Depuis plusieurs années, Atos est en position délicate et son action est malmenée en Bourse. Après bien des rumeurs, Atos a annoncé le départ précipité de son DG, Rodolphe Belmer, et la scission du groupe en deux entités.

Mêmes maux, mêmes constats, même décision ? Atos annonce son intention de scinder en deux entités qui seront toutes deux cotées en Bourse. La première, baptisée Evidian, regroupera les activités cloud et cybersécurité (ainsi que les activités HPC héritées du rachat de Bull en 2014) sous la direction de Philippe Oliva. La seconde, baptisée Tech Foundations mais qui pourrait conserver au final le nom Atos, héritera des activités historiques d’infogérance du groupe et sera dirigée par Nourdine Bihmane.

Une décision qui fait plus qu’écho à celle prise par IBM l’an dernier. Le dinosaure américain de l’informatique avait lui aussi opté pour une scission en deux entités : l’une regroupant ses activités les plus prometteuses autour du cloud et de l’IA sous le nom IBM et l’autre récupérant les activités en plein déclin d’infogérance sous le nom de Kyndryl.

Évidemment, cette idée de regrouper toutes les activités florissantes d’un côté et toutes celles déclinantes de l’autre laisse perplexe. L’entité qui récolte la part historique dont plus personne ne veut doit trouver un moyen de changer son image et réinventer son business pour assurer son avenir. Un challenge qui paraît assez difficile mais il semble en effet plus simple pour l’entité déclinante de se réinventer seule plutôt qu’au sein d’un groupe où les luttes intestines freinent l’innovation et où les activités grimpantes s’accaparent les budgets R&D.

Toute la question, pour Atos, est de savoir si cette scission est motivée par une volonté de permettre aux deux entités d’évoluer avec chacune une trajectoire d’avenir ou si, au final, l’opération conduira tout simplement à un démantèlement du groupe pour mieux voir les activités être rapidement récupérées par d’autres. On le sait, des acteurs comme Thales et Orange mais aussi Airbus tournent autour d’Atos depuis plusieurs mois. Ils pourraient ainsi rapidement chercher à s’emparer d’Evidian.
L’autre entité, elle, pourrait éventuellement intéresser son concurrent le plus direct et leader du marché de l’infogérance dans le monde, Kyndryl. D’autant que l’américain a vécu l’expérience de la scission et a une idée de la trajectoire à suivre pour exister.

Pour l’instant, cette scission n’est qu’un plan à l’étude par le cabinet McKinsey. Mais l’idée est déjà de la concrétiser dès le second semestre 2023. Première victime, Rodolphe Belmer arrivé en sauveur en janvier dernier et déjà sur le départ. Celui ne semble pas particulièrement convaincu par le plan de scission. Il indique qu’il s’agit là d’une décision souveraine du conseil d’administration et sa position de DG devient, de fait, superflue.

La bourse a très violemment réagi à ces annonces. L’action a pris le bouillon, perdant 23% dans la journée.

 


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