés à l’évolutivité, à l’intégration et aux ressources énergétiques. Cependant, il apparaît comme une alternative stratégique en raison de sa capacité à offrir des données immuables, pérennes et répliquées. Grâce à ce processus, il offre également une protection économique contre les attaques de ransomware. A la fois, le Web3 est conçu pour fournir une protection considérable contre les politiques de censure géopolitiques néfastes et offre une plus grande flexibilité en matière d’accès.
A mesure que l’écosystème du Web3 continue de se développer de manière organique, des services émergeront pour aider à la migration des entreprises vers des protocoles compatibles avec le Web3. Les fournisseurs de stockage en Cloud (CSP) ont développé des centaines d’applications Web2 autour des données qu’ils stockent. Ils facturent aux clients à la fois le stockage et l’utilisation de l’application. Le Web3 aura besoin d’applications similaires capables de coexister et même de réduire les disparités entre les espaces Web2 et Web3, ce qui demandera du temps. Ces applications et services peuvent provenir de la communauté des logiciels libres ou d’éditeurs de logiciels. L’avantage réside dans le fait que les fournisseurs de stockage Cloud du Web2 exigent des clients qu’ils utilisent leurs applications ou qu’ils paient un supplément. Le Web3 offrira plus de solutions à moindre coût. La croissance explosive des données générées et leur valeur accrue à l’aune de l’IA devraient augmenter la demande de méthodes de stockage sécurisées, à l’instar du stockage de données Web3.
Démocratiser les données à grande échelle
Au-delà de la réduction des coûts et d’un meilleur contrôle, le stockage Web3 offre également une approche innovante de l’information et de son accessibilité au public. Un client Web3 peut stocker des données d’archives cruciales dans un réseau qui n’est pas tributaire de l’un des principaux fournisseurs de services en Cloud, permettant intégrité et sécurité des données. C’est en effet la communauté des fournisseurs de services de stockage qui assure ces missions. Ces caractéristiques ne sont pas propres aux fournisseurs Web2. En revanche, un fournisseur de stockage Web3 doit adhérer à ces exigences pour être présent sur le réseau.
Ainsi, le Web3 permet à des bases de données colossales (telles que les archives et les données de recherche publiques) d’être vérifiées de manière indépendante par toute personne disposant d’une connexion au réseau. Il améliore l’archivage de données de valeur à des coûts que le Cloud public ne peut pas égaler, avec une durabilité et une distribution géographique qu’il ne peut pas non plus concurrencer. Filecoin de Protocol Labs illustre ces vertus puisqu’il utilise le Web3 pour stocker et gérer les données publiques de la ville de New York (sur la démographie, la qualité de l’air, les avis légaux, etc).
Renforcer l’intégrité des données dans un contexte de perte de confiance
La démocratisation croissante des données stimule également leur intégrité. La désinformation est une menace omniprésente et insidieuse, en particulier avec la montée en puissance des images générées par l’IA et des reconstitutions vocales qui sont impossibles à distinguer de leurs sources d’origine. Le Web3 permet d’accéder aux plus grands ensembles de données publiques du monde et d’en réduire les coûts. Les archives qui ne pouvaient tout simplement pas être hébergées sur un Cloud public sans entraîner des dépenses démesurées (comme les ensembles de données issues de la recherche universitaire) peuvent désormais être mises à la disposition du public à moindre coût.
Il s’agit alors de considérer que des chercheurs d’institutions du monde entier pourraient partager efficacement leurs ressources afin de faire progresser leurs travaux sur des sujets prioritaires, tels que la recherche médicale ou la climatique. Le stockage des données sur le Web3 pourrait éliminer les barrières de l’accès aux données. Dans le Web3, les documents sont stockés dans des archives immuables, persistantes et accessibles dans le monde entier, qui ne peuvent être ni manipulées, ni modifiées. Aujourd’hui, Starling Lab exploite IPFS/Web3 pour préserver les vastes ensembles de données documentant des sources de connaissances capitales du passé (telles que les ensembles de données massives d’informations relatives aux conflits internationaux), contribuant ainsi à sensibiliser les générations futures.
Dans le monde du Web2, les organisations utilisent les Clouds publics et d’autres formes de stockage centralisé pour sauvegarder leurs données. Les acteurs centralisés continuent de consolider le marché, ce qui peut limiter les options tarifaires et l’efficacité des données. Actuellement, les entreprises qui jouissent d’une image de marque positive peuvent diffuser des messages dignes de confiance sur la simple base de leur réputation. Le public accepte souvent les affirmations de ces entreprises telles quelles, puisque les grands rapports industriels sont difficilement vérifiables. Lorsque les technologies Web3 seront plus largement démocratisées, le public pourra accéder aux données réelles que les entreprises traitent, éclairant les consommateurs. Cela permettra également à un plus grand nombre d’entreprises de participer à l’économie des données.
Les entreprises et la société participent à la maturité du Web3, mais il faudra encore du temps et du travail avant qu’il ne devienne une alternative viable pour le grand public. Lorsqu’ils seront pleinement disponibles, les réseaux de stockage décentralisés offriront de nombreux avantages, particulièrement au niveau de la transparence, de l’efficacité, de la confiance avérée et de l’égalité d’accès aux données et donc à l’Information, le tout à un coût compétitif.
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Par Philippe Vaillant, Lyve Sales Engineer chez Seagate Technology