Databricks muscle son Lakehouse avec Neon (un Postgres serverless, ultra-rapide, open source et piloté par code) pour casser les silos entre data analytique et transactionnelle, servir l’IA temps réel à grande échelle et propulser son Lakehouse dans le nouveau monde des agents IA autonomes.
Depuis dix-huit mois, Databricks enchaîne les acquisitions pour enrichir sa plateforme éponyme de « Data Intelligence ». Après le rachat de MosaicML pour 1,3 milliard de dollars en 2023, puis de Tabular – créateur d’Apache Iceberg – pour un montant estimé entre 1 et 2 milliards de dollars à l’été 2024, le groupe californien a accueilli en février 2025 l’équipe de BladeBridge afin d’automatiser les migrations vers Databricks SQL.
Valorisé 62 milliards de dollars après sa levée record de 10 milliards fin 2024, Databricks confirme un peu plus aujourd’hui sa stratégie : élargir son Lakehouse d’origine analytique vers l’univers transactionnel temps réel afin d’offrir un socle vraiment universel pour alimenter les applications dopées à l’IA et, au-delà, les workflows d’agents IA autonomes.
Et l’éditeur démontre une nouvelle fois toute l’attention, l’énergie et les finances qu’il met sur la table pour concrétiser sa vision. Databricks annonce le rachat de la startup Neon pour un montant non divulgué mais évalué à environ 1 milliard de dollars. La transaction, qui devrait être finalisée avant le 31 juillet, verra les 140 employés de la jeune pousse rejoindre Databricks.
Neon : un Postgres serverless conçu pour la vitesse des agents
Fondée en 2021 à San Francisco, s’inspirant très largement des travaux réalisés par AWS avec sa base Amazon Aurora, Neon a réinventé PostgreSQL en dissociant totalement calcul et stockage : un « fork » d’instance s’effectue en moins de 500 ms et la facturation reste strictement proportionnelle aux requêtes. Neon est une solution PostgreSQL open source et serverless. « Le PostgreSQL serverless de Neon évolue automatiquement selon vos besoins et peut créer des branches instantanément, offrant ainsi une expérience développeur exceptionnelle. Pour les concepteurs d’applications d’IA soucieux de l’évolutivité, de l’optimisation des coûts et de la confidentialité des données, Neon facilite l’adoption d’architectures avec une base de données par client, garantissant ainsi un approvisionnement en temps réel et une isolation complète des données pour leurs utilisateurs » explique Nikita Shamgunov, directeur général de Neon.
Une approche qui séduit les DSI pour trois raisons : elle élimine le goulet d’étranglement du provisionnement, elle conserve la richesse de l’écosystème Postgres et elle permet une meilleure maîtrise des coûts.
Et ce dernier point est tout particulièrement essentiel aujourd’hui alors que la solution Neon a justement été pensée pour les besoins actuels et futurs de l’IA. Selon la télémétrie interne, plus de 80 % des bases créées sur Neon le sont déjà par du code (notamment des agents IA) et non par des humains. Une info des plus éclairantes pour tous responsables SI à la recherche d’une base transactionnelle résiliente face aux workloads générés par l’IA.
Un mariage technique et industriel
En adjoignant Neon à son Lakehouse, Databricks comble la dernière lacune de sa pile : l’exécution transactionnelle de faible latence. Le couplage d’un Postgres serverless à la plateforme d’ingestion, de gouvernance et de traitement de Databricks promet un chemin direct entre données opérationnelles et modèles, sans pipelines intermédiaires coûteux – un argument clé pour les RSSI soucieux de réduire la surface d’attaque et la complexité des architectures.
Ali Ghodsi, cofondateur et CEO de Databricks, résume l’enjeu : « L’ère des applications natives IA pilotées par des agents redéfinit le rôle de la base de données : quatre bases sur cinq, chez Neon, sont créées par des agents IA ».
De son côté, Nikita Shamgunov, CEO de Neon, y voit un accélérateur de mission : « Nous avions pour objectif de bâtir le meilleur Postgres pour le cloud ; avec Databricks, nous attaquons ce défi à une échelle bien plus ambitieuse ».
Avec une telle acquisition, Databricks soigne la convergence analytique-transactionnel : son Lakehouse s’enrichit d’une couche OLTP élastique, de quoi supporter des applications temps réel tout en restant dans le même plan de gouvernance. Avec un Postgres managé intégré, Databricks se positionne frontalement contre son concurrent historique Snowflake, qui convoite lui aussi le marché des agents IA, mais aussi contre AWS Aurora, Microsoft Data Fabric et Google Cloud AlloyDB (et BigQuery).
Le choix de Neon a d’autant plus de sens que la séparation compute/storage de Neon s’aligne sur la logique à la demande déjà appliquée aux clusters Spark et à Delta Lake sur Databricks.
Les détails d’intégration seront dévoilés lors du « Data + AI Summit » du 9 au 12 juin à San Francisco.