Le cloud revêt des avantages certains. Les entreprises qui optent pour l’externalisation ou l’hébergement de tout ou partie de leurs ressources informatiques ou de leurs données dans le cloud peuvent considérablement gagner en flexibilité et en évolutivité pour ainsi réaliser d’importantes économies en termes d’espace et de coûts. Toutefois, nos entreprises restent frileuses lorsqu’il s’agit de s’orienter vers de nouveaux modèles utilisant le nuage. Ainsi, selon l’INSEE, seulement 12% des entreprises françaises ont acheté des services de cloud computing en 2014. A titre de comparaison, la moyenne européenne est de 19%. Dernièrement, une étude menée par le Cabinet Vanson Bourne est venue encore écorner l’idée d’un cloud très rentable financièrement pour les entreprises, en soulignant que celui-ci pouvait « cacher » des coûts importants. Selon cette étude, 150 professionnels en entreprise interrogés déclaraient en moyenne 597 700 euros par an de coûts non prévus associés au cloud !

Ce chiffre conséquent risque de finir de convaincre les – déjà nombreuses – entreprises frileuses de ne pas recourir au cloud. Sans prétendre que le cloud est une solution magique, résumer le cloud à ces « coûts cachés » ne reflète pas la réalité du terrain. Le cloud est clairement une solution d’avenir, compétitive et les contre-exemples d’entreprises ayant rendues plus agiles, plus performants, plus évolutifs ou moins coûteux leur système d’information, sont légions.

Cependant, comme de nombreux services ou solutions informatiques, le cloud comporte des pièges qu’il faut connaître pour être capable de les éviter. Quels sont ces pièges ? Comment bien définir le modèle cloud adapté à son entreprise et à son système d’information ? Comment estimer les coûts du cloud et éviter les surcoûts potentiellement très importants ?

Le cloud, mais de quel cloud parle-t-on ?

Globalement, la répartition du marché du cloud est tirée en grande majorité par le SaaS (Software as a Service ou logiciel à la demande). Selon le Cabinet de conseil Pierre Audoin Consultants, le taux d’utilisation par type de cloud par les entreprises françaises était de 54% pour le SaaS, 46% pour l’Iaas (Infrastructure as a Service – Ressources informatiques à la demande) et 16% pour le PaaS (Plateforme as a Service – Plateforme de développement à la demande) en décembre 2014. Les éditeurs sont donc nombreux à transformer leur modèle en mode « SaaS », et doivent souvent refondre leur logiciel en mode web ou en mode TSE (accès distant à un ordinateur). Or la première étape indispensable pour une entreprise est de se renseigner sur les différentes offres cloud et de définir le modèle le plus adapté à son activité, à son infrastructure informatique et ses besoins futurs. Les entreprises qui optent pour des solutions de type « SaaS » sans avoir pris le temps d’une réflexion globale et sans avoir tenu compte des facteurs tels que l’intégration au système d’information (logiciels métiers en local, données, bande passante internet, etc..) s’exposent à des problématiques techniques et des coûts supplémentaires.

Un accompagnement nécessaire pour disposer d’une approche globale et d’une analyse approfondie de ses besoins  

Le cloud peut évidemment receler des coûts importants dès lors que ceux-ci n’ont pas été identifiés et intégrés à la base du projet. Car le vrai problème de ces coûts dits « cachés » réside dans les besoins amont qui n’auraient pas été identifiés. Le cloud nécessite ainsi la prise en compte de nombreux paramètres et une analyse approfondie des besoins de l’entreprise. Des besoins variant fortement d’une entreprise à une autre. Il est donc indispensable pour les entreprises d’être accompagnées pour avoir une approche globale lors du passage à une solution cloud. Un partenaire capable d’interroger l’entreprise sur ses besoins :

Ø Quelle offre pour quel besoin ? Les offres cloud sont riches et complexes. Ce n’est pas toujours facile pour une entreprise de s’y retrouver. Quels sont les objectifs à atteindre ? Quel est le besoin de l’entreprise ? Le service attendu ?

Ø De quelle interopérabilité l’entreprise a t-elle besoin ? Comment la solution va-t-elle s’intégrer dans le système d’information ? Est-ce que le modèle choisi (SaaS, IaaS, PaaS, etc..) est bien adapté à mon environnement ? Est-ce qu’il y a une nécessité à ce que cette application s’interconnecte avec d’autres logiciels métiers ? A d’autres données ?

Une bonne analyse de l’existant est nécessaire avant de se lancer dans un projet cloud afin de prendre en compte l’ensemble de l’environnement, ainsi que les particularités techniques de l’entreprise. Cette analyse amont permet d’éviter les coûts imprévus.

Ø Comment sont dimensionnés mes liens réseaux ? Le lien internet devient d’autant plus important dès lors qu’on externalise les données ; la bande passante nécessaire est souvent plus importante avec la mise en œuvre de débit symétrique. De quelle manière vais-je sécuriser mon lien internet ?

Dans son étude, l’INSEE soulignait l’importance de la sécurité du cloud pour les entreprises. Pour 30% des entreprises interrogées, la sécurité est un frein majeur au développement de projets d’hébergement de leurs données, infrastructures et applications vers le cloud. Sur ce point, des évolutions importantes sont réalisées et les spécialistes doivent convaincre les entreprises et leur donner de vraies garanties pour gagner leur confiance.

Ø Comment accompagner les utilisateurs dans le changement ? L’externalisation d’applications représente forcément un changement pour les utilisateurs. D’où un besoin d’un accompagnement, notamment lors des phases de déploiement (application en mode web, environnement TSE, etc.).

Ø Qui va maintenir la solution ? L’éditeur ? L’opérateur ? Des équipes internes ? Lors de la mise en œuvre de ces solutions, les frais d’accès au service doivent être précis dans ce qu’ils incluent, ainsi qu’au niveau du périmètre. Les coûts de déploiement, de transfert de données et d’accompagnement de l’utilisateur sont généralement des coûts en supplément car ils dépendent de l’environnement client. Certains prestataires se positionnent en guichet unique pour maitriser l’ensemble de la chaine cloud (hébergement, éditeurs, opérateurs, etc.).

Facturation à l’usage = coûts mieux maitrisés

Opter pour une facturation à l’usage permet de s’assurer une meilleure maîtrise de ses coûts. Concrètement, ce système de facturation possible avec le cloud permet à l’entreprise de ne payer que ce qu’elle consomme et au moment où elle le consomme, et de bénéficier d’une facture claire. Grâce au cloud, les professionnels sont également en mesure de fournir et facturer des licences par utilisateur/par ressource ou encore de fournir un catalogue de prix bien défini pour évaluer les montées en charge. Présenté comme un véritable eldorado, le cloud français s’est développé rapidement et a vu de nombreux prestataires se positionner et proposer des solutions et des services en matière de cloud. Ce qui se traduit dans les faits par une offre cloud très complexe. Les personnes interrogées dans l’étude réalisée par Vanson Bourne pour la société Sungard Availability Services déclarent travailler avec au minimum 5 prestataires cloud ! Comment dans ces conditions bénéficier d’un accompagnement de proximité, comment bénéficier d’une analyse approfondie de ses besoins et d’une vraie visibilité sur l’ensemble des coûts liés à la mise en place des solutions cloud ?

L’adoption du cloud en France prend du temps et nécessite une approche unique, une véritable stratégie (l’Etat l’a appris à ses dépens avec l’échec du cloud souverain) et une consolidation du marché. Pour les éditeurs et prestataires, il s’agit de travailler sur la confiance et les garanties offertes aux entreprises. Le cloud computing ne doit pas être considéré comme un danger ou une solution complexe, bien au contraire. Il est en effet source de croissance, d’innovation, d’agilité pour les entreprises et de simplification des ressources informatiques. Dans un projet cloud correctement monté et adapté aux besoins de l’entreprise, avec un prestataire compétent, les « coûts cachés » sont censés être visibles dès le début afin de permettre à l’entreprise de décider en connaissance de tous les éléments (si l’option cloud est efficiente pour elle ou non).

En résumé, bien étudié, le cloud permet d’accompagner le développement de l’entreprise sans mauvaises surprises.

 

 

 

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Georges Lotigier est Président de Scalair