De passage à Paris, Adena Friedman, COO du Nasdaq, explique à l’occasion des rencontres de la French-American Foundation France les évolutions récentes de la bourse des valeurs technologiques.

Les technologies constituent l’ADN du Nasdaq. En premier lieu, c’est le premier marché boursier électronique à ouvrir dans le monde, en 1971 et le seul à fonctionner ainsi pendant quinze ans. Les systèmes de cotation du Nasdaq sont abrités par le Joseph R. Hardiman Technology Center, un bâtiment tout en verre dans la zone industrielle de Trumbull, ville du Connecticut. Sa capacité à traiter les échanges en continu vient de serveurs, installés au sous-sol du bâtiment.

Le Nasdaq c’est aussi un indice boursier composé de valeurs technologiques lié à internet ou à l’informatique en général. Il est calculé en prenant en considération toutes les entreprises inscrites au marché d’actions Nasdaq, et non en tenant compte uniquement d’un sous ensemble de ces compagnies comme c’est le cas pour la plupart des autres indices boursiers.

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20 Nasdaq 4A l’occasion d’une rencontre dans le cadre de la French-American Foundation, Adena Friedman, président et COO du Nasdaq commentait les récentes évolutions de ce que l’on appelle couramment le marché des valeurs technologiques. « Le Nasdaq est particulièrement adaptée pour les entreprises technologiques dans la mesure où elles sont globales, où ce sont des valeurs assez volatiles, une caractéristique qui bien adaptée aux Etats-Unis qui a une forte tolérance au risque ». La dernière introduction française la plus marquante est évidemment celle de Criteo, désormais l’un des trois licornes françaises avec Vente-privee.com et BlaBlaCar. L’étoile filante du Web français a franchi le milliard de dollars de chiffre d’affaires en 2015 (1,193mds$) et dépassé les 10 000 clients. L’entreprise est valorisée à 2,4 mds mais a connu une évolution assez variable depuis son introduction. C’est néanmoins la plus forte capitalisation française du Nasdaq.

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Adena Friedman invite les entreprises françaises à considérer une IPO dans leur évolution et à saluer le dynamisme des startups françaises de technologies qui s’appuie sur « un solide système de formation d’ingénieurs et sur un fort esprit d’initiative ». Cette percée dans le domaine des technologiques est marquant depuis quelques années. Cette année par exemple, le contingent des startups françaises placées sous la bannière FrenchTech était le deuxième au CES de Las Vegas derrière celui des startups américaines (Le CES dans les starting-blocks).

Depuis l’explosion de la bulle internet en mars 2000, la composition des stars du Nasdaq a significativement évolué. A l’époque, l’étoile était Microsoft et Apple n’était même pas dans le Top10 des capitalisations. Aujourd’hui, c’est Apple qui passée numéro un (détrônée un court instant par Google) en devant du même la plus grosse capitalisation boursière du monde. Les GAFA se sont désormais imposés aux 5 premières places, seule Microsoft ayant réussi à s’interposer dans ce groupe des géants de l’Internet.

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Considérant la technologie Blockchain[1] comme une technologie ayant un casier vierge en matière de sécurité et très efficace tant du côté des acheteurs que des vendeurs, Adena Friedman a indiqué que le Nasdaq avait lancé de manière expérimentale une « private blockchain » qui jusqu’ici à fait l’objet d’un intérêt évident. Que pense la responsable d’une bourse qui, dès sa création, a fait appel aux technologies informatiques sur l’intelligence artificielle ? « Les technologies des machines apprenantes (deep learning ou apprentissage profond) sont très prometteuses et peuvent apporter beaucoup dans certaines domaines comme la sécurité par exemple. Concernant le trading de haute fréquence qui est la conjonction du big data et du HPC (High-Performance Computing), Adena Friedman indique ne pas apprécier l’image négative de cette technologie, « notre rôle est de repérer les mauvais acteurs et les mauvais comportements ».

Depuis quelques mois, les introductions en bourse se sont faites plus rares. Les liquidités sont largement disponibles et les rachats par des entreprises de capital investissement ou d’autres entreprises constituent une issue qui serait privilégiée. Par exemple, Truven Health Analytics et Jasper qui avaient activement considéré d’entrer en bourse respectivement en mars 2015 et avril 2014 se sont finalement fait racheter par IBM et Cisco pour 2,6 et 1,4 milliard de dollars. D’autant que les performances boursières ne sont pas les meilleures. Plus de 75% des IPO de 2015 s’échangent à des niveaux inférieurs à celui de leur introduction. La crise financière hante aussi les esprits.

Une centaine d’entreprises chinoises (Contre 7 entreprises françaises seulement) sont cotées au Nasdaq « dont certaines n’opèrent pas aux Etats-Unis, tient à préciser Adena Friedman. Pour qu’elles puissent être valorisées à leur juste niveau, il est important que leur business soit bien compris par les investisseurs ce qui impose à leurs dirigeants de passer du temps avec ces derniers ».

Sur le risque d’une bulle spéculative, rappelant ce qu’on a connu en 2000, Adena Friedman reste confiante car la situation est très différente, « Internet étant devenu un réel facteur de très forte rupture et très prometteur sur de activités nouvelles. Il y a beaucoup de capital disponible ce qui a tendance à faire monter les valorisations », conclut-elle.

 

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Pour plus d’info sur la Blockchain, consulter le site Blockchain France