Face à la bronca des utilisateurs, du CISPE, du CIGREF, mais aussi face à des prévisions pessimistes du Gartner, Broadcom semble faire, un peu, marche arrière sur la question des licences perpétuelles…

Nouveau rebondissement dans la saga Broadcom/VMware. Après les plaintes du Cigref et du CISPE contre les pratiques commerciales de VMware depuis le rachat par Broadcom et face à un mécontentement galopant de bien des clients actuels, le CEO de Broadcom, Hock Tan, vient d’annoncer dans un billet de blog vouloir assouplir certaines mesures mises en œuvre. Ce n’est peut-être pas une volteface, mais c’est au moins la reconnaissance qu’à défaut d’être écouté le message des clients et partenaires a été entendu. À moins que ce soit un tout autre message qui ait été entendu. En l’occurrence celui de la dernière étude Market Guide du Gartner sur le marché de l’hyperconvergence qui prédit que « les 30% de parts de marché des offres Full-Stack HCI non-VMware en 2024 vont s’accroître pour atteindre 60% en 2029 ».

Le CEO de Broadcom y réitère sa conviction profonde que le portefeuille de VMware était trop complexe et trop peu intégré pour représenter une véritable concurrence face aux hyperscalers. Il défend les mesures mises en œuvre et une simplification du portfolio en deux « méga-offres » – VCF (VMware cloud Foundation) & VVF (VMware vSphere Foundation) – qui se traduisent chez certains clients par une augmentation des dépenses VMware. Il insiste sur la nécessité pour VMware d’adopter une approche plus « holistique » et sur l’importance des investissements de Broadcom en matière de R&D qui permettront à VMware Cloud Foundation d’évoluer pour devenir une suite d’infrastructure plus puissante, plus universelle et plus simple à utiliser.

« Nous restons fidèles à notre décision de concentrer nos ressources sur la R&D et de continuer à développer une véritable expérience de cloud privé transparente pour les clients – une expérience qui soit compétitive par rapport au cloud public. Nous soutenons ce projet avec des milliards de dollars de nouveaux investissements pour en assurer le succès. Et, nous avons considérablement réduit le prix du VMware Cloud Foundation afin d’en favoriser l’adoption par les clients » écrit-il.

Il défend également la transformation des programmes de partenariats de VMware en programmes Broadcom. Selon lui, elle traduit deux volontés. La première est de standardiser la stack technique et les prix entre les différents fournisseurs de cloud pour permettre aux clients de migrer d’un cloud à l’autre sans aucun frein, aucune difficulté, aucune mauvaise surprise technique ou tarifaire et de leur permettre de tirer pleinement profit de la portabilité des licences VCF. La seconde, c’est d’enrichir le nombre de partenaires qui sont assez gros pour profiter du Broadcom Advantage Partner « Premier Tier ».

Garder le cap, mettre un peu de souplesse

Pour les partenaires plus petits, Hock Tan rappelle que Broadcom propose des offres « en marque blanche » via des programmes de partenariats « Pinnacle » et « Premier Tier Service Providers ». Des programmes qui sont justement pointés du doigt par bien des petits fournisseurs de cloud européens qui leur préféraient les anciens contrats de partenariat VMware. Le CEO de Broadcom estime faire un geste en annonçant que « nous poursuivrons les opérations existantes avec ce groupe (de petits partenaires) dans le cadre d’accords de facturation mensuelle modifiée jusqu’à ce que les offres en marque blanche soient disponibles ».

Comme il l’avait déjà fait en février, Hock Tan reconnaît que les changements apportés au portfolio et la transition à un modèle par abonnement n’ont pas toujours été bien accueillis.
Il tient à rappeler que « le passage à la tarification par abonnement n’affecte en rien la capacité de nos clients à utiliser leurs licences perpétuelles existantes. Les clients ont le droit de continuer à utiliser les anciennes versions de vSphere pour lesquelles ils ont acquis une licence, et ils peuvent continuer à bénéficier de la maintenance et de l’assistance en souscrivant à l’une de nos offres d’abonnement ».

Néanmoins, afin de calmer les plus virulents ou plus simplement s’éviter les remontrances de la Commission européenne, Hock Tan annonce deux assouplissements :
Les entreprises restées sur les licences perpétuelles dont les contrats de maintenance sont arrivés à échéance continueront de pouvoir accéder aux correctifs de sécurité contre les failles zéro-day.
Broadcom va proposer des extensions de support aux entreprises qui ont besoin de temps pour basculer d’un mode « CAPEX » à un mode « OPEX »  afin de leur permettre de continuer à bénéficier des maintenances le temps nécessaire à leur basculement en mode abonnement.

Pour Hock Tan, ces adaptations annoncées « démontrent que nous sommes à l’écoute de nos clients et que nous les aidons en améliorant sans cesse nos produits. Ils démontrent aussi notre engagement continu et actif auprès de nos clients et de nos partenaires afin de fournir une solution intégrée et simplifiée. Nous continuerons à avancer rapidement, à innover et à faire évoluer notre stratégie de mise sur le marché pour le bénéfice à long terme de nos clients. »

Reste à voir si ces ajustements qui tiennent plus du « cas par cas » que d’un réajustement stratégique calmeront la colère des petits opérateurs de cloud européens et suffiront à séduire des DSI qui n’hésitent plus désormais à regarder si l’herbe ne serait finalement pas plus verte ailleurs que chez VMware…

 

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