Après les plaintes du CISPE et du Cigref auprès de la Commission européenne, Broadcom avait tenté par la voix de son CEO de calmer le jeu en faisant marche arrière sur certains points tout en justifiant l’essentiel de ses décisions. « Des concessions mineures qui n’adressent aucun problème clé » vient de lui répondre le CISPE…

Le mois dernier, Hock Tan, CEO de Broadcom prenait la plume pour répondre aux critiques européennes et défendre sa stratégie. En substance, il expliquait que le portfolio de VMware devait être simplifié, que le regroupement de produits au sein d’une offre VMware Cloud Foundation était cohérent et se traduisait par une baisse des tarifs, que les programmes de partenariats devaient migrer vers ceux communs à tout Broadcom, et que la tarification par abonnement était désormais un standard du marché appliqué par les concurrents et n’empêchait pas les clients d’utiliser leurs licences perpétuelles déjà acquises. Il promettait néanmoins une solution transitoire aux entreprises ne pouvant basculer rapidement d’un mode Capex au mode Opex ainsi que des correctifs gratuits aux clients souhaitant rester sur les licences perpétuelles…

« Ces concessions sont mineures et n’adressent aucun des problèmes clés » lui ont répondu cette semaine les membres du CISPE. « Les hausses de prix massives et injustifiées, la reconfiguration des produits, les modifications des bases de facturation et l’imposition de termes de licence logicielle inéquitables menacent la viabilité économique de nombreux services cloud utilisés par les clients en Europe, en restreignant leur choix et en les enfermant dans des contrats » ajoutent-ils.

Et de démonter les arguments de Hock Tan, un par un reprochant :

1/ Une mécanique de licence anti-Cloud : « Les licences d’abonnement devraient permettre une flexibilité avec un paiement à l’usage mais les nouveaux termes de Broadcom sont tout l’inverse ». Selon le CISPE, les nouveaux termes exigent un engagement préalable de 3 ans sur les capacités de virtualisation. « C’est comme si on était forcé de payer à l’avance pour une flotte de taxis qu’on les utilise ou non ».

2/ Broadcom ajoute l’insulte à l’affront : « l’accès au patch zéro day est insultant par ses propres limites ». Broadcom ne propose rien de plus de corriger les failles critiques, ce qui paraît la moindre des choses et un strict minima. Pour plus, il faut passer aux abonnements… « ça frise le racket » affirme le CISPE.

3/ Broadcom joue les donneurs de leçon : « En imposant aux clients des leçons sur ce dont ils ont besoin et en prétendant, contre toute preuve concrète, que les nouveaux prix sont plus bas, Broadcom illustre une fois de plus sa capacité et sa propension à agir de manière indépendante et à l’encontre des intérêts des clients et des partenaires » écrit le CISPE. En pratique, sur le terrain, les membres du CISPE constatent que les prix ont en réalité augmenté par des facteurs 6, 10 et parfois 12 !

Le CISPE termine sa missive en renouvelant sa demande d’une ouverture officielle d’une enquête des autorités antitrust de l’UE et exhorte la Commission européenne à agir dès maintenant face à cette marée d’abus qui nuit à la transition de l’Europe vers le Cloud et à la croissance numérique.

De son côté, le CIGREF enfonce le cloud par la voix de son président Henri d’Agrain : « Nous sommes exaspérés que Broadcom nous dicte ce dont nous avons besoin et ce qui est bon pour nous. Nous sommes excédés par les affirmations de baisse de prix alors que nous constatons une augmentation sans précédent des coûts de licence pour le logiciel de base de VMware, sans justification fonctionnelle. Nous sommes las du mépris et du traitement brutal de Broadcom envers nos membres. Nous exhortons la Commission à prendre des mesures, à agir rapidement, avec une vision politique, et à ne pas laisser cette question uniquement entre les mains des techniciens du droit de la concurrence, car cela dépasse leur champ de compétence ».

En tout état de cause, voilà une saga qui n’est pas prête de prendre fin…

 

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