La Blockchain est la technologie de transmission d’informations qui promet, dans les années à venir, une révolution des transactions financières au niveau mondial. Depuis 2009, la monnaie virtuelle bitcoin a fait rentrer la blockchain dans le vocabulaire commun, promettant un impact global, similaire à l’arrivée d’Internet dans les années 1990. Par son instantanéité, la Blockchain permet de réduire la durée et les coûts des transactions financières. Nul besoin de mise en place de plusieurs plateformes complexes et non-interopérables. Il subsiste néanmoins des avancées à concrétiser et des interrogations à résoudre avant que cette technologie ne s’impose comme une évidence pour de nombreux domaines. En première ligne, le secteur de la finance et les banques, qui cherchent à comprendre cette technologie.

L’architecture de la Blockchain, comparable à un système de partage de fichiers de pair-à-pair, fonctionne de façon distribuée, en chaines, et donne plus de visibilité sur la structure et le contenu des échanges. Cette notion de circulation transparente des données devrait convaincre le plus grand nombre de la fiabilité de la Blockchain. De plus, la réduction des intermédiaires va permettre de mieux structurer le marché des plateformes spécialisées dans les transactions financières. Elle permettra aussi et surtout d’éviter des fraudes à grandes échelles, grâce à la traçabilité des échanges effectués de points à points.

Pourtant, 46% des banques françaises considèrent l’absence d’une supervision ou d’un responsable qui régit ces échanges[1] comme le principal obstacle à l’adoption des technologies Blockchain par le secteur bancaire. Et tant que les conditions de sécurisation maximale des données bancaires ne seront pas réunies, les institutions bancaires n’entameront pas leurs projets de rénovation systèmes. C’est là que réside le plus grand défi de la Blockchain. Cet été, la plateforme d’échange de bitcoins Bitfinex a été victime de pirates informatiques qui ont réussi à dérober 120 000 bitcoins, correspondants à 65 millions de dollars.

Malgré une architecture partagée, qui permet de tracer toutes les transactions et personnes ayant accès et participant aux échanges, d’importantes faiblesses subsistent au sein des systèmes Blockchain. Les hackers détectent de mieux en mieux les failles de sécurité, et il y a fort à parier qu’ils ne s’arrêteront pas là. Pour tenir ses promesses sur le long terme, la Blockchain doit démontrer sa « scalabilité », c’est-à-dire sa capacité à s’adapter à de lourds changements et supporter de forts volumes de données et transactions. Elle doit aussi garantir le maintien des fonctionnalités d’une solution ou d’un produit, sans en altérer ni le fonctionnement ni la performance.

Dès lors, comment arriver à combiner tous ces points pour arriver à imposer la Blockchain comme la référence en matière d’échanges financiers ?

Il existe selon nous deux alternatives à considérer pour satisfaire à la fois les institutions financiaires et bancaires et le monde des entreprises, tout en préservant l’équilibre des plateformes spécialisées de transactions et par là même, l’intérêt général :

– L’interopérabilité des systèmes devra être garantie pour permettre l’harmonisation des échanges.
– Une autre alternative pour les banques et les institutions financières serait de s’engager dans un processus de standardisation des protocoles pour en dégager un qui soit commun et universel.

Or actuellement, le secteur n’en prend pas le chemin : les grands groupes bancaires ou financiers développent chacun de leur côté des protocoles qu’ils espèrent voir s’imposer comme référence. Il y a donc un fort risque que se dégagent plusieurs protocoles selon les continents et les marchés financiers. Si cette tendance se confirme, il sera vite compliqué, par exemple pour les marchés américains, de communiquer simultanément et avec la même efficacité avec les marchés européens, asiatiques ou africains. En fonction des accords qui seront passés, et qui se baseront sur les liens économiques de marchés à marchés, certains acteurs risquent d’être relégués au second plan. Cette éventualité remettrait alors en cause le décollage économique de la Blockchain et tous les bénéfices de transparence et de fluidité des processus qui en découlent.

L’alliance des marchés pour trouver un protocole commun s’impose donc comme la valeur sûre pour une Blockchain propre à dynamiser l’économie mondiale, favorisant ainsi les échanges de manière égale et avec une efficacité partagée.

[1] Etude Deloitte-Efma réalisée auprès de 3 000 dirigeants d’institutions financières en juillet 2016.

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Article rédigé par Lui Smyth, Head of Blockchain Research & Ecosystem Engagement chez EdgeVerve R&D Lab at Infosys et Fuat Bozkurt, Principal Solution Consultant chez Finacle at Infosys France