Le jumeau numérique – digital twin en anglais – fleurit un peu partout dans la littérature du système d’information, et au sein du SI lui-même. De, quoi parle-t-on ? Et surtout, à quoi ça peut réellement servir ? Nous explorons ici 3 exemples reposant sur les travaux de l’architecte SI.

 

De quoi parle-on ?

 

De l’imitation d’un actif de l’organisation, par un dispositif numérique qui collecte des données, les analyse et partage les résultats obtenus.

 

Un exemple trivial : avec une montre connectée ou un téléphone mobile on peut compter ses pas, modéliser ses déambulations et… se regarder marcher, mettre en ligne et partager ces données, voire d’autres éléments de comportement.

 

Autre exemple : certaines sociétés d’assurance proposent d’embarquer dans les véhicules assurés des compteurs kilométriques. En contrepartie de quoi l’assurance s’engage par contrat à lier les distances relevées à la valeur prime d’assurance dans un contrat d’assurance “au kilomètre”.

 

A quoi ça sert ?

 

En généralisant, on peut mesurer la performance à partir de l’imitation numérique des actifs de l’organisation. Les tableaux de bord qui en résultent permettent de partager l’information et d’étayer des décisions d’amélioration et de transformation à partir de données réelles.

 

L’atout des modèles d’architectures

 

Les travaux d’architecture des organisations et du système d’information (SI) reposent sur des modèles qui représentent la réalité relativement à un problème à résoudre. Ces modèles, produits par les architectes SI, constituent des fonds de carte propices à l’élaboration de jumeaux numériques graphiques et visuels.

 

En voici 3 exemples simples.

Organisation : performance des processus

Une cartographie des processus – qui fait quoi dans l’organisation – par exemple en utilisant la notation BPMN, permet entre autres de représenter comment fonctionne une entreprise à partir des stimuli qu’elle reçoit du marché. Les cartes, obtenues, d’abord statiques, permettent d’opérer des simulations et des animations, pour analyser en “dynamique” la séquence des opérations et les flux d’information que ces processus impliquent.

 

Les temps passés, les ressources utilisées ou le nombre d’unités traitées par unité de temps, sont autant d’indicateurs  de performance potentiels. On peut y ajouter d’autres indicateurs obtenus par “process mining” ou “task mining” (découverte, monitoring et analyse des interactions utilisateurs dans les processus).

 

On transforme ainsi des cartes initialement statiques en véritables chaînes de valeur dynamiques sur lesquelles figure la valeur des indicateurs, ce à l’aide de techniques variées de restitution (jauges, compteurs, graphiques divers comme des histogrammes, des camemberts…).

 

On obtient ainsi un jumeau numérique représentant telle ou telle partie de l’organisation. Par exemple des codes couleur (rouge, orange, vert) associés aux valeurs d’indicateurs permettent d’attirer l’attention sur des zones d’amélioration potentielle.

Stratégie : financement des “capabilities”

Selon la taille des organisations, le projet peut être de granularité trop fine pour donner un sens global à l’allocation de ressource, surtout en l’absence d’axe de consolidation. Ce sont parfois plusieurs milliers de projets simultanés que certaines organisations ont en portefeuille.

 

Pour s’assurer que l’allocation traduit bien la stratégie, les “capabilities” sont un recours précieux. Ce sont les “aptitudes” de l’entreprise : elles offrent un niveau d’analyse stratégique plus agrégé. Dans les grandes organisations, elles constituent un axe de consolidation qui permet d’appuyer toute action à un objectif stratégique explicitement défini.

 

En suivant les axes de consolidation, on peut alors agréger des indicateurs – par exemple de coût – et avoir une bonne idée, grâce à un code couleur, des capabilities qui réclament ou consomment le plus de budget ou de ressources. L’atout du référentiel sous-jacent est de permettre une analyse des causes en parcourant les niveaux de détail inférieurs, jusqu’aux projets s’il le faut (“drill down”).

IT : dette technique

Dans la droite ligne des deux exemples précédents, une cartographie applicative permet de représenter graphiquement tout ou partie du portefeuille applicatif.

 

C’est le lieu idéal pour représenter visuellement des valeurs d’indicateurs tels que la dette technique, l’obsolescence des actifs, leur nature (outl “maison”, on premise, cloud…) ou leur coût, en utilisant encore des codes couleurs.

 

Les heatmaps qui en résultent permettent d’identifier d’un coup d’oeil où devraient porter les efforts de modernisation ou de transformation du patrimoine applicatif.

 

«Net-Net»

La modélisation et la conception de l’architecture, comme elles reposent sur un travail graphique, sont des sources privilégiées de jumeaux numériques soutenant l’aide à la décision. Elles donnent une valeur supplémentaire aux diagrammes élaborés par les architectes et alimentent simultanément la communication dans la résolution de problèmes et la prise de décision dans les programmes de transformation du SI.

 

Jean-Marie Zirano, Chief Marketing Officer d’ Axellience