Amazon recrute les fondateurs et 25% des talents de la startup Covariant pour donner un peu plus d’intelligence aux robots de ces entrepôts et centres de livraison. Une récupération de forces vives qui remet le principe controversé du « acquihiring » en lumière.

Le concept de « acquihiring » consiste à plus ou moins déguiser une acquisition en débauchant les forces vives d’une startup sans directement acquérir cette startup. Alors que les autorités anti-trust américaines et européennes surveillent de très très près toute acquisition sur le marché de l’IA, le principe du « acquihire » semble être la nouvelle pratique privilégiée par les grands de la Tech.

Ainsi, en mars dernier, Microsoft débauchait, pour créer sa division Microsoft AI, Mustafa SuleymanKaren Simonyan et plusieurs autres têtes pensantes et co-fondateurs de la startup « Inflection », startup qui avait dans ses investisseurs la firme de Redmond.
Peu de temps après, en juin, Amazon réalisait une opération très similaire, avec l’embauche de plusieurs talents de la startup Adept (dont David Luan, le CEO d’Adept) et l’acquisition de licences de ses technologies IA et de ses jeux de données.

Des manœuvres sous observation

Ces manœuvres peu orthodoxes ont pour le moins intrigué les autorités. La FTC continue d’enquêter sur Amazon. De son côté, la CMA britannique a mené une enquête de plusieurs mois sur l’opération entre Microsoft et Inflection.
Elle vient cette semaine de rendre son avis en expliquant que – si il s’agissait bien là d’une forme d’acquisition déguisée – son impact sur le marché était trop minime pour changer la donne.
« Avant la transaction, Inflection ne détenait qu’une très petite part des visites de domaines britanniques pour les chatbots et les outils d’IA conversationnelle, et … n’avait pas réussi à augmenter ou à maintenir de manière significative son nombre d’utilisateurs de chatbots, » a expliqué la CMA. « De plus, les concurrents ne considèrent pas les capacités d’Inflection … comme une contrainte concurrentielle importante. »

Amazon s’offre Covariant sans l’acquérir

Amazon n’aura cependant attendu ni l’avis de la CMA ni l’avis de la FTC pour une nouvelle fois pratiquer un « acquihiring » afin d’enrichir ses compétences IA et en robotique ! Amazon a en effet recruté les fondateurs et un quart des employés de Covariant, une startup américaine spécialisée en IA pour robots. Le géant américain obtient parallèlement une licence pour utiliser les modèles fondation de robotique de la jeune pousse. Rappelons qu’Amazon dispose d’une flotte robotique dans plusieurs de ses entrepôts et semble donc en quête de plus d’intelligence pour ces derniers. Covariant, qui développe des modèles d’IA pour des tâches comme la préhension d’objets, poursuivra ses activités sous une nouvelle direction. Cette stratégie d’Amazon, similaire à son approche avec Adept en juin, lui permet d’acquérir des talents et des technologies sans procéder à une acquisition complète.

Reste à voir désormais qu’elles seront les réactions des autorités de régulation après cette nouvelle acquisition déguisée.

 

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